« Mieux vaut avoir aimé et perdu ce qu'on aime que de n'avoir jamais connu l'amour. »
- Lord Alfred Tennyson
Aydan me rejoint rapidement au pied du lit. Il porte une chemise, enfilée à la hâte tout à l'heure si bien qu'il n'a pas pris la peine de la fermer, laissant ainsi voir la peau nue de son abdomen musclé. Le blanc de sa chemise contraste étrangement avec sa peau noircie par la suie. Après avoir brièvement laissé Cécilia prendre le dessus, me voilà de retour pour dire au revoir à Aydan, mon âme-soeur. Voir seulement la peine immense dans ses prunelles brunes me donnent envie de m'apitoyer de plus belle mais ma volonté de profiter de ce dernier moment avec lui me donne la force de me retenir.
— Comment te sens-tu ? m'interroge-t-il en s'agenouillant auprès de moi, l'air optimiste. Marie-Anne m'a dit qu'elle avait soulagé un peu tes blessures.
— Mieux, dis-je et je le vois soupirer de soulagement. Maintenant que tu es avec moi.
À ces mots, il me sourit et c'est l'une des dernières choses que je veux voir en ce monde. J'ai enfin le courage de formuler l'un de mes souhaits les plus chers :
— Allonges-toi près de moi. Je te veux à mes côtés.
Il me regarde tendrement et opine du chef, résolu à accomplir ma dernière volonté. Il se lève et s'assoit à mes pieds avant de se frayer un chemin jusqu'à moi. Je peux sentir son torse dans mon dos alors qu'il se colle à moi, savourant la proximité de nos deux corps sur le flanc, les jambes repliés. Je prends son bras et l'enroule autour de ma taille. Nos corps s'emboitent à la perfection. Je regarde droit devant moi et me détend grâce à la chaleur rassurante qui se dégage de son corps. Il cale son menton dans le creux de mon cou, me faisant fermer les yeux de bonheur.
— Merci, chuchoté-je.
— J'aimerais tellement rester ainsi pour toujours, toi et moi serrés l'un contre l'autre, murmure-t-il contre ma peau.
— Moi aussi Aydan.
Ma main se referme sur la sienne posée sur mon ventre. Je veux quitter ce monde ainsi.
— Ne me quitte pas Elie, gémit-il soudain, la voix se brisant sur mon prénom, me tordant les entrailles. Je ne supporterais pas de te perdre, pas après t'avoir retrouvé... C'est injuste !
Les mots sont lourds sur ma langue pourtant je trouve la force de les prononcer, pour lui.
— Tu sais...parfois j'ai l'impression que tout ceci, ce voyage en 1920, n'a été rien d'autre que mon purgatoire personnel. Une parenthèse enchantée, merveilleuse que n'a servit que de transition à ma mort. Et si tout cela n'avait jamais eut pour but que de me faire accepter ma mort plus facilement en m'accordant un délai supplémentaire grâce à des amis formidable, un amour parfait et une famille ? Tout ceci n'est peut-être qu'un mirage, une invention de mon esprit pour quitter ce monde plus facilement, qu'en sais-je ?
Les mots buttent sur ma langue mais parviennent tout de même à construire clairement mon idée. Je sens Aydan secouer la tête derrière moi.
— Non Elie, tout cela est bien réel, crois-moi. Sinon, comment expliquerais-tu la réalité des sentiments que j'ai pour toi, de la tristesse qui m'a déchiré le coeur quand j'ai cru t'avoir perdu ?! Je suis certain d'être aussi réel et vivant que tu l'es en ce moment entre mes bras... Ce ne peut être un purgatoire, comme tu dis, car je sais ce que j'ai vécu, ce que j'ai enduré et ce qui m'a permit de faire face : toi. Je t'aime Elie et je sais que ce que nous vivons est aussi vrai et réel que nos peaux qui se touchent à cet instant ou la profondeur de mes sentiments.
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Contre le temps : 20's
Ficción históricaEn 2020, Elie Sanders est une lycéenne de seize ans comme les autres, mais tout bascule le jour où en empruntant à vélo le pont de Krick River, la jeune fille est renversée par une voiture et éjectée de la plate-forme. Entraînée dans les profondeurs...