Jour 5914

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Cette nuit j'ai rêvé. J'ai rêvé que la porte par laquelle passe la nourriture s'ouvrait. Quelqu'un passait le seuil et venait dans ma cellule. J'avais peur. Je m'étais recroquevillée dans le coin de mon lit, pour que mon corps soit le moins exposé. Des gens rentraient. Cela fait 5914 jours que je n'ai pas vu d'autres gens. 5914 jours que je me demande si il y en a d'autres. 5914 jours que la folie me guette, cachée dans l'ombre. 5914 jours que je la repousse. Ces gens étaient plus grands que moi, ils avaient des cheveux beaucoup plus courts que les miens qui m'arrivent à la taille, ils avaient des vêtements noirs. Ils ne me regardaient pas, ils déposaient juste un second lit dans la pièce. Puis ils guidaient quelqu'un avec un sac sur la tête et les mains attachées dans le dos dans la cellule et le faisaient asseoir sur sa couche. Je ne bougeais pas. Je voulais croire qu'ils ne me verraient pas, ils me faisaient peur. Alors qu'ils partaient, je me rendis compte que je pouvais sortir, mais quand j'atteignais la porte, celle-ci se fermait. Je n'avais eu que le temps de voir une immense prairie, comme celle qui est devant l'ouverture.

Le nouveau venu se levait et essayait d'enlever ses liens. Je ne savais pas ce qu'il me voulait, peut-être qu'il me voulait du mal. Mais avec le raisonnement que l'on a en rêve, j'en avais déduit que non, que je ne risquais rien. Je m'étais levée et étais allée l'aider. Quand le sac s'était retrouvé à terre et qu'il avait pu voir, il s'était rassis et m'avait observé. Je m'étais éloignée. Je voulais me remettre en sécurité, mais je ne savais plus comment l'être. Après réflexion sur tout ce qui s'est passé dans mon rêve, je réalise que malgré la peur, l'enfermement, la solitude, le manque de lumière, la déficience de mots, et bien plus encore, je me sens pas en danger. Mes 4 murs me protègent. Tout ce qui me fait peur est ce qui est relatif à l'extérieur. Ce que je ne connais pas, ce sur quoi je n'ai aucun pouvoir, ce qui est variable. C'est tout ça qui me fait peur.

Depuis 5548 jours, je ne regarde plus la porte de plein gré. Pendant un an je voulais savoir, savoir ce qui était derrière, savoir qui était derrière, savoir d'où je venais, mais surtout savoir qui j'étais. J'étais jeune, je recherchais de l'affection, de l'amour. Aujourd'hui, je veux juste vivre. Vivre enfermé est étrange et assez répétitif, mais c'est ma vie. Mon rêve me revient à l'esprit. Je ne sais plus à quoi cette personne ressemblait, je n'ai plus de souvenirs, ils s'effacent peu à peu. J'ai de nouveau peur. Peur que tout s'efface et que le peu que je possède soit réduit à néant. Mes souvenirs sont tous ce que j'ai, ils me tiennent compagnie et ce sont les seuls auxquels je parle. Bien sûr ils ne varient que très peu, mais ils sont à moi, seulement à moi. Je m'assois au milieu du sol et essaie de toutes mes forces de les graver dans ma mémoire. Je repasse tout le fil du rêve, encore et encore, jusqu'à ce qu'il soit mon identique. Prisonnier, prisonnier de mon seul esprit. Dans mon rêve que j'avais gravé dans ma mémoire, je trouvais le nouveau comme moi. Je me comportais normalement mais j'étais persuadée que dans la réalité, je me serais recroquevillée sur mon lit et l'aurais observé à la dérobée.

J'en suis là dans mes pensées, quand la porte s'ouvre.

NDA : un nouveau petit chapitre, si jamais mon style évolue de façon désagréable n'hésitez surtout pas à me le dire ! J'en prendrais note !
Merci encore à tous ceux qui lisent, votent et commentent !
Vous avez toute ma gratitude :)

4 murs et une fille.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant