Demi-sang

Chapitre 5: Vestitel, ou un nouvel espoir

PDV Aisling:

Aisling avait comme un vide depuis que Yūnan était parti, qu'elle tenta de combler en partant chasser, malgré l'heure tardive.

Elle préférait traquer ses proies la nuit ou très tôt le matin, car ses yeux étaient mieux habitués à la pénombre. Mais elle devait se changer les idées.

Aisling partit donc dans la forêt, consciente qu'elle n'aurait pas autant de chance que les autres fois, et elle se demanda si cette pulsion face au Souffleur allait revenir. Ce lui serait très utile, si elle arrivait à se contrôler, à "la" contrôler.

Elle suivit machinalement les traces d'un cerf, une bonne proie, qui pourrait rapporter au marché. Elle réussit à mettre les yeux sur la bête, qui était plus imposante que ses traces ne le montrait.

C'était un cerf blanc, une espèce typique d'Imeachta, qui atteignait la tête d'Aisling à la croupe. L'animal regarda dans la direction d'Aisling, puis détala sans raison.

La chasseresse ne comprit pas ce comportement, car elle avait fait preuve de plus de précautions quant aux bruits qu'elle générait, quand un rugissement derrière elle se fit entendre. Ce n'était pas un ours, ni un tigre, encore moins un Souffleur, puisqu'ils ne rugissaient pas. Mais le plus frappant était que le cri venait des airs. Aisling leva la tête et vit pour la première fois son cauchemar.

Au dessus d'elle, un Dragon traversait les cieux, sans l'avoir vu.

C'était une bête bleue, dont les ailes cachaient le ciel. Il était juste titanesque.
Ses serres pouvaient tenir aisément une proie grosse comme un Souffleur et semblaient faites pour broyer tout ce qui passait à sa portée. Ce Dragon possédait des crocs plus grands que tous les couteaux d'Aisling, et plusieurs rangées en garnissaient sa mâchoire.

Aisling retint son souffle, comme si la bête, à plusieurs centaines de pas du sol, pouvait l'entendre ou la sentir comme l'aurait fait un ours situé à quelques pas. Sage décision, car le monstre ailé fondit à trente pas au loin, pour emporter le cerf qu'Aisling comptait tuer. Le prédateur repartit, la proie dans sa puissante mâchoire, vers l'horizon. Le sens rationnel d'Aisling avait pris un coup. Ces animaux devaient être éteints.

Aisling repartit tout de suite dans le sens opposé pour ne pas croiser la route du fossile vivant, même si elle rentrait bredouille. Mais elle comprit en percevant un mouvement dans un arbre, que ce ne serait pas le cas, et elle emporta avec elle trois faisans tapis dans les branchages, sans doutes apeurés par l'idée de l'arrivée d'autres dragons. La chasseresse furtive avait encore frappé.

                                                                 *

En rentrant au marché, elle aperçut un attroupement dans une rue.

Les habitants ne s'intéressaient pas aux mêmes boutiques que d'ordinaire. Aisling se rendit jusqu'à l'endroit où se tenaient les villageois. Et elle comprit.

Sur la place d'Imeachta se tenait une femme assise et des habitants venaient pour lui parler. Des cernes et des rides creusaient son visage et son nez était crochu comme les sorcières des légendes qu'Aisling avait entendu. Mais ce qui la surprît le plus, ce furent les volutes de fumées au parfum d'encens qui s'échappaient des vases entourant l'inconnue. Aisling se rendit compte que la femme était une voyante en voyant le feux de camp devant elle, ce qui était la manière des chamans de révéler l'avenir. Alors elle s'approcha lorsque vint son tour et fit ainsi la connaissance de Vestitel, qui était devant elle. Aisling pensais que c'était son nom car il était sur une affiche derrière elle.

Elle s'adressa à la nouvelle venue:

- C'est bien vous, madame Vestitel? Vous êtes voyante?

- Prédicatrice. Tu veux que je te révèle ton avenir, Aisling?

Aisling était choquée qu'elle connaisse son nom, mais aussi haïssait qu'on la tutoie.Pour elle, cela représentait un manque de respect à son égard étant donné son âge.

Elle accepta le cadeau malgré cet affront. Vestitel lui parla alors, avec une voix d'outre-tombe:

-Tu devras traverser tout Alkarim, pour pourchasser le nom de ta destinée... Tu verras des surprises, subiras des sacrifices, car ta place n'est pas à Imeachta. Tu es une élue, et de nombreux peuples comptes sur toi. Tu devras contrôler ces accès de force que tu as en certains temps, car ils te seront plus qu'utiles. Et ne laisse pas prédominer ta pitié, elle pourrait t'être fatale. Ne la consacre qu'à très peu de personnes, des gens dont tu es sûre de leur allégeance et de leurs intentions, car elles pourraient se retourner contre toi. Et tout comme pour ton cœur, lequel devra être précieux pour ne pas décider de tes actes. Agis avec calme et logique, Aisling, car le cœur et la miséricorde pourront te poignarder au moment parfait...

Puis, elle reprit, avec une intonation normale, et une voix aiguë:

-Voilà, ce sera tout?

-Oui, merci, dit Aisling, très peu rassurée de cet entretien.

Et puis en quittant Vestitel, elle revint chez le boucher pour vendre deux de ses faisans pour la somme de cent vingt gemmes. Mais elle pouvait en garder un, qui plus est le plus gros des trois, elle les vendit donc pour quatre-vingt.

Aisling n'en revenait pas: Vestitel, qui la connaissait depuis si peu de temps, l'avait percé à jour en quelques secondes! Elle se méfiait de plus en plus de la magie et des prédictions, car, elle en était sûre, Vestitel était magicienne, et sa magie la dépassait. Elle se disait:

«Tôt ou tard, j'apprendrai tout les bienfaits de la magie. Et je saurai faire confiance aux magiciens, même si c'est un art qui m'est inaccessible. Il s'apprend à l'enfance.»

Elle repartit dans la forêt pour rejoindre Dùnkan qui devait s'inquiéter de son retard.

Mais hélas, lors de son retour, Aisling ressentit une pulsion familière, celle qu'elle ne voulait pas subir, car elle en avait peur. Mais cette fois, ses jambes eurent un changement terrifiant. Des écailles rouge sang parcouraient ses membres et avec, une énergie si forte qu'elle put courir à une vitesse folle, plus que surhumaine, du marché à chez elle.

Durant le trajet, elle vit une biche et, plus que jamais, elle avait envie de tuer. En partie pour se sustenter, mais aussi pour le bonheur de la chasse. Et elle avait faim, aussi répondit-elle à ce désir de chair fraîche, même si elle devrait la ramener entière pour Dùnkan, mais cela ne ralentit pas sa course.

Aisling arriva très vite chez elle, ce qui rattrapait son retard, mais resta choquée de cet exploit, qui l'avait essoufflée. Somme toute, elle avait même économisé quelques minutes avec ce moyen de transport plutôt inhabituel.

Aisling repartit vers sa chambre et tomba sur le lit pour ne pas se relever, ou seulement le lendemain.

Voilà voilà, merci de me voir enfin je crois