Chapitre 10 : À jamais, frères de Sang

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PDV Yūnan, quelques années auparavant:

Yūnan était tranquillement couché sur son lit rembourré de plumes en jouant avec ses figurines, un petit chevalier dans sa main gauche et un énorme loup dans l'autre, et il les faisait s'affronter dans un fracas de bois et de métal :«En garde ! Je suis le chevalier Yūnan le grand, et je suis venu te pourfendre, sale Fenrir! Tu vas relâcher la princesse !

-Oh, sauvez moi !» Hurlait Aisling, qui jouait le rôle de la princesse.

Le grand frère faisait jouer les figurines, puis il fit tomber le Dragon et poussa un cri de joie :

-Super, j'ai battu ce monstre !

C'est à ce moment que Dùnkan entra dans la pièce, armé de son arc et dit alors à son fils : «Tu viens fils, j'ai quelque chose à te montrer.

-Ouais j'arrive ! Mais tu pars pas à la chasse ?

-Si, mais avec toi, mon petit diable !

-Ouais ! Trop cool !»

Yūnan sautillait d'excitation en entendant la nouvelle : il allait enfin faire comme son père ! Près de lui, Aisling croisa les bras et fit une moue ravissante : elle était jalouse.

Dùnkan s'approcha et tenta alors de faire l'impossible. Il essaya d'expliquer qu'elle ne pourrait jamais l'accompagner, par ce que c'est une fille.

La réaction de sa fille fut extrêmement brutale; un torrent de larmes coulait quand elle entendit ça, et son père ne savait pas comment y remédier, mais il fallait qu'elle le sache un jour. Puis Yūnan partit avec son père, laissant la fille seule avec sa déception...

Une fois dehors, le fils suivit le chasseur à la trace dans la forêt, pour ne pas se perdre. Mais il prit un temps d'arrêt pour s'émerveiller devant les trésors de la nature.

Des arbres centenaires peuplaient cet endroit, et on entendait des cris de toutes sortes d'animaux, surtout le chant mélodieux des oiseaux et les bruissements des rongeurs. Au loin, on entendait le clapotis de quelques ruisseaux qui traversaient l'étendue de bois devant eux.

Enfin il emboîta le pas de Dùnkan qui l'appelait au loin. Ils ne firent que quelques mètres avant de rejoindre une carriole, qui semblait les attendre. Le cocher leur adressa un sourire et annonça au père de famille :«C'est toujours les ruines de Surroc, votre destination ?

-Non pas tout à fait, répondit l'intéressé avec douceur, j'aimerai descendre un peu plus bas que d'habitude dans la montagne, j'amène mon fils avec moi, et il ne supporterait pas le froid des hauteurs.

-Entendu, je vous amènerai plus proche du pied de la montagne !»

Alors Dùnkan partit avec son fils dans les montagnes. Le voyage dura quelques minutes, peut-être une heure, avant de poser pied à terre, et de saluer le cocher qui s'éloignait déjà. Il se retourna et s'adressa à Yūnan, qui s'extasiait devant le paysage que lui offrait la montagne enneigée:«Bon, voici mon terrain de chasse, tu vas me voir tuer une proie et tu feras pareil !

-Quoi ?! Je ne vais pas tuer un animal, ça jamais !

-Silence ! Tu es le seul garçon de ma famille, tu dois savoir rapporter la nourriture à la maison.» Le fils se résigna et suivit son père faire sa besogne.

Alors au détour d'un ruisseau glissant, Yūnan se mit à courir vers une fleur rouge, particulièrement belle. Sa couleur de sang contrastait totalement avec le climat des montagnes enneigées.

Il courut loin devant son père, qui s'époumonait à le faire revenir. Yūnan ne connaissait pas bien la montagne, si bien qu'il tomba dans un fourré, et il perdit la trace de son père. Il atterrit plus bas, et commença à se relever lentement, le dos endolori par la chute, lorsqu'il entendit un grognement devant lui. Yūnan se redressa d'un bond et aperçu un loup blanc devant lui. Il semblait imposant, même par rapport à Dùnkan, et il semblait affamé, prêt à tuer.

