Chapitre 1 : Eau de rose

558 37 43
                                    


  Je n'ai jamais cru aux histoires d'amour. Je ne sais pas si c'étaient les coups de foudres ou tous ses artifices qu'on avait créés atour qui me dégoûtaient, mais j'étais sûre à présent que c'était quelque chose de bien inutile. Il était rarement partagé et torturait les cœurs. À vrai dire, je ne connaissais aucunes histoires d'amours qui se finissaient bien, puis moi, je n'avais jamais connu le vrai Amour. En fait, je doutais même de son existence... C'est vrai, aujourd'hui, tout ce que l'on pouvait voir, c'était des couples qui s'usaient, se détruisaient puis se séparaient... Enfin, pour ceux, qui avaient eu la force de résister à la violence du temps qui passe, soit vivaient vieux ou soit échappaient à la normalité. Tout ce monde, composé à l'eau de rose, me rendait malade !

  Tout cela avait commencé lorsque j'avais appris que le prince charmant n'était qu'une légende. Petite, cet homme en armure devait venir courageusement délivrer une princesse en détresse. Avec toutes les qualités de l'homme parfait : beau, gentil et intelligent. 

  La société bourrait le crâne des petites filles avec des images idéalistes de l'amour et des hommes, en lui expliquant qu'un prince était indispensable, mais seulement, un jour viendra où l'enfant perdra son innocence. Lorsque la fillette grandira, le cavalier blanc au sourire colgate disparaîtra

Tout d'abord, la vie lui semblera beaucoup moins colorée, son rêve enfantin se révélera comme n'être qu'autre qu'une énième arnaque de notre monde et alors, l'enfant connaîtra la réelle souffrance du chagrin d'amour. La vérité sur le père noël, tout le monde s'en remet mais le prince charmant, lui, brisait les cœurs, et restait ainsi l'un des premières regrets de la vie. L'enfant comprendra alors que dans la vie, rien n'est parfait. 

Alors, pourquoi continuer à y croire ? Pourquoi toujours mentir ? A mon tour, je me suis posées ses questions : devais-je encore croire, au rêve d'amour ? Mes déceptions amoureuses ne se comptaient plus. A quoi cela servait-il de chercher des sentiments lorsqu'il n'y en avait plus? A quoi bon, se jeter corps et âme dans l'amour si le succès s'y faisait rare? Pour moi, tout cela n'était qu'une perte de temps; mon avenir, voilà, le plus important,  et ensuite "au vent" mes promesses de bonheurs à deux.

« - Margaux, tu ne voudrais pas aller chercher du pain ? »

Cette voix plaintive venait de ma sœur, tout juste installée dans le canapé du salon : 

- Et toi, Louise ? Tu ne peux pas y aller, répliquai-je ?

- Non, j'ai beaucoup de travail à finir !

- Mais, moi aussi !

- N'importe quoi ça fait une semaine que tu ne fais rien de ta vie !»

  Il y eut un long silence, puis un étouffement d'un rire de mon aînée. Je capitulais : 

- C'est bon!... Je vais te le chercher, ton pain !

  Exaspérée, mon corps se leva du fauteuil, avec peine, chercha de l'argent et s'enferma dans la salle de bain. En face, un ensemble pyjama se mouva sous l'instant regard du miroir, sur mon haut était inscrit en gros : « I Love Unicorne!» 

  Avec ennui, je remplaçais ma tenue d'hibernation par un total look noir.  D'un geste bref, j'attachai mes cheveux en une haute queue de cheval, un fois, mon visage dégagé, mes boutons d'acnés contrastèrent. De grosses cernes s'étaient installés sous mes yeux, le décalage horaire m'assommait. Ainsi, envahie par la fatigue, je refusais de me maquiller... Après tout, pourquoi se prendre la tête puis ma peau me le remercierait un jour. Alors, non, s'il vous plaît, ne faites pas de scandale sur ce « manque » de féminité, mais, je ne voulais pas me sentir coupable de tuer des baleines...

Crêpe-SilverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant