Chapitre 3: Zabojca, ou le nom de la destinée

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PDV Aisling:

Dùnkan s'était levé plus tôt, du moins c'est ce qu'Aisling put constater. Il semblait anxieux à l'idée de pouvoir perdre son fils, tout comme Aisling l'était pour son frère. Ce dernier était déjà prêt pour les achats.

Aisling avait demandé à y aller, consciente qu'elle pourrait acheter quelques flèches, des matériaux pour les pièges ou mieux encore, et son père avait accepté.

Alors la famille au complet, ou presque, partit, sans précautions extrêmes: personne ne venait ici, pour une raison: les habitants du village le plus proche, nommé Imeachta, n'exploraient pas la forêt, le refuge d'Aisling  et de sa famille. En effet, les villageois avaient une crainte de la forêt, car c'était le repaire de la plupart des Souffleurs de la région. De ce fait, Dùnkan avait juste fermé la porte de sapin.

De plus, il circulait une rumeur parmi les conteurs, selon laquelle des empreintes d'animaux, trouvées par les chasseurs ne menaient à rien, ou plutôt à des flaques de sang séché, sans raisons. Aisling était flattée par cette réputation anonyme de terreur de la forêt, même si elle ne pouvait s'en vanter, de crainte de perdre son secret et la confiance de tout le village.

Arrivés au village, les habitudes n'avaient pas changé. Le marché se tenait au même endroit que les autres jours.

Souvent c'était Aisling qui, en douce, vendait la viande que, du moins c'est ce qu'elle faisait croire, son père chassait. Ce fût leur seule source de revenus, avec le travail de Dùnkan au port. La première chose que fit le père de famille ne se fit pas attendre.

Il partit voir Pantú, le bijoutier, un homme d'apparence rustre et associable, mais avec des doigts d'elfe. Il leur adressa une grimace, car ils n'achetaient rien chez lui, et les accueillit d'un grognement:
«Avez-vous à traiter, cette fois-ci ?»

Dùnkan lui rendit son sourire et lui adressa:

-Non, toujours pas. Cependant nous sommes venus pour te vendre une marchandise inhabituelle.

-Quel type? À moins d'une affaire, je fais rarement du troc ou de l'achat de matériaux.

Le père d'Aisling ouvrit le sac et lui montra une des perles.

«Combien cela vaut il ?»

Pantú écarquilla les yeux de stupéfaction.

-Ça alors, d'authentiques perles d'huîtres! Je peux vous l'acheter pour deux milles gemmes!

Les gemmes, la monnaie courante d'Alkarim, plurent par leur nombre à Dùnkan, qui surenchérît:
-Deux milles cinq cents. La gemme.

-Quoi? C'est énorme! Mais je me dois de les prendre. Bon, j'imagine que vous ne baisserez pas. Vous êtes dur en affaires, mais c'est d'accord!

Aisling pût prendre cent gemmes pour ses achats et partit vers ses boutiques favorites, pendant que son père partit vendre le Souffleur, pour lequel il comptait obtenir un bon prix. En effet, la viande de ces animaux se vendait très bien car, en plus d'être très dure à obtenir; de nombreux chasseurs étaient morts en espérant tuer ces bêtes, mais elle était délicieuse, hélas seuls les nobles de Tsolais en mangeaient.

Dùnkan eu l'idée de le vendre moins cher aujourd'hui, pour en vendre plus.

Aisling partit vers une boutique dont la façade était composée d'un mur entièrement en bois, comme le reste de la bâtisse. Cette boutique,qui vendait toutes sortes de curiosités et bijoux étranges, était réellement faite dans un arbre. Ou du moins une partie basse d'un baobab amené directement depuis les Déserts du Sud.

En entrant dans le végétal, elle vit une silhouette encapuchonnée sortir par la porte lors de son passage, ce qui l'interpella. Aisling ne savait pas qui c'était au village, car tout le monde se connaissait à Imeachta. Aisling vit la silhouette se fondre dans le décor, puis la chasseresse vaqua à ses emplettes.

Elle partit voir Shenmí, la gérante de la boutique, qui arbora son plus beau sourire à sa vue. C'était une femme qui ne venait pas d'Alkarim, mais du même endroit que son baobab, sur les dunes de sables du désert de Qatal. Son arbre venait d'une rare oasis de cette étendue vierge et vide de vie.

Cette belle femme avait les traits endurci par l'âge, tout comme sa force, comparables à certains hommes du village, mais savait faire preuve de gentillesse à qui lui en accordait.

En revanche, si quelqu'un commettait le crime de la voler, il se passait la même chose que l'avant veille de la venue d'Aisling: le criminel avait été retrouvé assommé, totalement inconscient et martelé à coup de poêle à frire. Shenmí devait sûrement cuisiner à ce moment là, car elle se battait férocement avec tout ce lui tombait sous la main, et faisait des ravages avec.

Elle faisait preuve d'une puissance et d'une extrême agilité avec ses ustensiles, mais son"arme" favorite était le pétrisseur à pain, qu'elle utilisait souvent, car elle adorait faire du pain avec la farine d'Imeachta, réputée dans tout Alkarim. À ce que racontaient les citadins de Tsolais et les survivants de ces  représailles, elle défiait même les bretteurs royaux à coup d'outils de cuisine.

Mais le trait pour le moins original de cette femme était qu'elle avait sa peau foncée, ainsi qu'une cascade de cheveux noirs et bouclés lui atteignant les épaules, ce qui contrastait avec le teint blanc et les cheveux blonds ou roux des habitants d'Alkarim.Tout cela, Aisling le savait car l'adolescente et la boutiquière se connaissant depuis des années.

L'attention d'Aisling fût attirée par un collier aux motifs étranges, sans doutes appartenant au propre peuple de Shenmí ou plus ancien et éloigné de sa terre natale. La boutiquière vint alors lui expliquer:

-Vois tu, mon enfant, ceci est une amulette de destinée. Cet objet, doté d'une grande magie, est censé nous informer sur notre avenir, ce qui va changer notre vie et notre destin. À part cela, tu peux en faire un souvenir. Essaie donc!

Aisling mit le curieux bijou autour de son cou et, au bout d'une minute, une force comparable à un coup de poing sur son crâne lui insuffla un mot, un seul: Zabojca, un nom, pensa Aisling, qui ne lui évoquait rien, mais le fait même qu'elle l'aie entendu l'avait vidée de toute énergie.

La femme du Sud lui tapota gentiment l'épaule:

-Tu devrais aller te reposer après un tel effort...

Mais, énergiquement, Aisling se retourna et lui demanda le prix de cette amulette, car elle pensait qu'elle pouvait être un porte-bonheur.

-Tu viens si souvent, mon amie. Je ne peux te demander d'argent!

L'éloquence était donc de famille! Aisling empocha le bijou insolite en remerciant Shenmí à qui elle devait beaucoup de choses.

Je crois qu'il est plus long... à plus tard pour le prochain, et j'accueille toutes les idées, donc mettez les en commentaires ou en mp, à plus 😜 mettez une étoile pour dire que vous aimez ⭐️

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