Demi-sang

Chapitre 4: Adieu... et à plus tard

PDV Aisling:

Ce fut sans doute l'un des pires jours d'Aisling que celui-ci.

Les coqs du village chantaient déjà, et Aisling ne supportait pas de se lever après l'aube, car il était trop tard pour chasser.

Mais elle était anxieuse pour une autre raison: Yūnan avait fini ses bagages et partait ce matin, ce qui chagrinerait Aisling, mais qui était nécessaire. Alors, elle se prépara, car après son départ, elle partirait à la chasse, même si c'était trop tard.

Enfin prête, elle arpenta l'escalier de la maison le plus lentement possible, par ce qu'elle se disait que cela retarderait la "perte" de son frère.

Elle avait elle même amené les arbres et construit cette partie de la maison, elle ne doutait donc pas de la solidité de l'escalier en ébène, car c'était l'arbre le plus proche.

Au bas de l'étage se tenait le futur voyageur, qui s'adressa à Aisling :

-Je ne pars pas d'une traite jusqu'à Tsolais, il y a une caserne à trois lieues. Je m'arrêterai là bas.

-Je n'ai pas envie que tu partes, dit Aisling en pleurant avant de se rendre compte de son geste égoïste, car elle pensait le protéger.

-Il le faut pourtant, assura Yūnan en la consolant. Viens, on va dehors.

Les deux adolescents arrivèrent au chevet de la porte où se tenait Dùnkan, ce qui rappelait à Aisling les rêves d'enfants qu'elle et Yūnan avaient eu.

**huit ans avant**

Ils étaient chacun dans leurs lits, à rêver de tout, quand Aisling, âgée d'à peine sept ans, s'écria à l'attention de son frère:

-Plus tard, je sais que je manierai l'arc, pour chasser comme Papa et ramener tout plein de nourriture!

-Tu sais très bien que tu n'as pas le droit, tu es une fille! Dit Yūnan pour la calmer.

-Tu verras, je chasserai coûte que coûte!

-Tu es désespérante!

-On parie?

Puis Yūnan, après avoir abandonné, dit qu'il avait d'autres objectifs.

- Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. Tuer n'est pas une bonne chose. Mais si tu veux faire cela, c'est très bien après tout. Mais moi, je pense que je préférerais servir le roi, et manier l'épée, et pourfendre les infidèles! Sans les tuer, évidemment.

-Tu seras un chevalier, le plus grand et tu seras Yūnan le héros! Et le protecteur d'Alkarim! Je voie déjà ton triomphe!

Et tous deux riaient en pensant à cela.

**fin de l'ellipse**

Mais c'était avant le tragique accident de chasse du frère d'Aisling, et aujourd'hui plus personne ne souhaitait qu'il parte dans la famille.

Cependant maintenant que cette situation arrivait, chacun réalisant ses dits, ou presque, car Yūnan n'avait pas encore achevé son périple militaire, Aisling regrettait ce moment. Et ce fut Yūnan qui brisa le silence:

«Vous allez me manquer.»
Des mots qui concrétisaient exactement ce que tout le monde pensait en ce moment. Les deux autres de la famille lui répondirent leur vœux de bon voyage. Puis Yūnan prit la main d'Aisling dans la sienne, quelques secondes, et Aisling sentit un bout de parchemin dans sa main, avant qu'il ne la retire en disant:

-Adieu...

Aisling savait quoi répondre, car c'était une allusion, comme un code rappelant leur fraternité, qu'ils se disaient à chaque fois qu'Aisling partait à la chasse ou que Yūnan et son fils partaient faire les achats au marché. La fin, Aisling la connaissait, c'était :

«Et à plus tard», ces mots qu'Aisling murmura dans un souffle, à demi-mot.

Ces simples mots après leurs adieux montraient qu'il y avait toujours de l'espoir quand les inséparables ne se voyaient plus.

Alors Yūnan partit, et, après avoir attendu que Dùnkan soit rentré à la maison, elle lut le parchemin dans sa paume, sur lequel était inscrit ces mots:

«Pour Aisling.
C'est un pigeon qui m'avait envoyé ma missive. Il s'appelle Yong et il sait où est la maison. Si je veux vous parler, je l'enverrai. Nous ne serons pas séparés, et j'espère que jamais on ne le sera. Yūnan.»

Aisling savait toujours que son frère avait une botte secrète... Secrètement, elle lui accorda sa bénédiction, d'une efficacité négligeable, mais d'une valeur sentimentale inestimable.

Aisling espérait que ces simples pensées permettraient à Yūnan de briser des montagnes et de traverser toutes ses épreuves.