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Se renouveler!

Vendredi, fin d'après-midi. Il reste une heure avant que je puisse rentrer chez moi, me mettre en mou et me faire livrer mon habituel combo ailes de poulet et salade césars. Une heure avant de m'installer sur mon divan pas du tout dernier cri, mais ô combien confortable, enroulée dans ma doudou afin de me plonger dans l'univers stressant mais tellement divertissant de The Walking Dead. 60 petites minutes. Fou comment le temps peut passer vite parfois et lentement d'autres fois. Vendredi 16h, je vous laisse deviner à quelle vitesse se déroulent les 3 600 secondes avant la fin de semaine bien méritée. La sonnerie du téléphone me fit sursauter, ce qui eu pour effet de me faire perdre le décompte de mes secondes.

- Jade Beauchemin !

- Jade, dans mon bureau. Maintenant s'il te plaît.

Dans la vie, il y en a qui n'ont pas besoin de s'annoncer au téléphone. Bien Isabelle, ma patronne, fait partie de ce type de personne. Ne vous méprenez pas; elle est super sympathique et très ouverte. C'est juste que des fois elle utilise ce ton... LE ton. Celui qui me fait sentir comme quand j'avais 4 ans et que mes parents m'appelaient par mon nom complet : Jade-Béatrice-Marie-Beauchemin ! T'as aucune idée de ce que tu as fait, mais tu sais que tu as assurément fait quelque chose. Et c'est clair que c'est pas ton meilleur coup. C'est donc la tête rentrée dans les épaules que je pris mon calepin, mon stylo couronné d'un gros pompon en minou bleu et mon café que je me dirige vers son bureau. Le tout, bien sûr, en essayant de me remémorer notre dernière discussion, question de voir si j'ai oublié quelque chose.

- Salut ! (Ton super enjoué, on sait jamais d'un coup que ça l'a mettrai de bonne humeur) Tu voulais me voir ? Comment s'est passé ta journée ? Il fait beau dehors hein ? Mine de rien, on voit que l'été est enfin installée. Oh tu as dont bien l'air rayonnante ! Tu es enceinte ?

- Stop Jade ! Oui, je voulais te voir. Si non je t'aurais clairement pas demandé de venir dans mon bureau.

Bon, ce qui est quand même important de savoir à mon sujet c'est que quand je suis nerveuse; je parle. Quand je ne me sens pas dans mon élément; je parle. Un silence gênant; je me sens obligé de le remplir. Donc, me faire appeler à 16h un vendredi dans le bureau du boss, sans que je sache pourquoi, vous aurez deviné, j'ai comme une diarrhée verbale.

- Assied toi, j'ai besoin qu'on parle.

Oh ! Elle a encore pris Le ton. Ce satané ton autoritaire annonciateur de mauvaises nouvelles. Ce qui jusqu'à maintenant était un simple petit stresse commence tranquillement à sérieusement m'inquiéter. Est-ce qu'on aurait eu une plainte d'un resto à qui je n'aurais pas donné une bonne critique ? À moins que ça soit de cet auteur nouveau genre qui présente sa dernière pièce sur laquelle je me suis endormie ? Ou peut-être le gars de la comptabilité, à qui j'ai fait clairement comprendre que jamais, mais alors au grand jamais il ne m'aurait dans son lit. J'ai peut-être été trop directe. Je ne sais pas si ça peut se voir comme de l'intimidation. En même temps, je pourrais porter plainte contre lui pour harcèlement... J'en suis là dans mes pensées quand je remarque qu'Isabelle attend de moins en moins patiemment que je finisse de déposer mes choses et de masseoir.

- Jade, j'ai hésité à savoir comment amener le sujet. Mais je me suis dit que toi et moi on se connait depuis un bail maintenant. Et que tu es une personne directe et franche. Je vais donc y aller de façon directe et franche; Depuis un certain temps, ton travail n'est plus le même. Moins intéressant. Un peu comme si tu étais blasée. Et une écrivaine blasée, les lecteurs le sentent. Résultat : de moins en moins de lecteurs. Et avec toute la compétition qu'il y a sur le net, on ne peut pas se permettre de perdre des lecteurs.

Quoi ??? J'ai dû mal entendre, c'est sur. Elle ne peut pas m'avoir dit ça.

- Heu... je ne suis pas certaine de comprendre là. En fait oui, je comprends parfaitement mais je ne suis pas du tout d'accord. Je ne suis pas une journaliste blasée. J'adore mon métier et tu le sais.