❧ Chapitre 11 ❧

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« Le combat peut-être une fête. »

                       - Jorge Luis Borges              

                               

    - Elie... Elie... Réveilles-toi !

    Mon prénom parvient jusqu'à mes oreilles dans un bruit étouffé qui devient de plus en plus net à chaque répétition. Doucement, mes yeux s'agitent sous mes paupières pour me forcer à les ouvrir. Je suis aveuglée par les rayons orangés du soleil qui s'infiltrent par la fenêtre de la chambre d'ami... La chambre d'ami !? Aimée ! Où est-elle passée ? J'inspecte frénétiquement les alentours mais ne vois aucune trace de mon sosie, seulement Aydan... Aydan ! Mais qu'est-ce qu'il fait ici ? Je m'écarte précipitamment de lui et me remet vite sur mes deux jambes un peu tremblantes.

    - Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je sans ménagement.

    - Quoi ? Tu as déjà oublié ? Je crois que tu as dû prendre un sacré coup sur la tête Elie, ajoute-il sarcastiquement alors que je le regarde d'un air réprobateur. Je t'ai dit que je viendrais voir comment ça se passerait, hier, tu te souviens ?

    - J'avais complètement oublié...excuses moi. Et Aimée, tu ne l'as pas vu ? Elle était avec moi avant que tout ça n'arrive. Il faut qu'on la retrouve avant que...

    - Attends, calmes-toi Elie, respires et racontes-moi exactement ce qu'il s'est passé, d'accord ? (Ses mains sont placées de part et d'autre de mes épaules alors qu'il me regarde intensément dans les yeux.)

    Je respire un grand coup et me concentre sur ses prunelles aux fascinants reflets dorés qui me scrutent d'un air inquiet. Je sens ses doigts descendre le long de mes bras pour rejoindre mes mains et mon esprits se préoccupe plus de lui que du fait de lui raconter ce qu'il s'est passé.

    - Nous...euh... J'étais venu voir Aimée lorsque j'ai reçu un coup de chandelier sur la tête... (Je ferme fortement les yeux pour me focaliser sur mes paroles plutôt que sur ma peau qui glisse sous ses doigts.) J'ai essayé de la mettre en confiance en lui parlant de moi puis elle m'a raconté qu'elle s'était...enfuie d'un orphelinat il y a environ...euh...une semaine je crois. Je me souviens que ça m'a marqué puisque c'est précisément le jour où je suis arrivée ici... (Je secoue la tête en essayant de calmer les battements irréguliers de mon cœur mais rien n'y fait.) Je me suis levé pour aller lui chercher son petit-déjeuné lorsqu'elle m'a hélée... Je ne sais pas très bien ce qu'il s'est passé mais... (Je lutte intérieurement pour ne pas retirer mes mains des siennes, ce simple contact me déstabilise complètement.)

    - Calmes-toi Elie, tout va bien, m'intime le grand brun en relevant délicatement mon menton de sorte que mon visage soit à quelques centimètres du sien. Ouvre les yeux, me chuchote-il.

    Je m'exécute sans protester en ouvrant d'abord un oeil puis l'autre pour découvrir ses traits harmonieux à la faible lueur du jour. Je reprends ma respiration calmement devant ses yeux scrutateurs et reprends :

    - Lorsqu'Aimée m'a touché le bras, je me suis sentie comme aspirée par ce contact. J'ai eu incroyablement mal à la tête avant de m'évanouir, Aimée était dans le même état que moi, annonçais-je. Et tu connais la suite... Tu es bien sûr de ne pas l'avoir vue ?

    - Certain. Tu étais seule dans la pièce et je n'ai vu personne dans le couloir ni à l'entrée, ce qui veut dire qu'elle s'est réveillée bien avant que je n'arrive, en conclut-il tout en relâchant mon menton.

    Je réfléchis à l'endroit où je vais commencer mes recherches mais constate subitement que le soleil n'est plus à la même place dans le ciel. Il était pourtant très haut tout à l'heure, songé-je.

Contre le temps : 20'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant