Chess et blouson de cuir

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Nous finissons de traverser la passerelle et nous arrivons de nouveaux dans un couloir éclairé par des néons qui grésillent. A croire que le budget passe dans les acteurs et pas dans le matériel. Nous arrivons devant une porte en métal et je sens le corps d'Orine se raidir avant qu'elle pose sa main sur la poignée.

- Bonjour ! Dit-elle en pénétrant dans la pièce.

Je n'entends personne lui répondre et pénètre dans la salle persuadée qu'il n'y a personne. A peine ai-je franchi le seuil qu'Orine referme derrière moi et que deux paires d'yeux se tournent vers moi. La salle n'est pas vide du tout, il y a un jeune homme d'environ trente ans, les cheveux châtains, plutôt mignon, vêtu d'une chemisette rayée mauve à manche courte qui tient devant lui un exemplaire de mon manuscrit qu'il a complètement griffonné. Derrière lui se tient une frêle jeune fille à la chevelure blonde qui le regarde avec un mélange de crainte et d'admiration. Le regard du jeune homme en mauve me perturbe, sans doute est-ce dû à ses lentilles jaunes aux pupilles verticales qui me rappellent les yeux d'un chat. Je finis par détourner les yeux et je vois un sourire satisfait se dessiner sur son visage. J'entends Orine soupirer avant de prendre la parole :

- Alice, je te présente Chess, le réalisateur en charge de l'adaptation de ton livre et Mindy son assistante (la blondinette m'offre un faible sourire). Chess, Mindy, je vous pré...

- Blablabla ! L'interrompt Chess en se balaçant d'avant en arrière sur son fauteuil.

Je suis étonnée qu'Orine ne réagisse pas, au contraire je la vois rougir.

- On a compris, Reprend Chess, c'est la française qui a écrit ce truc à l'eau de rose, dont la fin est aussi prévisible et insipide qu'elle, et que je vais essayer de transformer en chef d'œuvre.

Il dit tout cela d'un ton calme comme s'il énonçait une évidence. Je reste sans voix devant autant d'impolitesse. Je m'attendais à tout sauf à ça. La seule chose que j'arrive à répondre est :

- Je ne suis pas prévisible.

A peine la phrase a-t-elle franchi mes lèvres que je comprends que c'était exactement ce qu'il attendait.

- Ah non ? Vous n'êtes pas prévisible ? Rien qu'en vous observant je peux dire que vous êtes le genre de fille à vouloir faire bonne impression, c'est d'ailleurs pour ça que vous avez opté pour cet ensemble qui vous donne un côté sérieux et qui pourtant n'est pas très confortable. Vous ne connaissez rien à mon métier et vous êtes venue à Hollywood avec des étoiles plein la tête et l'espoir de devenir un auteur célèbre et reconnu et qui sais de trouver l'amour sans doute. Le vrai, le beau, le seul et l'unique comme vous l'avez décrit dans votre livre. Les filles comme vous me donnent envie de vomir.

A la fin de sa tirade il croise les bras sur son torse et lance en direction d'Orine :

- Franchement Orinette tu aurais mieux fait de la laisser où elle était, on s'en sortira mieux sans qu'elle ne mette son grain de sel partout.

Orine perd le peu de couleur qui restait sur son visage. Je ne sais pas si c'est l'envie de me défendre ou l'air désespéré d'Orine mais je m'avance en direction de ce malotru et avant qu'il ne puisse réagir, un bruit sec retentit. Il porte la main à sa joue qui commence à rougir.

- Et elle là ? Tu l'avais prévue? demandé-je en soutenant son regard sue le même ton nonchalant que lui.

J'ai peut-être perdu la possibilité de voir mon livre adapté au cinéma mais Chess a perdu son air supérieur et rien que ça, ça me rend heureuse. Je décide de ne pas m'arrêter là et continue sur ma lancée :

D'un Coup De Baguette Mon Coeur Balance (SOUS CONTRAT D EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant