4. Closer

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Rick s'était promis de ne plus jamais pleurer comme il l'avait fait devant le van, alors que Negan lui demandait de couper littéralement le bras de son propre fils. Plus jamais il ne voulait se montrer aussi faible face à lui, mais rien n'y faisait... Toutes ses expressions trahissaient sa peur, sa soumission. Là, encore à genoux dans la chapelle, il avait les yeux rivés sur le sol, et n'arrivait pas à se relever. Il avait la main plaquée sur sa bouche, il avait l'impression de sentir ses lèvres pulser sous ses doigts, encore abusées. Il avait envie de vomir, des hauts de cœur qu'il contrôlait comme il le pouvait. Cette expérience forcée lui laissait un goût désagréable sur la langue, pire qu'amer, c'était le goût de l'humiliation qui lui brûlait désormais la gorge.

Il n'arrivait pas à se relever, alors que Negan ricanait devant lui, rattachait son pantalon, et repositionnait Lucille sur son épaule.

— Allez Rick, c'est rien, c'était pas si terrible, si ? ironisa-t'il, en commençant à faire demi-tour, vers la sortie de la chapelle.

Quand il le vit prêt a quitter les lieux, Rick réagit. Il ne pouvait pas rester à terre, et montrer aux autres ce qu'il venait de subir. Il savait très bien qu'il était bloqué, coincé. Il ne pouvait pas avouer ça, par honte, mais aussi par peur. Negan n'avait pas eu besoin de lui dire, il avait très bien compris que parler aurait aggravé son cas... ou celui des autres. Il posa alors un pied à terre, se redressant difficilement avant que Negan n'ouvre les portes. D'ailleurs, celui-ci se retourna en l'entendant faire, son petit sourire aux lèvres.

— Ne pense pas que c'est terminé, fit-il en ricanant. J'ai à peine commencé. 

Il ouvrit les portes. Rick le regarda partir, alors que Gabriel avait guetté sa sortie. L'estomac de Rick se tordit brusquement. Il espérait que rien ne paraissait sur son visage, qu'aucun bruit n'avait alerté l'homme de foi. Il lui lança un simple regard de compassion. Gabriel était loin de s'imaginer ce qui avait pu se passer ici en dehors d'un entretien potentiellement brutal, ou humiliant. Rick le savait. Il ne dit rien de plus, le laissant regagner le centre d'Alexandria, suivant les pas de Negan.

La quasi totalité des armes avait déjà été embarquée dans leurs camionnettes. Il vit alors sortir de sa maison deux hommes, portant leurs matelas, suivit de Carl, qui n'acceptait pas cet acte. Le garçon au chapeau couru derrière eux, avant que Rick ne l'attrape par le bras, pour le retenir.

— Papa ! Ils embarquent les matelas, la bouffe, les armes !

— Je sais Carl, calme toi, c'était convenu. 

Pourtant c'était loin d'être convenu ainsi. Mais il ne fallait pas que le jeune homme sorte de ses gonds, surtout pas devant Negan. Celui-ci, d'ailleurs, s'approcha lentement de la scène qui se déroulait devant lui, observant le regard défiant du garçon borne. Il semblait haineux, hargneux.

— Well well, je vois qu'un de vous n'est pas d'accord ? Il se pencha, en regardant bien Carl dans le seul œil qu'il lui restait. Aussi fougueux que son père, hein ? 

Rick ne pouvait s'empêcher d'avoir le sang qui bouillonnait. Il avait tellement eu peur, il y a quelques jours, de perdre Carl, de devoir le faire du mal. L'ennemi savait qu'il était son point faible, et qu'il pouvait s'en servir dès qu'il le souhaitait pour faire plier Rick. Il était capable de tout. Il maîtrisait son fils par le bras, pour qu'il n'en fasse pas plus. Mais il ne pouvait contrôler son débit de parole. Le mutisme de son père agaçait Carl au plus haut point. Pourtant lui aussi avait assisté au massacre, mais sa fougueuse jeunesse l'empêchait de s'agenouiller en premier.

— Pourquoi vous nous prenez tout, hein ? C'était pas ça le marché.

— T-t-t, du calme gamin. J'en ai discuté avec ton cher père... 

LIBERA MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant