A murs clos

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Summer

Après le malheureux incident de la piscine, Maé propose que l'on retourne au parc d'attractions.

« -Ça va te changer les idées », m'assure-t-elle.

Mais en arrivant, je comprend tout de suite que ça ne va pas me « changer les idées ». Je reconnais le parc dans lequel m'avait conduit Sam une fois. Sauf qu'il est désert.

« -Désolée, je ne savais pas qu'il serait vide ! s'excuse Maé, confuse.

-Ce n'est pas grave, il doit y avoir moyen de s'amuser quand même », la rassure Liam.

Partout où nous allons, c'est le silence total. Toutes les attractions sont désertes. L'odeur de barbe à papa me donne mal au cœur. Je découvre un cadavre de rat mort sous la table de black jack. Je vois que Maé se sent assez mal aussi. Quand à Candace, n'en parlons pas : elle a l'air complètement déprimée et dégoûtée. Étonnement, elle se tient loin de Sam, comme si elle voulait se tenir à distance de lui. Peut-être se sont-ils disputés ? À vrai dire, ça m'est égal. Je ne ressens plus rien après la trahison de Sam. À présent, il m'apparaît comme un étranger, à tel point que je ne reconnais plus. L'air sinistre, ses yeux oscillent entre Candace et moi, comme s'il ne savait plus vraiment où il en était. Je le méprise, je pense soudain. Il m'a trompée avec ma rivale, qui l'a à son tour laissé tomber, et maintenant, il est seul et penaud. Pourtant je n'éprouve aucune pitié à son égard, ni à l'égard de Candace d'ailleurs.

« -Je crois que je vais rentrer, j'annonce.

-Nous aussi, répondent Candace et Maé, comme je m'y attendais.

-Déjà ? » bougonne Gizem.

Je passe un bras autour de son épaule. Je sais qu'elle n'a pas envie de rester seule avec Liam. Je l'embrasse et lui prend les mains, mais elle ne se décrispe pas. Avec un regard noir pour Liam, j'agite la main et me retourne.

« -Allez les filles, c'est parti, dit Maé. On est pas très loin du camping. »

En effet, une poignée de minutes plus tard, nous apercevons le chalet. Les sacs de courses pleins à craquer se trouvent déjà dans l'entrée. J'en transporte un dans la cuisine, mais, exténuée, laisse le second en plan.

« -Ouuh, la flemmarde ! se moque gentiment Maé.

-Oh, ça va hein ! » je réplique sur le même ton.

Nous commençons à ranger les affaires dans le frigo tandis que Candace enlève sa veste dans le salon. Sans les autres, la maison est un peu vide.

C'est alors qu'une alarme criarde retentit. Je lâche un pot de confiture, qui se brise sur le sol. Chacune plaque ses mains sur ses oreilles, assourdie. Et sous mes yeux ébahis, je vois la porte de la cuisine se refermer lentement... avant de claquer violemment.

« -Qu'est-ce qui se passe ? crie Candace de l'autre côté. Les portes de l'entrée et du couloir se sont fermées !

-Celles-ci aussi », je réponds le plus fort possible pour qu'elle m'entende au dessus de l'alarme qui retentit toujours.

Même les volets se sont clos, et l'endroit baigné de soleil quelques instants auparavant est maintenant plongé dans l'obscurité.

Soudain, l'alarme se tait. Un grand silence envahit l'espace. Tremblante, je pose ma main sur la poignée et tourne ; fermée. J'ai beau forcer et donner des coups dans la porte, rien n'y fait. Je tourne lentement la tête vers Maé, pâle comme un drap. De l'autre côté, j'entends Candace s'acharner aussi, en vain. Et c'est alors qu'une musique retentit dans la cuisine et le salon. Une musique classique, très douce, qui me rappelle une berceuse apaisante. Sauf qu'elle ne m'apaise pas du tout.

Deadly SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant