❧ Chapitre 15 ❧

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« Dans une famille on est tous tributaire les uns des autres. Le malheur de l'un fait le malheur de tous. »


-Germaine Versailles


J'ai passé la journée à me torturer l'esprit. Fuir ou rester ? Voilà la question que je me suis posée sans répit, assise sur un banc dans le jardin de la demeure. Au même endroit où moi et Aydan avons couru le jour de notre rencontre. Cette journée me semble si lointaine, c'est affreux. Il s'est passé tellement d'évènements en une semaine que j'ai bien peur que les cent prochaines années ne soient longues. Enfin, un peu moins si je choisis d'être avec Aydan, finalement. Marie-Anne a pourtant tenté de me changer les idées en m'incitant à manger ou à rentrer pour m'abriter du soleil, mais j'ai décliné à chacune de ses tentatives. La pauvre me lançait des regards plein de compassion et de tristesse alors qu'elle ne connaissait absolument pas mon dilemme. Elle me fait un peu penser à Anna mais d'une autre manière. C'est une autre sorte d'amitié que celle de ma meilleure amie, celle-ci est douce, calme et me laisse souvent dans ma solitude, chose que j'apprécie parfois. Seulement parfois. James arrive d'un pas décidé dans le jardin et vient s'asseoir à côté de sa soeur, un sourire enchanté sur ses lèvres fines. Je retrouve le James charmeur que j'ai vu pour la première fois à mon arrivée.

— Alors soeurette, on s'isole ? rit-il en me bousculant légèrement d'un coup d'épaule tandis que je lui rend son sourire. Je ne t'ai pas vu de toute la journée, quelque chose ne va pas ?

Les teintes orange-rouges du soleil couchant viennent se refléter sur ses cheveux bruns en une nuance cuivrée tandis qu'il m'observe attentivement. C'est à ce moment que j'aimerais avoir un frère en 2020.

— Tout va bien, je t'assure. Je profitais simplement du soleil, voilà tout, il n'y a rien à faire à l'intérieur...et toi ? Pourquoi cet immense sourire depuis que tu es arrivé ? dis-je ce qui a le mérite de le faire rire encore un peu.

— Je vais à une fête ce soir figures-toi !

— Comme je ne m'en serais pas douté, lancé-je avec sarcasme.

— Je venais te demander d'y aller avec moi, comme toujours, dit-il. Enfin...si ton fiancé n'est pas assez vieux jeu pour te l'interdire !

— Mon « fiancé » ?

— Eh bien oui, le petit Costerhidge !

— Ce n'est pas mon fiancé, me défendis-je.

— Et bien cela ne saurait tarder si l'on se fit au fait que l'on a d'assez bons yeux pour voir comment il te regarde à chaque fois. (Il se rapproche de moi en cachant sa bouche des regards indiscrets grâce à la tranche de sa main.) J'ai des yeux partout, chuchote-t-il en me faisant un clin d'oeil, ce qui me fait sourire malgré moi.

— Pour en revenir à notre sujet principal, je n'irais pas avec toi ce soir. Amuses-toi seul pour une fois, fais-toi plaisir, ne penses à rien ! m'exclamé-je en lui donnant un léger coup de coude.

— Oh tu me connais assez pour savoir que je le fais tout le temps Céci' ! rit-il.

— Mais qu'est-ce qui te fais sourire comme un idiot depuis tout à l'heure ?me moqué-je. Irais-tu voir quelqu'un en particulier ? Cette charmante...Kathreen Aberworthy par exemple ?

Je le vois rougir légèrement et je sais que j'ai tapé dans le mile. Ma joie est telle que je me tourne vers lui avec un grand sourire. James va lui faire sa déclaration.

— Oui bon...tu m'as démasqué, marmonne-t-il. J'ai prévu de lui dire tous mes sentiments ce soir, j'ai décidé de prendre ma vie en main ! Après lui avoir dit, j'irais voir son père pour lui demander sa main et je me moque de qui s'opposera à nous, je l'affronterai !

Contre le temps : 20'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant