A l'époque, on n'avait tout juste sept ans. A Excelsior, tout le monde nous connaissaient :
- Kian et Ava, mais quels chenapans ! - disaient les uns.
- Ava et Kian vont encore nous jouer des tours - renchérissaient les autres.
Nous étions voisins et nos parents étaient amis. Nos pères avaient guerroyer ensemble, au nom d'un souverain qu'Ava et moi n'avions jamais vu. Leurs corps demeurèrent introuvables, perdus loin de nous. Seules leurs âmes étaient revenu au pays de celui qui les avaient envoyés à la mort. Quand à nos mères, elles étaient bien plus que deux simples voisines. Bien moins que des sœurs mais tellement plus des amies.
Avec Ava, nous grandissions ensemble, main dans la main. A l'aube de nos seize printemps presque adultes mais encore un peu enfant, nous formions plus un être uni que deux personnes fusionnelles. A chaque fois que je passais du temps avec elle, j'avais le sentiment qu'un havre de paix flottait au-dessus de nous.
J'aimais Ava. J'étais amoureux d'elle, amoureux fou, amoureux de tout. De ses boucles noires et rêches, de ses yeux verts beaucoup trop grands, de ses dents bien trop longues pour ses lèvres fines. Avec sa peau satinée, ses oreilles décollées et son nez immense, ma voisine et amie était imparfaite, charmante. Je l'aimais.Un soir d'été, avant le bouleversement, Ava m'avait avoué ses sentiments, nous avions échangé un chaste baiser. Elle m'aimait aussi, nous étions heureux.
Ça n'a pas duré.
Quelques jours, peut-être quelques semaines plus tard, je ne sais plus, ils ont débarqués. De gros monsieurs en costumes marrons, ils ont capturés jeunes et vieux. Je ne savais plus combien ils étaient exactement, une cinquantaine, peut-être moins, sûrement plus. Je cherchais Ava, elle n'était nul part. Dans tout Excelsior, j'hurlais son doux prénom. Puis un cri déchira le ciel, je levais la tête, les nuages fendus me répondirent. Je le savais, c'était son cri.
Je courais. Aux portes du village,ils étaient tous là. Arrogants dans leurs costumes, méprisants dans leurs bottes. A leurs pieds, plus de la moitié des villageois avait été capturée.
Des amis d'enfances, des hommes et femmes qui avaient fait mon éducation, Ava. Les soldats remplissaient leurs camions bleus des citoyens d'Excelsior. Ce jour-là, j'ai cru ne jamais revoir ses pupilles vertes et ses boucles ébènes.Aujourd'hui, Excelsior est en guerre. J'ai 19 ans, je suis soldat. Des troupes arrivent par dizaines dans des fourgons bleus nuit. Je ne peux pas les laisser faire, je dois combattre, vaincre et survivre. Ils sont déjà ruinés mon beau village, il y a de cela trois ans. Ces ordures ont pris Ava, ces déchets ont pris mon coeur.
Je lève mon arbalète. Le bout de mes flèches ornée d'une fine bande mauve habille mes armes mortelles. Je n'épargnerai personne. Fille, garçon, peut m'importe. Dix, vingt, trente, tous tombent comme des mouches. Je décoche flèche sur flèche. Pour mon village, pour mes amis, pour la paix, pour la liberté, pour Ava.
Je croise le regard de chacune des victimes qui croisent mon funeste chemin. J'abats une jeune fille.Elle n'a qu'un poignard et son corps tombe lourdement sur le sol enneigé d'Excelsior. Je m'approche afin de mieux voir son visage et m'agenouille près de son corps sans vie. Un nez trop énorme, des oreilles bien trop décollées, des dents trop grandes, des yeux d'un vert bien trop profond et des boucles sombres : je l'ai tué.
Je verse des larmes.
Je l'aime.
Vous auriez dû voir son regard.
Je n'aurais jamais cru qu'Ava serait si belle dans la mort.
VOUS LISEZ
Unless...
Short StoryJe n'ai aucun talent particulier et je n'ai jamais rien fait de remarquable. Cependant j'écris. Ça n'efface pas le reste mais c'est déjà bien et surtout c'est tout ce que j'ai ! A moins que...