Unless...

Perdre pour réussir

8h53 - Un lycée en Virginie

Dans le lycée d'un village des Etats-Unis, au rez-de-chaussée, une jeune fille tout ce qu'il y'a de plus ordinaire déambulait dans les couloirs à la recherche de sa salle de classe. Elle avança jusqu'à la salle 5, respira un bon coup et franchit le pas de la porte...

- Mona, toujours aussi grosse à ce que je vois !

A peine arrivée, les insultes fusaient. La dénommée Mona se dirigea vers le fond de la classe, tête baissée. Ses larmes se querellant afin de savoir par quel œil elles auraient la joie de briser le masque d'indifférence qu'arborait l'adolescente.

- Mona, tu prends de la place !

En ce matin de Février, les lycéens étaient plus qu'excités. Ils s'acharnaient sur la jeune fille sans raison, seulement parce que contrairement à d'autres, elle ne correspondait pas aux codes de beauté imposés par la société. Avec son imposante tignasse bouclée, ses formes plus que généreuses et sa petite taille, Mona ne plaisait pas.Un homme d'un certain âge franchit le pas de la porte et tentait tant bien que mal, de s'imposer dans ce brouhaha aux 23 sonorités. 

- Bonjour à tous ! Je vous demande le silence !

Les élèves n'avaient même pas daigner lui adresser le moindre regard. Même, ils continuaient à rire des âneries que chacun débitait.

- Mona, tiens tu devrais te taire... A moins que ce soit ton embonpoint qui souhaite s'exprimer !

Une vague de rire phénoménale s'éleva dans la pièce, noyant de ce fait, les supplications incessantes du professeur. Celui-ci essayait malgré sa faible pour ne pas dire inexistante autorité, de défendre Mona aux yeux de tous. Cependant, à peine eut-il le temps d'ouvrir la bouche, que la jeune fille avait déjà quitté la classe en courant.

Ses pupilles noisettes étaient baignées de larmes. Son corps secoué de spasmes. Elle sortit du lycée, toujours à pleine vitesse. Si ça n'avait tenu qu'à elle, ses jambes l'aurait portée à cette allure jusqu'à chez elle. Mais son corps lui, hurlait toute la douleur qu'il tentait tant bien que mal de supporter.
Ses poumons commençaient à la brûler et son enveloppe corporelle suait de manière étonnante.

La jeune fille arriva chez elle en pleurs. Les moqueries de ces camarades étaient de plus en plus cruelles. Heureusement pour elle, ses parents étaient absents. Leurs questions lui auraient été insupportables. Mona n'avait pas besoin de ça, le lycée lui apportait déjà sa dose de brimades quotidiennes.

Elle aperçu sur la table de la cuisine, un mot de ses parents. " Nous travaillons tard, il y'a du gratin dans le frigo. Régale toi ! Papa & Maman"

Mona avait pris une décision. Son poids semblait être le fond du problème. Si elle parvenait à perdre ses kilos superflus, sa vie serait plus belle. Cependant, ce gratin contrariait un peu ses plans. Un repas aussi gras n'était pas le meilleure moyen de devenir plus svelte mais si elle ne mangeait pas, sa mère lui poserai des questions et pour le moment la jeune fille n'avait pas besoin de cela. Elle sortit le plat du frigo et le fit réchauffer, elle devait trouver une solution.

Six mois plus tard...

La vie de Mona avait changée. Elle mangeait sans restriction et contre toute attente, maigrissait à vue d'œil. Et au lycée, ce revirement de situation avait été remarqué.

- Eh bien Mona, tu as changé quelque chose chez toi ?

- Je me suis juste inscrite dans une salle de sport.

- En tout cas, ça te réussi vraiment !

Depuis qu'elle avait trouvé sa solution miracle, la vie sociale de Mona était à son apogée. Au lycée, les filles l'invitait à leurs soirées et à leurs sorties shopping. Quand aux garçons, ils lui faisaient des compliments et lui lançaient des œillades pleines de sous-entendus.

L'adolescente rentra chez elle dans un état d'euphorie qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. En y réfléchissant bien, elle n'avait même pas le souvenir d'avoir été aussi heureuse un jour.

- Bonsoir ma chérie, tu rentre pile à l'heure. Nous passons à table.

Mona se mit à table avec ses parents. Sa joie se diffusait dans la salle à manger comme un parfum qu'on aurait vaporisé.

- Ma puce, tu as maigris ces temps-ci.

- Oui, je me suis inscrite dans une salle de sport !

- Ah bon, tu ne nous avais rien dit. Depuis combien de temps ?

- Environ 6 mois et j'ai l'impression d'avoir trouvé ma vocation. D'ailleurs, j'ai un cours ce soir. Je vais devoir y aller.

Arrivée à la salle, Mona ne perdit pas de temps et se hâta en direction du tapis de course. Elle le régla à la vitesse maximale et débuta son entraînement.
Au bout de quelques minutes, son cœur se mis à battre plus rapidement qu'à l'habitude et son souffle se faisait court. Mona ne s'arrêtait pas de courir quand elle chuta subitement, sa tête embrassant le tapis de course.

Quelques heures plus tard...

- Savez-vous ce qu'il arrive à ma fille ?

- Pouvez vous me dire depuis combien de temps elle ne l'alimente plus madame ?

- Que voulez-vous dire Docteur ? Ma fille mange normalement !

- Elle est à jeun. Et depuis plusieurs mois, on dirait !

- Je... je n'en sais rien. Je la voit tout le temps manger à sa faim et même plus. Je ne comprends pas, va-t-elle se réveiller Docteur ?

- A vrai dire Madame je n'en sais rien. C'est une forme de coma assez particulier que nous avons là.

Trois jours plus tard...

- Mademoiselle, comment vous sentez-vous ?

- Plutôt bien, j'ai... faim.

- Nous vous apportons un repas de suite.

Mona était sortie de son coma. Cependant, après avoir englouti le repas de l'hôpital, la jeune fille se sentait mal. Elle appuyait sans relâche sur le bouton cherchant à joindre une infirmière.

- Il y'a un souci Mona ?

- Je... Il faut que j'aille vomir.

- Tu as des nausées ? Tu veux un médicament pour cela ?

- Non, cela ne servirait à rien, j'aurai vite fais de le régurgiter.

- Mais pourquoi veux tu vomir à ce point ? En as-tu envie ou en as-tu besoin ?

- Besoin ou envie, je dois y'aller ! C'est important. Sinon je vais redevenir la grosse Mona...

- Je ne te comprends pas. Sois plus claire. Explique toi !

L'adolescente se mit à pleurer, débitant à toute vitesse, le calvaire qu'elle endurait depuis six mois. Elle avait certes trouvé une solution mais pas des moindres.
La boulimie avait prit place dans sa vie. Mona mangeait énormément mais se faisait vomir tout de suite après. Elle s'était en parallèle, inscrite dans une salle de sport. C'était un mauvais combo et ça, la jeune fille le savait cependant elle avait dû faire un choix.
Perdre pour réussir ou anéantir son avenir.

- Calme-toi Mona ! Nous allons t'aider, ça va aller !

- NON ! JE DOIS VOMIR !

Alerté par les cris de la patiente, un médecin accouru.

- Docteur, elle est en pleine crise d'hystérie ! Que devons-nous faire ?

- Comprendre la cause de cette boulimie.
Mona, respire, calme-toi !

- S'il vous plaît. Docteur. Je vous en prie.
Laissez moi, réussir ma vie.