Je m'approche de lui et pose ma main sur son épaule. Nous restons un moment sans rien dire avant que Chess ne se décide à prendre la parole :
- J'ai vraiment joué au con avec elle. Cela remonte maintenant à quelques années et pourtant je n'arrive pas à l'oublier.
- Tu l'aimais ?
- A la folie.
- Mais alors, pourquoi tu l'as trompé ?
- Parce que je ne pouvais pas croire à ce bonheur.
- Je ne comprends pas.
- J'étais heureux avec Orine mais un jour je me suis regardé dans le miroir et je n'ai pas reconnu l'homme que j'étais devenu. J'étais devenu sage, fidèle, les sorties avec les copains ne m'intéressaient plus et tu sais quoi ? ça me convenait parfaitement. Ça me convenait jusqu'à ce que je croise Juan Mingliosa, un critique de cinéma très connu ici. On a passé la soirée à discuter et il osé dire que depuis quelques temps mes films étaient devenus insipides et fades, que j'avais perdu la flamme sacré, que c'était dommage car il avait toujours pensé qu'un jour je décrocherai un oscar. Ça m'a mis dans une colère noire, comment osait-il dire que j'avais changé, moi le grand Chess. Je me sentais désespéré, je suis donc allé au bureau d'Orine, je savais qu'elle trouverait les mots pour m'apaiser, je voulais juste être avec elle, me rappeler qu'elle était plus importante qu'un oscar, mais elle n'était pas là. A la place il y avait son assistante, dont je ne me souviens plus le nom. Quand elle m'a vu elle a commencé à me faire des compliments, à me dire à quel point elle aimait mes films, que j'étais le réalisateur qui allait marquer le vingt et unième siècle... Puis elle m'a embrassé et je ne l'ai pas repoussé. Je savais que je faisais une énorme connerie mais pendant un court instant je me suis senti redevenir moi-même. J'allais leur montrer à tous que Chess le grand réalisateur n'avait pas disparu. Evidemment, Orine avait oublié son sac et elle est arrivée au mauvais moment. La tristesse que j'ai lue dans son regard quand elle est entrée dans la pièce me poursuivra toute ma vie.
- Tu n'as pas essayé de t'excuser ?
- A quoi bon ! Si les rôles avaient été inversés je ne lui aurais jamais pardonné !
- Du coup tu préfères te conduire comme un mufle. C'est d'une logique implacable.
- Je préfère qu'elle me déteste plutôt qu'elle ait pitié de l'épave que je suis devenu depuis qu'elle est partie.
- Moi j'aurais pensé qu'essayer de devenir son ami aurait été plus sympa.
- Qui voudrait être ami avec moi ? Même toi tu me regardes avec dégoût.
J'essaie de faire abstraction du « même toi » et explique :
- Peut-être que si tu faisais un effort et arrêtais de traiter les gens avec dédain et supériorité ce serait plus facile non ?
- Je n'ai pas besoin d'amis. Boude-t-il en se redressant.
- Hé bien t'as pas de chance parce que j'ai décidé d'être la tienne en plus de celle d'Orine. Et tu auras beau me traiter de fille fade et insipide ça ne changera rien. Du coup, je te demande de faire abstraction de ta jalousie et de remonter en salle de réunion pour nous parler du choix des acteurs.
- Même pas une semaine à Hollywood et madame a déjà l'assurance d'une diva. Tu m'impressionnes Alice. Après tout peut être que je t'ai mal jugé. Très bien, je vais retourner en salle de réunion mais à une condition.
VOUS LISEZ
D'un Coup De Baguette Mon Coeur Balance (SOUS CONTRAT D EDITION)
ChickLitAlice, toulousaine de vingt cinq ans n'en croit pas ses oreilles, l'histoire qu'elle publie sur Wattplud a attiré l'attention d'une maison d'édition qui souhaite en faire un livre et un film. Dans un premier temps elle pense à une mauvaise blague...