Sauvez son honneur

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Dans un lycée de banlieue, un placard d'entretien dissimulait un individu sanglotant dans l'obscurité, le téléphone portable collé à l'oreille. Sans qu'il ne s'en rende compte la porte du local s'entrouvrit. L'intrus demeura dans l'ouverture, suivant une conversation qu'il n'aurait jamais dû surprendre. L'indésirable sourit machiavéliquement, refermant la porte, emprisonnant les pleurs de l'inconnu.

Jorgen avançait dans les couloirs du lycée, pressant le pas. La cloche venait de sonner le début du premier cours et le jeune homme risquait d'être, pour la première fois de l'année, en retard.
Sa veste de l'équipe du lycée sur le dos et son sac à dos sur l'épaule, le sportif entra dans la classe.

- Alors capitaine, la forme ? Prêt pour l'entraînement de cet après-midi ? - l'interpella un de ses camarades.

Le dit-capitaine, lui renvoya un sourire amical.

- Et comment ! Je suis plus que prêt !

Le garçon avait remarqué que certains de ses camarades l'observait d'un œil méprisant, comme si il leur avait caché un secret. Sans s'en inquiéter plus que cela, Jorgen alla s'assoir à sa place, loin de ses co-équipiers. Au premier rang, comme à son habitude. En plus d'être capitaine de l'équipe de natation du lycée, l'adolescent était le meilleur élève de sa promotion. En cours, il ne s'asseyait jamais avec ses amis. Ceux-ci étaient de turbulents perturbateurs et le garçon tenait à préserver son statut d'élève modèle.

Le cours de sciences se passa à merveille. Le professeur avait rendu des contrôles et pour ne pas déroger à la règle, Jorgen avait récolté un A. Il s'était félicité intérieurement d'avoir réussi cet examen même si au fond de lui, il ne doutait pas de ses capacités intellectuelles.
La suite du cours se passa sans encombre et quand la cloche sonna les coups de midis, tous les élèves se ruèrent hors de la salle de classe. Le nageur lui prenait son temps, ne semblant pas pressé, et rangeait ses affaires dans le plus grand des calmes. Il s'apprêtait à quitter la pièce quand le professeur l'interpella :

- Jorgen ! Tu as deux secondes s'il te plaît ?

L'adolescent pivota en direction de l'adulte et s'avança vers lui, l'intimant de poursuive son monologue.

- Tu as quelque chose à me dire ?

- Non. J'ai fais quelque chose de mal ?

- Du tout, ne t'en fais pas ! Mais si jamais l'envie te prend, tu peux venir te confier à moi.

Le professeur lui avait dit cela sur un ton qui se voulait amical, il avait accompagné sa parole d'un fin sourire. Cependant, Jorgen n'avait pas eu cette impression. Il avait perçu dans la voix de son ainé, une profonde pitié et une pointe de compassion.
Les regards des ses congénères quelques heures plus tôt lui revinrent en mémoire.
Mais qu'avaient-ils tous aujourd'hui ? Pourquoi inspirait-il la pitié ou le mépris à son entourage ? L'adolescent croyait connaître la réponse mais il chassa aussitôt cette idée incongrue de son esprit. Personne au lycée ne connaissait son secret, pas même ses amis les plus proches. Le capitaine tourna les talons et quitta la salle d'un pas rapide, murmurant un "merci monsieur" à peine assez fort pour que l'enseignant l'entende.

Il couru dans les couloirs à en perdre haleine. Quand il jugea qu'une assez grande distance le séparait du cours d'anglais, Jorgen s'adossa à un mur et se laissa tomber au sol. Par chance, le couloir dans lequel, il s'était arrêté demeurait vide. La barrière qu'il avait mis tant de temps à bâtir semblait s'effondrer et le jeune homme était en proie à des pensées qui le torturaient. Alors qu'il se battait contre son propre esprit, des voix se firent entendre :

Unless...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant