Deadly Summer

Thaïlande

                    

Lorsque ses yeux croisent les miens, je comprend tout de suite de qui il s'agit. Ce regard, ces yeux clairs bordés de cils noirs, je ne peux manquer de reconnaître Candace MacDarty.

  Candace est une fille d'un lycée voisin au notre. Enfin, pas n'importe laquelle ; ça doit être une des plus belles de son établissement. On ne parle que d'elle là-bas. Il faut reconnaître qu'elle est magnifique. Mais d'une beauté spéciale, presque intimidante, même pour moi qui ne me laisse pourtant pas marcher sur les pieds.

Elle a de longs cheveux auburn, d'un blond-roux caramel aux reflets parfaits, qu'elle noue souvent en une longue tresse épi. Aujourd'hui, ils sont surmonté d'un petit chapeau noir avec un ruban. Sa peau est laiteuse, d'une pâleur de neige, et ses joues se colorent délicatement de rose lorsqu'elle a froid. Mais le plus troublant chez elle, ce sont ses yeux. Elle a des yeux superbes, d'un beau bleu glacier teinté de mauve. Pour couronner le tout, ils sont bordés de longs cils noirs d'ébène qui intensifient ses yeux. Je ne connais pas bien Candace, seulement de réputation. Mais je ne savais pas que c'était une amie de Gizem.

  Quand ses yeux croisent les miens, j'ai l'impression qu'elle peut lire en moi comme elle lirait un livre ouvert. Elle me détaille d'un air impénétrable, et semble tirer une conclusion de son observation dans sa tête, comme si elle me mettait une étiquette et qu'elle me classait dans une certaine catégorie de gens. Ça me met un peu mal à l'aise, et elle doit le voir car son visage se détend et reprend un air normal. Elle me sourit gentiment et me fait la bise.

Puis Lou me tapote sur l'épaule, et je dévisage avec stupeur la personne qu'elle a choisi d'emmener.

  C'est un garçon, ça, je m'en doutais un peu. Mais quel garçon ! Il est plutôt pas mal, avec ses cheveux noirs et ses yeux gris. Ce qui m'ébahit chez lui, c'est son charme. Il semble être un sacré tombeur. Je pense qu'il charmerait n'importe quelle fille, peu importe son âge. Ce n'est pas tellement sa beauté qui le rend si attirant, il a juste quelque chose que les autres garçons n'ont pas. Je ne saurais pas l'expliquer. Et je dois avouer que je ne peux pas m'empêcher de baisser les yeux lorsqu'il me regarde.

  Après s'être brièvement parlé et avoir fait connaissance avec tout le monde, nous nous asseyons sur des sièges en attendant que notre avion arrive. J'en profite pour acheter un paquet d'oursons à la guimauve et une bouteille d'eau pétillante. Lorsque je suis de retour, je ne trouve que Candace, toute seule, en train de se refaire les ongles.

« -Où sont partis les autres ?

-Au bar. Louise avait soif, et les autres aussi alors...

-Ah, d'accord... Mais toi tu n'avais pas soif ?

-Non, puisque je suis là. »

Malgré son mépris et son manque d'intérêt évidents, je tente une conversation. J'apprends ainsi qu'elle est enfant unique, qu'elle habite dans un grand manoir près de la mer et qu'elle a une chienne appelée Laika. Quand je lui parle de sa popularité au lycée, elle rit un peu.

« - Et toi, tu te considères comme populaire ? »

Je réfléchis un peu, puis répond :

« -Non. Pour moi, la popularité, c'est un concept, pas une classe sociale. Et je refuse cette idée que les personnes populaires sont les meilleures, les plus belles ou les mieux fringuées. Je pense que les gens dits populaires sont ceux qui ont beaucoup d'amis parce qu'ils ont confiance en eux. »

Sans se dépourvoir de son sourire mi-moqueur, mi-méprisant, elle plante ses yeux dans les miens et murmure :

« -Et ce n'est pas ton cas, n'est-ce pas ? »