❧ Chapitre 13 ❧

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« Après un bon dîner on n'en veut plus à personne, même pas à sa propre famille. »

- Oscar Wilde

— Vite caches-toi, s'exclame Aydan en se tournant vers moi.

Il est trop tard pour que je cours jusqu'à la grille de la demeure, je passerais forcément devant les parents de Cécilia. Une seule solution : la maison. J'entre dans l'immense hall d'entrée que j'ai tant admiré le jour de mon arrivée ici. Je ne sais même pas où je pourrais me cacher... Mes pas me guident automatiquement jusqu'au petit salon que je ne connais que trop bien. C'est ici que j'ai pris le thé pour la première fois avec Aydan et ironie du sort c'est aussi ici que nous venons d'avoir notre première dispute il y a à peine dix minutes. Les parents de Cécilia sont arrivés plus tôt que prévu. Ils disaient arriver après le 14 dans la lettre envoyée à James, or nous sommes le 12 juin, ce qui veut dire qu'ils sont arrivés avec deux jours d'avance. Je me jette contre le mur proche de la double porte. J'espère qu'Aydan, Aimée et les parents de Cécilia n'auront pas l'idée d'entrer justement dans cette pièce. Si j'ai de la chance, ils pourraient bien tous aller dans le grand salon, sinon c'en est fini de moi.

— Père, Mère, s'exclame la voix de James d'un ton mielleux à travers la porte, vous voilà de retour ! Avec deux jours d'avance en plus de cela, le président serait-il devenu noir ou bien la chaleur de la Nouvelle-Orléans vous manquait-elle trop ?

— Ne faites pas l'insolent James, ordonna une voix féminine que je devinais être celle de « notre » mère. Nos affaires à New York étaient réglées et un train partait justement hier pour la Nouvelle-Orléans. Je vois que vous n'avez pas transformé cette demeure en maison close en notre absence, cela à dû beaucoup vous coûter dites-moi ?

Même à travers cette porte, je peux juger de la tension glaciale qui s'est installé lors de cet échange. On peut dire que ces deux-là ne s'apprécient pas tellement, pensais-je. Aussi sûr que deux et deux font quatre, me répond Cécilia dans ma tête.

— Nous espérions un accueil plus chaleureux de la part de nos enfants à vrai dire, avoua le père de Cécilia d'une voix grave.

— Et comment se porte notre bâtisse des Hamptons ? reprit James d'une manière absolument hypocrite. Étonnamment je ne l'ai jamais aimé, surement à cause de cette affreuse décoration que vous vous êtes obstinée à refaire il y a des années Mère, asséna mon frère d'une main de maitre.

La guerre entre la mère et le fils a commencé et je ne saurais dire lequel des deux va la gagner. Une chose est sûre, James hait sa mère. Je comprends mieux pourquoi ce dernier à jeté sa dernière lettre à la poubelle. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas dû au fait qu'elle lui demandait dans celle-ci de trouver un mari pour sa sœur. Avant que Madame Bloomingdale ne puisse rétorquer une parole des plus cinglante à son fils, quelqu'un se racla la gorge bruyamment.

— Ah mais excusez mes mauvaises manières Monsieur Costerhidge, je vous présente mes parents Morris et Ann Bloomingdale. Père, Mère, voici Aydan Costerhidge qui est l'une des premières richesses de la ville et aussi un très cher ami de Cécilia.

Je crois que James cherche à faire passer un message à ses parents. Surement le fait qu'il a su trouver un merveilleux futur gendre à ses parents -et que par conséquent il a bien travaillé durant leur absence. Il doit certainement chercher quelque chose de leur part mais je ne saurais dire s'il s'agit de reconnaissance, de joie ou tout simplement de fierté.

— Enchanté de vous rencontrer, affirma poliment Aydan.

— Nous de même Monsieur Costerhidge, confirma le père de Cécilia et James à la place de sa femme. Nous sommes d'ailleurs impatients d'apprendre à vous connaître, n'est-ce pas Ann ?

Contre le temps : 20'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant