Unless...

Amour tardif

J'adorais cette horloge.
Elle tourne, tourne et tourne encore.
Dans les tourbillons d'automne et les brises d'hiver.
Elle tourbillonne, virevolte et s'agite dans tout les sens.

Puis un jour, son mouvement s'intensifie.
De plus en plus vite.
De plus en plus haut.
De plus en plus fort.

Il ne devrait pas agir ainsi, ça n'était pas correct, c'était interdit. Ressentir, une sensation de mauviette. Aimer, un sentiment de femme. Souffrir, un châtiment de faible. Il avait donc choisi de fermer son cœur, de ne jamais le donner, en aucune façon, sous aucun prétexte. N'était pas née celle qui le ferait changer d'avis.
Adieu le premier regard, adieu le coup de foudre, il ne ressentirait jamais d'amour, jamais de luxure. Pour lui, Eros s'en était allé, son cœur dans une main, son arc dans l'autre. Laissant à notre héros, sa dignité et son couteau comme seule arme à l'existence. On entendait plus le tic-tac habituel à chacun de ses pas. Il avait raison, c'était bruyant, inutile et si cela se déréglait ça ferait très mal.

Un jour, il commença à parler. A lire, à échanger mais il avait fermé la porte de son âme, sans saveur, sans femme. Un intérieur triste, mélancolique et pensif du temps où, à l'époque il demeurait un homme libre et entier. Il aurait pu y remédier, il aurait pu tout changer mais il avait froid, il avait peur. Il voulait rester digne loin de cette torpeur.
Parce que vivre sans amour l'avait meurtri, le jour où il décida de changer sa vie, d'ouvrir enfin son cœur au bonheur, une mélodie, un soupir un dernier souffle, celui d'un martyr.

Imaginez découvrir que l'on s'éveille au vide, que le fruit de notre amour n'est plus , que nous sommes seuls, malheureux.
Parce qu'il voulait attendre, obstiné, fermé à l'amour, il demeurait à présent, perdu, égaré sans aucune possibilité de retour.

Plus aucun mouvement.
Silence, silence, silence.
Dans les joies du printemps et les frivolités de l'été.
Un corps étendu, inerte dans une rive éloignée.

Parce qu'un jour, on ne peut plus rien briser.
Je n'entends plus l'horloge.
Et à vrai dire,
On entend plus son cœur non plus.