Chapitre 13 : Crêpe-Silver

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(Cover de City of Stars de La La Land par Chase Eagleson)


  Petit conseil pour réussir un rendez-vous, prenez garde au lieu que vous choisissez, l'endroit peu avoir de l'importance... Imaginez-vous, un bar éloigné du centre-ville, perdu dans une ribambelle de rue vide de monde, la vitrine recouverte de poussière, il est peu probable d'y trouver du romantisme. Assurément, si vous y cherchez le romantisme, je vous déconseillerais de vous rendre dans un endroit où règnent l'odeur de transpiration, les beuglements des supporter de football et les nombreuses traces de crachats encré dans le sol. Mais, si comme moi, votre détermination dépasse même le dégoût, alors, j'en suis sûre, vous pourrez y faire face. 20h, pile, j'attendais sur ma chaise en plastique, dans un coin du bar. Une ampoule éclairait faiblement ma table. J'étais la seule femme du bar, habillée d'une simple robe noire, je me sentais légèrement mal à l'aise.

C'était fichue. Entre nous, je ne devais plus qu'être pour lui la bonne amie sympa mais qui ne doit pas tomber amoureuse. Désolée, Peter, à ce niveau je pense être tombée bien bas.

La tête tournée vers la rue, j'observais la pluie tombée. Même le temps s'était accordé à la situation. Le barman avec une voix rauque vint prendre ma commande. Horreur ! Je ne savais pas quoi choisir : un coca ? Non, après je vais roter et j'aurais les dents jaunes, ce n'est pas l'idéal pour séduire. Une bière ? Bonne idée, l'alcool peut rapprocher comme on dit ou aussi donner l'envie de fuir. En plus, moi avec l'alcool, tout pouvait arriver... Là-dessus je m'y connaissais. Un jus d'orange ? Non, il y a toujours de la pulpe qui se coince entre mes dents : sexy...

En conclusion, je pris un verre d'eau. Cela facilitait la vie et le porte-monnaie. Tortillant sur ma chaise de stress, je tentais de me calmer. Mais il n'était toujours pas là ! Puis, j'attendais maintenant depuis longtemps. L'attente devenait une torture. Du calme, Margaux, pensais-je ! C'est pas si compliqué : inspire, expire, inspire, expire, expire, inspire, inspire... Ok, je me suis étouffée avec mon propre souffle, mais sinon tout va bien. Raah, non, je vais juste crever de stresse. Soudain, la porte du bar tinta, mon cœur explosa, mes yeux se scotchèrent sur lui, et le voilà rentré avec une allure nonchalante que je vénérai. Nos regards se croisèrent, mon être tout entier prit feu. Mon visage brûlait et mes mains tremblaient comme des feuilles mais cela m'était bien égale lorsqu'il s'assit en face de moi, plus rien n'avait d'importance. J'avais perdue toute consistance. Tout aussi stressé, d'un mouvement brusque, il posa ses mains sur la table et faillit faire tomber mon verre d'eau.

- E.. E... Excuse-moi, je te fais venir et je suis en retard. Je suis vraiment con...s'exclama-t-il.

- Mais non, non, ne t'inquiètes, je viens juste d'arriver..., répliquai-je.

Bon c'est faux, ça faisait exactement 30 minutes que je l'attendais mais je ne voulais pas plus attendre : « - Alors ? Dis-moi, c'est quoi ce secret si important, lui demandais-je avec un sourire moqueur ?

- Ah... euh... Par où commencer bafouilla-t-il... ?

Bah par le début, allais-je répliquer lorsque le son de la tv du pub augmenta et couvrit mes pensées. Déconcentrés, nous nous tournâmes vers celle-ci. C'était une information en directe. La présentatrice avait le visage grave mais les paroles qui suivirent me glacèrent le sang :

- Madame, monsieur, bonsoir, c'est une boucherie. Effectivement à 12h, en plein cœur de Paris, plusieurs rues et bars ont été attaqué. A l'heure où je parle, le nombre s'élève déjà plus d'une centaine de mort et plus de deux-cents blessés. Le terroriste a été reconnu par les services militaires, il semblerait apparemment qu'il soit aussi le meurtrier du président Kennedy, il se surnomme Magneto.

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