La sonnerie du téléphone la tira brutalement de son sommeil. C'était un numéro qu'elle ne connaissait pas. Elle hésita à le mettre en sourdine pour pouvoir se rendormir, mais l'heure qu'affichait l'horloge l'en dissuada. Il était dix-huit heures.
- Allo ? Dit-elle d'une voix pâteuse.
- Bonsoir, excusez-moi de vous déranger, répondit une voix masculine avec un léger accent oriental, vous avez essayé de me joindre il y a deux jours mais je n'étais pas en France...
Victoria se dressa sur ses jambes, le cœur battant. Elle avait bien failli l'oublier. Ce devait être le numéro que le turc de la sandwicherie lui avait donné. Déboussolée, elle prit quelques secondes pour rassembler ses esprits.
- Oui... en effet. J'ai dû me tromper de numéro...
L'homme au bout du fil lui répondit par un silence embarrassant.
- Je vois. Un ami m'a dit qu'il avait donné mon contact à une jeune femme, je pensais que c'était vous.
- Que vous a-t-il dit ? s'empressa de demander Victoria.
Sa main tremblante serrait le téléphone. Son cœur battait si vite qu'elle pouvait l'entendre cogner contre sa cage thoracique.
- Il m'a dit que vous auriez peut-être besoin de mes services.
- Quel genre de service ?
L'homme laissa échapper un petit rire.
- Vous savez, je n'aime pas parler de ce genre de chose par téléphone.
Victoria perdait patience.
- Qui êtes-vous ? lança-t-elle
- Oh ! pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Professeur Hakim Abdallah, théologien et spécialiste en démonologie.
La jeune femme n'en croyait pas ses oreilles. Elle se laissa tomber sur son canapé, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, cherchant à comprendre ce que tout cela signifiait.
- Démono... écoutez Monsieur Abdallah, je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps mais je ne pense pas avoir besoin de vos... services. J'ai juste... j'ai simplement fais une erreur de numéro. Répondit-elle d'une voix chevrotante qui feignait mal la décontraction.
- Il n'y a aucun problème Mademoiselle. Cela arrive à tout le monde. Je vous souhaite une bonne soirée. Au revoir.
Il eut un court silence, puis l'homme raccrocha.
Le regard dans le vide, elle demeura quelques longues secondes le téléphone collé à son oreille avant de le déposer sur sa table basse.
Elle balaya de ses yeux ourlés de cernes son salon et s'aperçut avec stupeur que les assiettes empilées sur sa table basse étaient vides et propres et qu'il n'y avait aucune bougie. Seul le carton d'invitation de Chiara était ouvert, tout comme la boite de somnifère où deux pilules manquaient à l'appel.
« Qu'est-ce que... »
Elle se leva d'un bond et couru jusqu'à sa salle de bain où l'eau de son bain stagnait encore. Sur le rebord de la baignoire, elle trouva la bouteille de vodka, vide.
« Seigneur, Pardonnez-moi car j'ai péché. »
Les mains jointes, les yeux clos, Victoria était à genoux devant le crucifix de son salon.
Quelques larmes s'échappèrent de ses yeux. Elle était à bout de force. Voilà que cette nuit encore, elle n'avait pas dormi. A croire que sans ses somnifères, le sommeil ne reviendrait plus. A force de prier, ses genoux étaient en feu mais elle n'avait pas la force de se relever. Lorsqu'elle ouvrit les yeux et qu'ils firent le tour de son salon, elle s'aperçut de l'état chaotique de sa vie. Comment en était-elle arrivée là ? Toutes ses questions qui tournaient en boucle dans sa tête avaient finis par avoir raison d'elle et elle en conclut que sa raison, comme le sommeil, l'avaient abandonné. Même Dieu, l'avait abandonnée.
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Celui qui toujours nie
ParanormalOn dit que lorsque la Terre effectue sa rotation quotidienne, il est une heure à laquelle les ténèbres ne sont soumises qu'à leurs propres lois. Mieux vaut, à cette heure-ci, dormir et laisser son âme s'aérer de son enveloppe charnelle, car, c'est l...