Yūnan se mit à fuir vers son père, mais la créature le rattrapait à chaque foulée, et paraissait de plus en plus proche. L'espace d'un instant, le garçon sentit comme une pression, puis des crocs sur son bras, et une immense douleur l'envahit quand il s'aperçut du torrent de sang qui coulait de son épaule estropiée.

Il détala encore plus vite, la peur l'emportant sur sa souffrance, en voyant son agresseur s'attaquer au bras arraché, encore ruisselant, et cria le nom de son père. Ils se rejoignirent et filèrent loin de la bête, Dùnkan portant à moitié son fils par le bras droit.

Yūnan vit une carriole au loin et fila vers elle. Ils atteignirent le véhicule sans voir le museau de leur agresseur, et partirent au loin. Dans la carriole, le petit garçon était effrayé de ce qu'il venait de voir, et son père le remarqua. Il s'approcha et le voulut le prendre dans ses bras jusqu'à leur maison, mais arrêta tout de suite quand son fils hurla à la mort à cause de sa blessure.

À partir de ce jour, Yūnan ne partit plus jamais à la chasse. Peu de temps après, le fils de Dùnkan appris que son agresseur était un jeune Fenrir, une espèce qui était censée être disparue depuis longtemps, ce qui inquiéta d'avantage le petit Yūnan.

                                                                                                        *

Yūnan eut une énième fois les larmes aux yeux quand il se remémora cet accident terrible, et la douleur mêlée de terreur qu'il avait ressenti à cet instant.

Cette rencontre avait changé sa vie, lui avait enlevé son bras gauche et l'avait marqué à vie. Plus rien n'avait été pareil après cet épisode désastreux. Il se recroquevilla de peur dans la carriole, au grand étonnement du cocher qui ne comprenait pas ce qu'il avait, et proposa de s'arrêter pour faire une pause.

Yūnan secoua la tête, il voulait arriver au plus vite pour sa mission, et pour retrouver Kroì au retour, son meilleur ami et le seul dans le camp. Durant le trajet, Yūnan remarqua que l'air se faisait de plus en plus frais, et que le paysage se couvrait de son manteau immaculé au fur et à mesure que le chariot s'avançait vers les terres du Nord.

Afin de passer le temps, Yūnan décida d'engager la conversation avec son compagnon de voyage. Yūnan était d'ordinaire très sociable, sincère, loyal et il était très ouvert aux conversations. Ces traits de caractère lui venaient de son père, qui l'avait forcé à intégrer ces valeurs dès son plus jeune âge. Mais il était exactement le contraire d'Aisling, qui était beaucoup plus renfermée et asociale.

Il tenta donc de détendre l'atmosphère :«Il fait plutôt froid par ici, j'espère que je vais pas être malade !

-Laisse moi je dois être concentré pour conduire ce machin, sinon on sera jamais arrivé !»

Apparemment, le conducteur devait être beaucoup moins enclin au dialogue. Dépité, Yūnan porta son regard sur la nature qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux.

Que lui réservaient donc ce voyage ? Lui serait-il utile ? Perdait-il son temps en partant vers ces montagnes inconnue ? Ces questions lui taraudaient l'esprit depuis qu'il était monté dans la carriole, et il ne trouverait de réponses qu'une fois le séjour fini. Yūnan s'aperçut que le paysage était maintenant totalement blanc, mis à part la route, qui se faisait de plus en plus sinueuse. Mais hélas, étant donné qu'il ne connaissait rien à l'endroit, il ne pouvait que faire confiance au cocher, qui semblait très sûr de lui.

Les deux voyageurs passèrent un moment devant un panneau qui devait indiquer les directions des villes alentours. Yūnan vit la direction des ruines de Surroc et se rassura en sachant que le voiturier saurait où aller.

Il n'en fut rien, et il prit une autre direction. Yūnan, hébété, lui demanda :«Mais où allez vous ? Ce n'est pas par là que sont les montagnes !» Le cocher ne répondit pas pendant au moins cinq cents mètres, le temps pour Yūnan de vociférer toutes ses inquiétudes, puis de passer aux insultes. Puis il parla quand le passager fut à bout de souffle :

-Hmm, courageux, fort, têtu. Il semble être prêt à l'expérience du Chef...

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Voilà ^^ un chapitre un peu spécial, c'est le premier flashback de l'histoire. Vous pouvez voter ou commenter pour donner votre avis. Ciao !!

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