❧ Chapitre 21 ❧

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« En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas. Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir qu'il nous voit bien différent de ce que nous croyons être. »

                            — Carl Gustav Jung


    Elie est partie. Je le sens. À mon réveil, je suis étendue dans mon lit. La commode a reprit sa place habituelle tandis que je remarque que la porte est étrangement tordue, je dois bien l'avouer. Sur un fauteuil amené à mon chevet, James, la tête renversée en arrière et les manches de sa chemise relevées sur les coudes, dort à poing fermé. Il a dû me veiller toute la nuit. Je me redresse et fais tomber en même temps le linge humide collé à mon front. Ma tête est affreusement lourde, toute énergie a visiblement quitté mon corps. Lorsque j'observe mes mains, mes bras puis mes jambes, je constate que je les vois sous un angle différent : je suis seule à les contempler, comme auparavant. Je suis la seule maitresse de mon corps, de mes pensées et de mes sentiments, à nouveau. À cette pensée, je souris. Toute cette histoire de possession, de ressuscités, de mort imminente est derrière moi, derrière nous. Je me lève sans faire de bruit et me contemple dans le miroir. Je suis effrayée par les traces qu'à laissé la tristesse d'Elie sur mon visage. Mes paupières sont gonflées, mes yeux sont encore rouges tandis que de grosses marques noirâtres descendent sous mes yeux. Il est vrai que j'avais sous-estimé la détresse de la jeune fille. J'espère qu'elle va bien où qu'elle se trouve ou encore qu'elle à pu retrouver son époque par quelque moyen. Ma vie reprend désormais son cours, comme avant. J'entends un grognement rauque derrière moi. Lorsqu'il constate que je ne suis plus là où il m'a laissé quand il a fermé les yeux, mon frère saute sur ses jambes avant de se détendre en m'apercevant. 


    — Céci', tu m'as fait une peur bleue, soupire-t-il en s'approchant pour me serrer dans ses bras. Quand tu es montée jusqu'ici, j'ai eu peur que tu ne fasses une bêtise et... Quand je t'ai vu inconsciente sur le sol, il y a eut ce sentiment au fond de moi qui pensait t'avoir perdu à tout jamais...

    — Mais je vais bien maintenant Jamie, tenté-je de le rassurer alors que sa prise sur moi se renforce comme s'il avait peur que je lui échappe.

    — Je ne pensais pas que cette histoire avec Aydan t'affecterait autant, j'ai toujours pensé que tu étais plus forte que cela, continue-t-il comme si je n'avais rien dit en saisissant mon visage de ses deux mains. Pardonnes-moi de ne pas avoir pensé que tu pouvais souffrir comme n'importe qui à ta place !


    Je lui souris faiblement et le prend dans mes bras à mon tour. Cette sensation m'avait tellement manqué. Mon frère rien que pour moi. Mes mots se précipitent sur mes lèvres pour lui témoigner ma reconnaissance et tout l'amour qu'il m'inspire. Ce sera toujours nous deux contre le reste du monde, et je n'ai jamais autant souffert que quand Elie prévoyait de le quitter. Pourtant, face à son regard inquiet, je ne peux m'empêcher de le rassurer :


    — Ne t'inquiètes plus Jamie, j'étais bouleversée sur le moment mais simplement car j'avais perdu de vue ma farouche indépendance, plaisanté-je ce qui eut le mérite de lui arracher un sourire.

    — Mais je comprends tout à fait que tu te sois sentie dévastée et c'est normal, rappelles-toi le soir où j'ai voulu tout détruire après que j'ai appris que Kathreen était fiancée ! (Nous rions de concert avant qu'il ne m'intime de me reposer.)


    En simple robe de chambre, je rejoins les draps qui m'appèlent de leur confort. James me lance un dernier regard avant de fermer la porte derrière lui ou plutôt de la laisser entre-ouverte, cette dernière étant désormais déformée. Soudain, une violente douleur me vrille le crâne, ma tête tourne si bien que mes mains tentent de soutenir mon crâne pour apaiser l'élancement. Je me renverse sur l'oreiller et sombre dans le sommeil, l'esprit comme flottant au-dessus de mon corps inconscient.

Contre le temps : 20'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant