Délivrance

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Summer (journal) :

Jour 1. J'écris ces feuilles pour que l'on sache tout ce qu'il se passe ici, et pour que, si je finis par mourir de faim, mes amis se rappellent de moi et aient une trace de mes derniers instants.

Cela fait déjà un jour que nous sommes ici, avec Candace et Maé. Les volets sont toujours fermés, et aucun signe de vie ni d'aide. Cette satanée musique passe encore et encore, tourne en boucle, inlassablement. Elle s'arrête toutes les deux heures environ, mais je n'en suis pas tout à fait sûr, je n'ai aucune notion de temps ici. Je m'étonne de ce que nous ne soyons pas encore sourdes. Je n'entend même plus où elle commence et où elle finit.

Avec les filles, nous parlons peu. Je crois qu'on est toutes trop fatiguées, malheureuses et encore un peu bouleversées. Moi, j'ai trouvé des feuilles et un stylo dans le tiroir de la cuisine, alors j'écris, j'écris. Et je réfléchis.

Je ne comprend toujours pas comment cela a pu arriver. Nous sommes rentrées dans cette maison, et depuis, il n'y a pas moyen d'en ressortir. Nous ne pouvons ni nous reposer, à cause de la musique constante, ni manger à notre faim. Nous ne savons pas combien de temps nous resterons ici, alors il faut économiser la nourriture. J'ignore si je tiendrai très longtemps.

Jour 2. De plus en plus faibles. Nous ne mangeons que deux fois pas jour, et mon corps commence à ressentir les effets de la carence alimentaire. Cette nuit, j'ai encore entendu Maé pleurer dans son sommeil. J'espère que Candace va bien. Nous nous parlons occasionnellement à travers la porte.

« -Ça va ? me chuchote-t-elle parfois.

-On tient le coup. Et toi ?

-Je me sens un peu seule. J'aimerais être avec vous, répond-elle alors, avec un léger sourire dans la voix.

Je lui suis reconnaissante d'être optimiste dans un moment pareil. Dire qu'il y a quelques jours seulement je ne la supportais pas...

-Sois forte, je murmure en essayant d'y croire. Tout ça sera bientôt fini. Résiste. »

Elle se détourne alors en soupirant et chantonne à voix basse : « Prouve que tu existes... ».

Jour 3. Je n'arrive pas à croire que nous sommes ici depuis déjà trois jours. Mais que font nos amis ? J'aimerais tant les voir...

Candace, Maé et moi sommes toujours vivantes, mais de plus en plus, nos oreilles s'assourdissent, nos joues s'amincissent, et nos paupières s'alourdissent. Nous sommes fatiguées, affamées et désespérées. Candace a essayé de jouer du piano par dessus la musique entêtante, mais malgré ses talents et sa bonne volonté, ça n'a donné qu'une cacophonie affreusement fausse.

À présent, dès que je pense au monde extérieur, les larmes me viennent aux yeux. Je voudrais revoir l'herbe verte et fleurie, entendre les cigales le soir, marcher pieds nus sur la plage, et surtout, retrouver la lumière éblouissante du soleil. Je voudrais la regarder jusqu'à avoir mal aux yeux, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à l'aveuglement. Mais plus que tout, je voudrais revoir mes proches... Mes amis, mais aussi ma famille ! Ma mère me manque tellement... Et ma sœur, elle doit avoir si peur sans moi ! Quant à mon père, j'espère qu'il pense à moi et qu'il s'occupe bien de maman. Je serais même contente de revoir Sara !

Jour 4. Très mal dormi. J'ai l'impression que cette musique augmente de volume chaque jour. Cette nuit, j'ai rêvé de Louise. Elle essayait de me dire quelque chose, mais à chaque fois, elle disparaissait avant d'avoir fini sa phrase. Puis elle réapparaissait ailleurs et recommençait. Au bout d'un moment, elle a ouvert de grands yeux, s'est mise à hurler pour finalement tomber sur le sol, couverte de sang. Je me suis réveillée à quatre heures du matin en criant, et j'avais une bosse à l'arrière du crâne.

Deadly SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant