J'insérai ma clé dans la serrure et la fit pivoter en son intérieur. La porte s'ouvrit sur Stein, mon berger allemand âgé de huit mois. Comme à l'habitude, il m'attendait devant l'entrée, m'offrant son ventre pour obtenir des caresses.
Après avoir échangé, je me dirigeais vers ma pièce à vivre. L'ombre des découpes solaires de mes rideaux marrons se reflétaient sur mon parquet en bois de chêne. Un canapé d'angle trônait à ma droite et une table en bois massif surmontée d'une nappe jaune était installée dans le milieu de la pièce, devant une porte vitrée, qui donnait sur un balcon.
Je retirai mes bottines et déposai mon sac sur la table. Je m'asseyais sur l'un des sièges et poussai un soupir. Enfin, je pouvais respirer. J'avais terminé le travail par une dernière heure plus qu'éprouvante. Cependant, ma tâche n'était pas encore achevée.
Je m'investissais énormément dans mon travail, quitte à donner une grande partie de mon temps libre. Mais cela ne me dérangeais pas, j'aimais mon boulot plus que tout au monde.
J'attrapais donc mon sac et sorti une pile de feuilles qui n'attendait que mon coup de stylo. Je devais corriger toutes ces copies et j'espérai vraiment que ce contrôle avait été réussi. Je saisi un stylo de couleur orange. Celui-ci m'arracha un sourire. J'aimais le orange, c'était une couleur moins sévère que le rouge ardent mais plus douce que le jaune criard.
Je débutais mes corrections, une joie profonde galopant dans ma poitrine et un sourire sincère habillant mes lèvres.
Le premier élève décrochait habituellement d'excellents résultats. Lors de cette évaluation, il avait fournit nettement moins d'efforts qu'à l'habituel mais c'était tout de même bon. Je lui apposait un 14.
J'étais vraiment joyeuse. Au fur et à mesure, des copies, je constatais que chacun avait plus ou moins réussi. J'étais fière. De mes élèves mais aussi de moi-même. J'avais le sentiment d'avoir rempli ma mission. D'avoir trouver ma voie. J'avais toujours voulu apporter mon aide et mes connaissances à autrui. Aujourd'hui, j'avais l'impression d'avoie accompli quelque chose.
Je continuais d'effectuer ma tâche mais au fil des évaluations que je notais, la joie quittait peu à peu mon esprit.
8, 6.5...
Les notes se dégradaient à vue d'œil.
Petit à petit, mes idéaux étaient remis en question. Pourtant, je faisais tout mon possible pour que mes cours soient ludiques, courts et concis à quel moment avais-je fais une erreur ?Je devais continuer, c'était mon devoir en tant que professeur. Le dernier élève que je corrigeais eu un 5. Je refermais mon stylo et pris ma tête entre mes paumes.
J'étais prise de soubresauts et ma respiration se faisait courte. Des larmes commençaient à courir le long de mon visage. Qu'avais-je fais de travers ? Etait-ce la manière de rédiger les cours ou la manière de les enseigner ?
Une vague de culpabilité m'envahit. Je me sentais responsable. Tout d'abord, parce que finalement, tout le temps que je consacrais à peaufiner et chercher à intéresser chaque élève paraissait vain. Ensuite, parce que pour la énième fois, depuis des années, j'avais le sentiment d'avoir tout foiré.
Je me levais et me dirigeais vers la baie vitrée. J'observais le paysage qui s'offrait à moi. En ce mois d'Avril, quelques bourgeons pointaient le bout de leur nez et les arbres entamaient leur floraison.
Je fis coulisser la vitre, et me faufilais au dehors. Je m'adossai à la rambarde bordant mon balcon.Un vide démesure m'observait en contre-bas. Ma demeure se trouvait à la frontière d'une falaise qui se terminait par un océan que je ne saurai nommer. Je regardais les vagues aller et venir au gré des vents Tantôt heurtant le bas de la falaise, tantôt reculant sous l'effet du souffle de la nature. Mes larmes se répandaient de plus belle, le long de mes joues pour mourir dans les flots du monde.
Je passais mes jambes par-dessus la rambarde pour venir m'assoir sur le rebord. Mes jambes pendant lamentablement dans le vide et je m'abandonnais à mon esprit. Perdue dans mes limbes spirituelles, je réfléchissais. J'avais cesser de sangloter mais j'hésitais à bouger.
J'avais peur. Peur du vide, peur de chuter. Mais en retournant dans mon salon, ma douce frayeur ne me quitterai pas. Je continuerai a enseigner mais j'aurai peur. Peur de paraître stupide, peur de tout rater.
J'avais peur de devoir affronter mon destin. Serai-ce lâche de sauter ?Soudain, j'entendis une porte claquer :
- Maman, qu'étudies-tu ainsi postée ? La physique ou la chimie ?
Ma fille de neuf ans venait de rentrer.

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Unless...
Short StoryJe n'ai aucun talent particulier et je n'ai jamais rien fait de remarquable. Cependant j'écris. Ça n'efface pas le reste mais c'est déjà bien et surtout c'est tout ce que j'ai ! A moins que...