J'étouffe mes sanglots dans la couette blanche de notre lit deux places depuis une bonne quinzaine de minutes.
La porte s'ouvre brusquement et laisse rentrer Mika qui me lance un regard noir avant de s'attendrir devant mes joues gonflées et mes yeux bouffis. Je vois bien dans son regard, que ma tristesse le rend faible mais qu'il s'interdit de s'approcher. Alors c'est moi qui me lève et qui essaie de le prendre dans mes bras, mais il me repousse directement sans douceur ni pitié.
"Tu ne comptes pas sur moi pour te consoler j'espère ?! Tu as vu comment tu m'as parlé ? Retourne voir ta salope !"
Mon cœur se brise un peu plus, on peut entendre les faibles craquements de ses fibres qui se déchirent une par une. Je me résigne et plonge encore sur les ressorts du matelas en appuyant sur ma cote afin de me faire souffrir physiquement d'avantage et volontairement. Lui ? Il va chercher son pull accroché dans notre penderie sans faire attention à mes gémissements de douleur qu'il ne perçoit certainement pas sous le même contexte. J'ai envie de le supplier de m'embrasser, de lui faire une douce étreinte, lui faire ressentir tout l'amour que j'éprouve pour lui en un seul geste. Malheureusement, il est très énervé contre moi. Il finit par quitter la pièce sans m'adresser à nouveau la parole. Léon gagnera...
Le vibrement assourdissant de mon téléphone se fait entendre et je l'attrape comme s'il était ma seule issue, mon sauveur.
📩
Salut Andy ! Cette nuit était magique *~* faudra qu'on se revoit ! C'est quand tu veux, ma maison est la tienne. Biz Biz,
Caly xx
Je souris brièvement devant mon écran et m'habille de façon chaude pour affronter le froid, en vitesse. Je traverse mon logis et me retrouve au coin de la ruelle, devant le bureau à tabac. Quelques jeunes qui n'ont pas l'air d'avoir atteints la majorité fument devant la vitrine. Des effluves assez désagréables parviennent malencontreusement à mes narines et je me sens alors assez mal-à-l'aise. Sur le chemin je m'arrête pour acheter un bouquet de petites fleurs bleues qui sentent merveilleusement bons et qui sont tellement mignonnes à en faire jalouser certaines.Mes jambes traînent et repoussent le moment où je me retrouverai nez-à-nez avec la dalle en métal lourd.
Je finis tout de même par arriver devant un portillon noir ancien, la fermeture est légèrement rouillée mais ne m'empêche pas de pénétrer dans ce lieu sacré.
Je baisse la tête pour franchir la cime des arbres qui chatouillent mon cou, relativement basse et envahissant l'entrée.
Un gigantesque vent vient frapper mon corps mais ne m'arrête pas, j'emprunte le chemin tracé par la limitation de l'herbe et du sable blanc qui recouvre le trajet.
Rangée 1, rangée 2, rangée 3.
Rangée 3.
Je compte ensuite jusque six et arrive devant une plaque enfoncée dans le sol, où quelques mots sont gravés à l'attention de ceux qui désirent les lire.
"À Pauline Dermanis,
2007-2015
Une grande chanteuse partie trop tôt, qui manquera à sa famille mais surtout à son Papa qui pense à elle chaque jour. Un esprit merveilleux, une petite fille qui respirait la joie de vivre, elle rejoint aujourd'hui sa Maman en marquant une place dans le cœur de beaucoup de personnes, elle nous manque énormément sur Terre.
Nous t'aimons Pauline."
J'admire tristement le cercueil recouvert de fleurs blanches et roses. Son visage revient hanter agréablement mes pensées, elle était tellement jolie.
Je m'accroupis au sol, les fesses sur les talons et pose le bouquet par terre pour venir enlacer la tombe. Certes, enlacer du métal est largement différent que d'être insurger par la chaleur humaine. Mais à cet instant j'en ai tellement besoin que j'espère qu'elle ressent mon amour à travers les quelques mètres qui nous séparent.
Vous savez ? Un haut-le-cœur m'a traversé douloureusement quand je l'ai imaginé allongée dans une boite, sous et dans la terre, sans pouvoir respirer, s'étouffant. Mais j'ai vite chassé le dégoût de ma conscience et l'ai chargé de jolis souvenirs.
Aujourd'hui, je revois encore le jour de son enterrement, les discours, les larmes, mon angoisse, tout. Même la fois où elle a chanté Underwater devant l'intégralité de l'école me revient à l'esprit. À sa droite, demeure une tombe en forme de nounours, elle me fend à nouveau. Je ne lui ai pas offert un tel cadeau, la sienne est basique, normale et elle n'aimait pas ce qui ressemble à tout le monde.
Ça y est, je culpabilise.
Finalement, je termine par déposer mes fleurs sur le haut du cercueil et lui chuchote doucement :
"Joyeux anniversaire Pauline."
J'embrasse le minéral et lève la tête vers le ciel. Je ne crois pas en l'au-delà.
Mais dès que mes yeux se haussent, je remarque que je ne suis plus seul dans le cimetière, une blondinette me fixe.
Ses grands yeux verts me questionnent silencieusement, elle n'a même pas cinq ans. Je lui offre un petit sourire et elle ne réagit pas, elle continue de me regarder.
Je me positionne sur mes pieds en jetant un dernier regard à ma fille avant de m'approcher de la demoiselle.
Mais à peine suis-je arrivé à une distance réduite qu'elle s'enfuie en courant, en faisant vire-volter sa jolie robe rose dont les fleurs qui l'ornent, servent de camouflage dans cette prairie d'or. J'ai l'impression d'un sentiment familier, la sensation étrange que mes yeux ont adopté cet enfant par un regard solitaire. C'est vers une femme qui hurle des phrases sans signe de fatigue ou de lassitude qu'elle se dirige si précipitamment.
Dommage.
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Le copain de mon Père. (FanFiction de Mika)
FanfictionJe m'appelle Pauline, j'ai huit ans, j'ai perdu ma mère quand j'avais quatre ans et je m'attendais bien évidemment à ce que mon père qui a tourner la page et qui est passé à autre chose, rencontre une autre femme. Mais en fait, non, loin de là....