Une nuit rouge écarlate

13 3 3
                                    

Je sais que je devrais me lancer à sa poursuite, mais je ne peux pas. Je suis trop angoissée pour ça.

Encore tremblante, je m'assieds sur un rocher et m'entoure de mes bras. Des larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Que vient-il de se passer exactement ? Je me suis disputée avec Lou. Violemment. Et je l'ai poussée. Elle est peut-être blessée ?

Ce n'est pas la première fois que je fais ce genre de crise. Il m'est déjà arrivée d'être violente ainsi. Je suis d'un naturel défensif. Mais tout de même... De là à la pousser ainsi...

Je sanglote, seule sur mon rocher. Lou était si étrange... Mais les faits sont là, je l'ai poussée. La victime, dans cette histoire, c'est elle, pas moi.

La nuit tombe petit-à-petit. Lou n'est toujours pas là. Je suis tellement inquiète que j'en suis malade.

Au loin, j'entends mon nom. Je redresse la tête. Lou ? Mais non, ce n'est pas sa voix. J'aperçois Gizem qui sort des bois. Je cours vers elle et, rassérénée, lui dit :

« -Oh mon dieu, je suis tellement heureuse de te voir ! Gizem, c'est horrible, j'ai fait quelque chose d'affreux... »

Elle me regarde et je m'aperçois que ses joues sont ruisselantes de larmes. Elle me prend les mains, et je sens que quelque chose ne va pas.

« -Est-ce que tout va bien ? je demande, appréhensive.

Pour seule réponse, elle pleure. Mon cœur tombe dans ma poitrine.

« -Gizem ? je l'appelle d'une toute petite voix.

Elle est en proie à une véritable crise de larmes. Se couvrant la bouche d'une main, de l'autre, elle pointe son doigt en direction des bois. J'y cours, plus inquiète que jamais. Et là, un affreux spectacle m'attends.

D'abord, je vois Zack et Sam qui discutent à voix basse. Ils ont l'air inquiet. Puis, à côté, Maé, qui semble au bord de la panique. Elle téléphone à sa mère en criant presque dans le combiné. Et dans un coin de la clairière, Candace, qui a pris Sunday dans ses bras et tente de la rassurer. Elle regarde dans une direction précise, sa lèvre inférieure tremblant légèrement. On dirait qu'elle a envie de vomir.

Prise d'un horrible pressentiment, je suis son regard. D'abord je ne vois rien, à cause de l'obscurité environnante. Puis dans le noir se dessinent deux pieds. Des jambes. Un buste. Et, tout au bout, une masse de cheveux blonds emmêlés et pleins de sable.

Avant même de voir son visage, je sais de qui il s'agit. Je me laisse tomber à genoux sur l'herbe en hurlant son nom. Les larmes me brouillent la vue et me brûlent les joues. Je n'ai jamais été en proie à un si grand désespoir.

Car le corps qui gît au clair de lune, c'est celui de Lou.

***

Liam

Nous sommes tous regroupés dans la petite clairière à l'orée des bois. Cette nuit est la plus terrifiante de toute ma vie. La police est là, certains regroupés autour du corps, d'autres parlant dans leurs talkie-walkie. Summer est à genoux auprès de Louise. Elle pleure toutes les larmes de son corps en répétant : « C'est ma faute, tout est ma faute... » Pauvre Summer. Elle est traumatisée. Découvrir le corps d'une de ses meilleures amies dans une forêt, ça doit être éprouvant. Mais personne n'aurait pu éviter ça. Comme dit ma mère, il faut « accepter le destin qui nous est donné ». Summer ne serait sûrement pas de mon avis. C'est une battante, et si son destin ne lui convient pas, elle fera tout pour le changer.

Moi-même, je n'ai pas un destin très réjouissant. Je vis avec ma mère , mon beau-père et ma demi-sœur Gizem dans un tout petit appartement au cœur de Londres. Je ne connais pas mon père, qui est parti quand j'avais trois ans. Je n'ai aucun souvenir de lui, mais il ne me manque pas. Il est parti, tant pis. Je ne vais pas passer ma vie à courir après une ombre.

Deadly SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant