Lettre fugueuse.

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Je m'assois sur le petit lit dans le coin de sa chambre. Les murs roses offrent une ambiance différente que lors de nos années vécues ensemble. Auparavant, ils étaient chaleureux, aujourd'hui ils sont angoissants et inquiétants. Je n'ai touché à rien lorsque nous les avons repeints et replacé ses affaires, je n'ai pas eu le courage, elle en a eu beaucoup plus que moi. Son baluchon demeure à ma droite, même pas vidé, à peine déversé. De vieilles conserves y trainent, des paquets de chocolats finis. Et la larme habituelle sur ma joue est, elle aussi, présente.
Pour la première fois depuis la mort de Pauline, je me permets de toucher les objets qui lui appartiennent. Elle n'était pas un bébé, elle avait besoin d'intimité. Nous étions si complices, je me souviens encore du moment où je l'avais accompagné à l'école en lui demandant de prendre un pull mais elle avait gentiment refusé ou celui où elle me demandait avec tristesse si Mika était présent sur ma liste. Elle me manque tellement.
Un bruit de papier froissé éveille ma curiosité. Je me pousse légèrement et mon regard rencontre une lettre. Mes yeux ne tardent pas à courir sur les mots sans aucune autorisation.
"Je suppose que c'est le troisième jour que je suis ici, mais à vrai dire la notion du temps m'est interdite dans ce lieu de calme et de sérénité. Ce matin, les policiers sont venus, j'ai été obligée de me cacher dans un buisson et ils n'ont aperçu qu'un emballage de bonbon qui traînait au sol, ils ne l'ont pas récupéré comme preuve, sûrement inutile et ne m'appartenant pas, pensaient-ils sûrement. Quels incompétents ! S'ils savaient...
Papa me manque terriblement, Mika aussi bien sûr, par contre je suis bien contente que Léon ne soit pas là. Sa lettre haineuse où il m'annonce que "les choses auront changé" à mon retour, incertain, m'a laissé de glace et mes lèvres pétrifiées n'ont plus prononcer un mot depuis quelques jours.
La vie paraît beaucoup plus facile ici, les arbres, les mélodies de la nature, le vent qui chatouille les feuilles et mon cou fragile sont mes amis. Parfois, nous avons même l'occasion de rencontrer un petit animal, une biche, un écureuil. La ville ne me manque pas. Il n'y a pas d'humains pour détruire un bonheur, pour juger, pour attrister, hormis le fait que mes larmes sont envahissantes, j'aimerai que le monde connaisse la paix qui règne ici. Pour m'occuper, je m'allonge au sol et réalise à quel point l'organisme humain et l'imaginaire sont puissants. Les liens du sol et de mon corps permettent à mes pensées de se projetter dans un voyage fabuleux que je peux contrôler à ma manière. J'en avais déjà entendu parler, je ne sais plus où, sûrement à la radio ou à la télévision, sophrologie il me semble, cela rime avec souris, je m'en souviens j'avais fait la réflexion à Papa.
Justement, je pense faire ce voyage maintenant, écrire me lasse parfois, ma main me fait mal car elle n'est plus habituée à tenir longtemps ce stylo et la bosse de l'écrivaine qui hante habituellement mon doigt, a disparu.
Viens vivre avec moi.
Pauline."
Le silence se comble avec mon murmure incontrôlable et tremblotant qui répond "J'aimerai vivre avec toi, mon cœur."
Je suis submergé, perdu et pensif. De quelle lettre parle-t-elle? En quoi Léon est-il coupable ? L'aurait-il incité à partir? Savait-il quelque chose?
Il faut que j'en sois sûr.
Je me mets en quête d'autres lettres mais n'en trouve aucune à portée de mains, il faut dire que mon regard flou et embrumé par l'eau n'arrange rien.
J'entends l'ouverture de la porte principale causant un brûlant et bruyant vacarme dans mon ouïe.
Je m'essuie rapidement les yeux avec la manche de mon sweat et remet en place ce que j'ai dérangé, même si j'ai parfaitement le droit de toucher les objets de ma fille. J'empoigne seulement la lettre que je fourre dans ma poche en essayant de la froisser le moins possible tant bien que mal. L'entrée légèrement ouverte s'agrandit en quelques secondes et Mika apparaît, énervé, sous mes yeux.
"Andreas."
Il me fusille du regard alors que je suis certain qu'il est évident de remarquer mes yeux rouges et mes joues bouffies.
"Que fais-tu dans la chambre de Pauline?" Crache-t-il sans pitié.
Je sors en furie en le bousculant si fortement que derrière mon dos, je l'entends silencieusement se frotter l'épaule.
Je retourne quelques pas en arrière, me positionne devant ce grand bonhomme imposant et ne lui offre même pas le temps de respirer que je le pousse tellement fort en criant, qu'il tombe par terre de surprise et de douleur, en gémissant.
"-Vas te faire foutre toi et ton putain de fils !"
Lorsque mes lèvres achèvent ces quelques mots, je récupère ma veste au passage et veille à bien claquer la porte en sortant.
Le froid me rattrape bien vite et m'engloutit dans un épais brouillard qui n'était pas présent ce matin. Mes dents claquent les unes contre les autres au rythme du vent.
Mes mains congelées tapent rapidement sur mon téléphone un message qui est directement envoyé à son destinataire.
"Bar à Sushis, rue de Paris sur la place du marché."
"À tout-de-suite 😘😘" me répond-il directement après que j'ai envoyé ce SMS.
Je suis tellement tourmenté que mes pieds s'entremêlent et je me retrouve soudain, le nez sur le trottoir glacé.
Portant ma main à mon front douloureux, je me relève de ma chute en suivant l'exemple de la vie, car l'on m'a toujours enseigné qu'après un échec, il faut se redresser et aller de l'avant.

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(Perso : Chaque livre que je lis en dernier devient mon préféré donc on va dire "Je t'ai rêvé" de Francesca Zappia.😉)
-Kissouilles 😘😘

Le copain de mon Père. (FanFiction de Mika)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant