« Nous ne savons pas quoi faire de cette courte vie, et pourtant nous en désirons une autre qui soit éternelle. »
- Anatole France
Marie-Anne m'a habillée d'une robe noire à franges s'arrêtant au genou, de salomés noires à talons et m'a coiffée les cheveux de sorte qu'ils paraissent coupés courts tout en étant coincés dans un bandeau noire à strass orné d'une plume dépassant le haut de mon crâne. Je suis fin prête pour la soirée d'Aydan.
Je ne pense pas rester tard car ma nuit à été très mouvementée : j'ai rêvé de ma mort encore et encore sans jamais me réveiller, sentant presque l'eau s'infiltrer dans mon corps et cette sensation d'asphyxie permanente. En me réveillant, mon oreiller était empreint de larmes et ma respiration saccadée. Heureusement Marie-Anne n'a pas semblé le remarquer et ne m'a donc pas posé de questions, d'ailleurs je crois qu'elle n'a pas le droit d'en poser...
Après avoir maquillé quelques cernes sous mes yeux et peint mes lèvres en rouge, Marie-Anne s'en va me laissant seule dans mes pensées. J'ai passé toute ma journée assise sur un fauteuil sous un parasol en tissus à contempler le jardin sur la terrasse de la demeure, le regard vide, repensant à la vie que j'avais avant, à tous ces fous rires avec Anna ou à mes repas en famille en présence de mes parents. Tout ça me manque et je me sens affreusement seule dans cette immense maison. James n'est passé me voir qu'en coup de vent avant d'aller travaillé dans notre société, à croire qu'à cette époque une entreprise est plus importante que la famille, ou alors aurait-il pu me proposer de venir avec lui ? Mais non. Rien. Il n'y a que moi et cette énorme sensation de vide.
— Madame la voiture est prête, m'informe ma gouvernante.
— Je descends.
Puis elle s'en va en referment la porte derrière elle. Il faut que j'y ailles. Je me lève et sors de ma chambre. Je longe lentement les couloirs et descends le grand escalier en marbre. Marie-Anne m'attend en bas de celui-ci, une espèce de manteau en main. Une fois à sa hauteur, je l'enfile et me dirige vers l'extérieur. Une voiture typique des années 20 m'y attend et surprise, James aussi. Il est debout à côté de sa voiture.
— Petite soeur ! Te voilà, s'exclame-t-il toujours aux anges.
— Tu es très élégant ce soir James, dis-je en montant du côté passager grâce à un majordome m'ouvrant la portière bien aimablement.
— Merci. Toi aussi Cécilia.
— C'est très gentil, dis-je réellement contente de son compliment.
J'ai appris à mes dépens que je dois vouvoyer mon frère en présence d'une tierce personne et que je peux le tutoyer quand nous sommes seuls ou alors lorsqu'un domestique est là, mais seulement ça. Sinon, cela paraît incorrecte.
En attendant, James monte à son tour dans la voiture et démarre en direction de la demeure des Costerhidge. Je ne sais pas à quoi ressemble la maison d'Aydan mais je l'imagine aussi majestueuse que la notre. Nous sortons du domaine -que j'ai du mal à croire-, appartient à « ma famille ». Sur la route, j'observe les quartiers chics de la ville et m'émerveille devant la vie à cette époque qui est telle que je me l'imaginais : les tenues, les maisons, les voitures et les fêtes fastueuses.
— Cécilia. Lors de cette fête je voudrais que tu essayes de te rapprocher de Monsieur Costerhidge. C'est un très bon parti et il pourrait nous être bénéfique pour l'entreprise. J'ai remarqué qu'il n'était pas insensible à ton charme, ce qui ne te rendra les choses que plus faciles, m'avoue James les yeux rivés sur la route mais un sourire présent à la commissure de ses lèvres.
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Contre le temps : 20's
Historical FictionEn 2020, Elie Sanders est une lycéenne de seize ans comme les autres, mais tout bascule le jour où en empruntant à vélo le pont de Krick River, la jeune fille est renversée par une voiture et éjectée de la plate-forme. Entraînée dans les profondeurs...