Deadly Summer

Le début de l'histoire

                    

Summer

« Mademoiselle Evans ! Auriez-vous l'obligeance de répéter ce que je viens de dire ? »

Je me réveille en sursaut. Miss Pacaly, ma professeure de mathématiques, est penchée sur moi et me regarde comme si j'étais un insecte qu'elle rêverait d'écraser. Je me suis encore endormie en cours, et bien entendu, je ne sais absolument pas ce qu'elle vient de dire. Je bafouille un « heu... » d'une grande originalité. Elle soupire.

« Summer, c'est peut-être la fin de l'année mais ce n'est pas une raison pour se relâcher ainsi. Je vais faire un mot à tes parents. »

Fais toi plaisir, de toute façon je n'ai rien à y perdre.

Je baisse la tête. Les autres élèves ricanent. Un mot à mes parents, la belle affaire ! Ils sont bien trop occupés pour s'intéresser un minimum à moi. Mes parents sont des gens très affairés dans la vie. C'est bien simple, ils ont toujours quelque chose à faire. Du moins c'est ce qu'ils prétendent. À moins que ça ne soit qu'un prétexte pour ne pas avoir à s'occuper de moi.

  Ma mère, Lucy, est avocate. Elle a de beaux cheveux châtains clairs relevés en un chignon vague et de grands yeux bleus rieurs. Mais ces derniers temps, ils semblent plus tristes. Peut-être à cause des absences de plus en plus fréquentes de mon père. Papa... Lorsque je dis ces mots, j'ai envie de vomir.

  Mon père se nomme Lucas. Il est très beau, avec ses cheveux poivre et sel et ses yeux verts. Il est patron d'une entreprise, et on ne le voit plus très souvent à la maison. De toute façon ça m'est égal, je ne lui pardonnerais jamais ce qu'il a fait. Même si ça remonte à longtemps, qu'importe ? Il a trahi ma mère, ma sœur et moi. Il nous a toutes trahies. Alors pourquoi est-ce que, ces derniers temps, c'est moi qui ai l'impression d'être une menteuse ? 

  C'était quand j'avais sept ans. Ce jour là, j'étais passé voir mon père au bureau. Je voulais lui offrir un dessin. En passant devant une petite pièce, j'ai vu la porte ouverte, et, curieuse, j'ai regardé à l'intérieur.

Ce que j'ai vu m'a brisé le cœur en mille morceaux.

  Dans le bureau de mon père, il y a sa secrétaire, Sara. Jeune, jolie, avec de longs cheveux noirs, des lèvres si rouges qu'on dirait qu'elles sont en sang et des yeux trop maquillés, elle était tout l'opposé de ma mère. Elle était là avec mon père, lui debout et elle assise sur le bureau. Ils étaient très proches l'un de l'autre. 

Trop proches. 

Ils discutaient à voix basse, et un moment, ils avaient l'air de se disputer. Puis mon père s'est penché vers elle pour l'embrasser, et elle ne l'a pas repoussé. Choquée, j'ai laissé tomber mon dessin et suis rentrée à la maison en pleurant, car malgré mon jeune âge, j'avais compris qu'il se passait quelque chose entre eux. Je n'en ai jamais parlé à ma mère. Peut-être que j'espérais avoir rêvé.

  Quant à moi, je m'appelle Summer. J'ai 15 ans, l'âge où l'on passe un cap. La transition entre l'adolescence et l'âge adulte. J'ai un assez fort caractère, ce qui m'attire souvent des ennuis. Je n'y peux rien : je ne peux pas m'empêcher de dire ce qui me dérange. Ma mère dit que je suis « spontanée », mon père préfère le terme d' « enquiquineuse », et je me qualifierai de « peu réfléchie ». La plupart des gens pensent que je suis dépressive ou que j'ai subi un traumatisme ; mais si je souris peu et pleure souvent, c'est à cause de l'adultère de mon père, qui occupe toutes mes pensées depuis que j'ai sept ans. C'est peut-être aussi pour ça que je n'ai jamais été une enfant très joyeuse et toujours inquiète, avec peu de repères.