Unless...

Dernier serment à l'ombre d'un cerisier

Tu n'est plus là. Tu es parti depuis longtemps. Tu me manquais et j'avais décidé de te retrouver. J'ai longuement réfléchi. Je me suis demandé où tu pouvais bien te cacher, où tu pouvais te trouver, et comment, aux yeux de tous, tu parvenais à te dissimuler. J'ai traversé bon nombre de continents, une multitude de pays et presque autant de régions.

Tu m'as abandonnée, tu m'as laissée, livrée à moi-même, sans toi pour me guider. J'ai parcouru chaque océan, chaque colline, chaque recoin de notre vaste globe .Tu n'étais nulle part, aucune trace de toi. Pourquoi tu avais disparu, j'avais besoin de toi, de tes conseils, de tes bras...

J'étais arrivée au pays du soleil levant. J'explorais chaque parcelle de terre à ta recherche. J'ai sillonné les îles de l'archipel et rencontré des personnes extraordinaires. Soudain, j'ai pensé au jour où je te rencontrerai, à ce que je te dirais. A ta réponse et à tes explications. Tout à coup, cela m'a rappelé un souvenir, le jour où tu avais quitté la maison. Nos parents étaient tristes, tu avais promis de revenir, de ne pas nous oublier. De penser à nous tous les jours et de te rappeler d'où tu venais.

Ce jour là, tu étais sincère. Tout le monde le savait et tu avais respecté ta promesse. Quelques mois plus tard, tu franchissais de nouveau les portes de la maison. Papa et Maman avaient sortis la belle vaisselle et prévenu la famille de ton retour. Seulement, tu n'es pas resté. Tu es reparti vite, trop vite. Tu as réitéré ta promesse et encore une fois, j'y ai cru. Menteur !

Je me souviens encore de la police toquant à notre porte, les parents en pleurs quand je franchissais l'entrée du salon. Je me souviens de mes pleurs silencieux, de mon désespoir muet. Le vide qui se créait en moi. Ensuite tous les gens, les proches et puis les connaissances, leurs sourires hypocrites et leurs fausses larmes. Mais par-dessus tout, l'endroit où ils t'avaient entreposé. Tu n'y avais pas ta place. Tu me jetais un regard vide d'émotions et sans vie.

C'est à ce moment que j'ai réalisé qu'on ne se chamaillerait plus, qu'on n'aurait plus de grandes discussions, qu'on ne rigolerait plus. Tu t'es envolé sans te retourner. Seulement, tu as oublié une chose dans ton sillage. Ou plutôt quelqu'un. Bien sûr, tu ne le voulais pas, malheureusement, on ne t'a pas laissé le choix.

Aujourd'hui, je suis ici. Au Japon. Tu es loin et tu me manques grand frère. Tu as voulu t'engager dans l'armée, tu voulais aider et rendre service. Tu as réussi, tu as gagné. Tu as défendu ton pays et la guerre a cessé. Mais tu m'as oublié, tu t'es envolé, tu m'as délaissée, moi ta petite sœur. Je t'en veux. Et pourtant. Aujourd'hui, je suis ici.

Devant toi. Devant ta tombe.