Jour 5916

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Mes yeux s'ouvrent. Je regarde le plafond. Sans bouger, en respirant à peine. Je me concentre. J'entends du bruit. Ce n'est pas le vent, ce n'est pas un oiseau, ce n'est pas la pluie, c'est un souffle. Quelqu'un respire. Je me souviens de lui. Je me tourne et le vois. Il dort. Il est tourné vers mon lit, sur le côté. Je vois son visage. Je l'ai déjà vu dans le noir mais avec la lumière du jour, cela change. Je ne sais pas si il est joli. Mais qu'est-ce que la beauté ? Je ne me suis jamais vue. J'ai peur d'être moche. Et je me rends compte, je me rends compte que ma peur avait disparu. Mais elle est de nouveau là. Elle s'immisce lentement mais sûrement en moi. Elle passe par le bas de mon dos et monte, monte, monte jusqu'à ma tête. Je sens mon cou qui se tend. Il existe un mot pour dire quand tout est tendu, c'est... c'est... c'est... la tension ! J'ai trouvé un mot. Toute seule. Donc je sens la tension dans mon cou, une tension qui ne se relâche pas. Je ne veux pas avoir peur. J'essaie, j'essaie de la faire redescendre, j'essaie de me dire que je suis jolie. Je n'y crois pas. Je n'aie pas confiance, confiance en moi.

Je veux le voir de plus près, le toucher, le découvrir. Il est l'objet de toute ma curiosité. Je vérifie que ses yeux sont fermés et je me lève. J'avance doucement, lentement, silencieusement. J'arrive près de lui. Il ne bouge presque pas. Je veux qu'il vive. Je ne le connais pas. Mais je ne suis plus seule, nous sommes deux. Alors je vérifie qu'il respire. J'approche ma tête de son visage et je sens son souffle. Il vit. Je me recule pour pouvoir le voir, il est pour moi ce qu'il y a de plus beau, du moins dans mon univers. Je m'assois. Je le regarde. Longtemps. Pour presque ne plus bouger. Je ne sais pas combien de temps s'écoule. Il a tout décalé mes calculs. Ils me faisaient exister mais c'était plus survivre alors qu'en me donnant seulement sa présence, il me fait exister.

Ses yeux s'ouvrent. Il est toujours calme. Il se lève et vient s'asseoir en face de moi. Discrètement cette nuit, je me suis entraînée à parler. À parler avec des sons, mais sans voix. Ça imitait le bruit du vent de temps en temps. Surtout quand je faisais << ffffffff >>, c'était étrange. Je ne pensais pas que je possédais un tel pouvoir. Le pouvoir de retranscrire ce qui m'entoure par le seul biais des sons, de la voix, des mots, de la parole. Alors remplie de la force que mon entraînement m'apporte, je lève les yeux et viens les planter dans les siens. Il ne cille pas. Ciller est un mot savant que je suis fière de connaître, c'est un des rares mots savants dont je me souviens, et cela me manque.
Ses yeux sont toujours fixés sur moi. Je regarde leur couleur. Je ne sais toujours pas quel est le nom de cette couleur. Alors je me lance dans l'inconnu, et lui demande.

- Tes yeeeux ssont de quelllle couleur ?

Je n'ai presque pas eu de problème pour former les mots. Je parle lentement, mais je parle. Et il me répond.

- Mes yeux sont de couleur turquoise.

Il parle lentement. Il parle en détachant tous les mots. Il parle pour que je comprenne. Et je comprends.

- C'est beau, je dis en prononçant ainsi ma première phrase sans aucune hésitation.

- Merci, continue-t-il, je suis Elijah.

- Je suis content de te voir, je réponds.

- Contente, dit-il en insistant bien sur la fin, tu es une fille.

- Contente, je répète.

- Tu n'as pas de prénom ?

- Non.

- Alors nous allons t'en chercher un, il faut que tu aies un prénom pour vivre.

- D'accord.

- Que penses-tu de Hanaé ?

- Hanaé ? Non.

- Clélia ?

- Pas moi.

- Bon donc en plus de ne pas avoir de nom, tu es difficile, et Linaëlle ?

- Pas moi.

- Zoya ?

- Horrible, il me donne l'impression de mourir.

- Mourir ? C'est étrange, tu es assez curieuse et paisible. Je pense qu'il te faut un prénom qui te corresponde exactement, un prénom qui évoque la sagesse, dit-il alors que je l'écoute passionnément malgré que certains termes m'échappent. Connais-tu Athéna ?

- Non, mais c'est joli, simple et j'ai l'impression de me reconnaître.

- Athéna était une déesse grecque, la déesse de la sagesse.

Lorsqu'il prononce ces mots, je sais que c'est ce prénom que je vais garder. Il m'offre comme une nouvelle carapace que j'ai envie de garder pour toujours. Mais la moitié des paroles qu'Elijah a prononcé après sont incompréhensibles. J'aime bien son prénom, il sonne comme lui.

- Déesse ? Grecque ? Qu'est-ce que c'est ? je demande.

- Grecque cela veut dire qu'elle vient de Grèce, la Grèce est un pays, assez loin d'ici, à plusieurs semaines de marche de là où nous sommes.

- Et déesse ?

- C'est très compliqué. Il y a longtemps, beaucoup d'années, les autres humains qui vivaient en Grèce croyaient que des dieux hommes et des déesses femmes les protégeaient et dirigeaient le monde. Il y avait des dieux pour toutes les activités et Athéna était celle de la sagesse, cela veut dire que lorsque quelqu'un voulait être plus sage, il allait dans un temple et priait Athéna de la lui donner.

- Je n'ai pas tout compris, mais j'aime le nom.

- Alors c'est d'accord, tu es Athéna.

- Je suis Athéna.

NDA : le média est une représentation d'Elijah qui est tout comme celui de Vampire Diaries avec l'acteur Daniel Gillies, excepté les yeux turquoise.
Merci à ceux qui lisent, commentent et votent !
Je vous retrouve avec un nouveau chapitre ! :)
Bisous bisous

4 murs et une fille.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant