Chantage et mensonges

36 4 6
                                    

Je suis réellement choquée par ce que je viens d'apprendre. Même en une journée, je connais bien Diane et je sais que ce n'est pas le genre de fille à mentir ou à manipuler les autres. Je retiens une larme, je n'addresserai plus jamais la parole à Justin. Vu son caractère je le crois tout a fait capable de faire ça. Mais à l'intérieur de moi quelque chose persiste, comme un vidéo-clip je revois Justin et sa capuche, Justin et ses faussettes, son sourire, Justin et sa douce voix grave, Justin dans toute sa splendeur, et ce quelque chose me dit que ce ne sera pas facile de l'éviter. Ce sera même impossible car mon attirance envers lui est trop importante.
Le soir je décide d'appeller Charly, pour qu'il ne doute pas de mon amour pour lui, même si moi j'en doute encore plus maintenant.
- Allô Abby ?
Il me semble qu'il ne m'a jamais appelée Abigaëlle.
- Oui Charly, je me sentais obligée de t'appeller, tu me manques tellement...
- Tu te sentais obligée, comment ça ?
Oups.
- Et bien... J'essayais de m'en empêcher mais au fond de moi j'en avais beaucoup trop envie.
- Pourquoi vouloir t'en empêcher ?
- Parfois j'ai peur de te déranger.
C'est faux, mais c'est une bonne excuse.
- Jamais tu ne me dérangeras, Abby.
- Je peux te demander quelque chose ?
Je m'apprête à lui demander quelque chose de vraiment important pour moi et il le sait.
- Oui vas-y.
- Quand on se reverra, je voudrais que l'on vive notre première fois, ensemble.
Un silence règne. Nos conversations sont souvent marquées de silences, ce que j'ai toujours trouvé gênant.
- Abby, c'est hors de question. S'il te plait ne me repose plus cette question.
Sa voix douce et enthousiaste est maintenant tendue. J'ai envie de pleurer. J'aimerais vraiment faire ma vie avec lui, et avoir des enfants avec lui.
- Mais pourquoi, Charly ? Je voudrais faire ma vie avec toi, je voudrais un jour avoir des enfants avec toi et être prête ! Je t'aime tellement, peut-être que tu ne m'aimes pas, toi.
Une idée lumineuse me vient à l'esprit: le chantage.
- Je t'aime Abby, tu hantes mes pensées, mais je te respecte trop pour faire quoi que ce soit de sexuel avec toi.
- Donc tu n'auras jamais d'enfant avec moi ?
- Si, mais je voudrais qu'on soit majeurs tous les deux pour notre première fois.
- Roh, juste pour ça, mais qu'est-ce que tu es coincé !
- Tu es sûre que ça va Abby ? Tu ne m'as jamais parlé comme ça.
Je me rends compte de mon erreur. Je ne lui ai jamais reproché d'être coincé, c'est son principal défaut et je me suis toujours abstenue de lui dire.
- Oui, je vais très bien. Et d'ailleurs, la prochaine fois qu'on se voit, si nous ne vivons pas notre première fois j'en déduirais que tu ne m'aimes pas et je ne voudrais plus jamais te voir.
- Non, Abby, je t'en supplie, tu es tout pour moi, vraiment promets moi que tu ne feras pas ça, je t'en supplie, je ferais n'importe quoi pour toi.
- Alors fais-le. Je t'aime, à plus tard.
Je raccroche. Je suis sûre qu'il va réfléchir. J'ai comme la certitude que nous le ferons la prochaine fois que nous nous verrons. Je pense que ça le décoincerai et que ça renforcerait mon amour pour lui.
Le lendemain, j'arrive au lycée. Dans la cour, je discute avec Diane quand je vois ses yeux s'écarquiller et que j'entends une voix, la voix de Justin.
- Salut Abigaëlle, ça va ?
- Oui, oui, ça va bien.
J'ai terriblement peur de lui. Il me dévisage, je me rends compte que je n'ai pas mis de fond de teint.
- Est-ce que je peux te parler ?
Que pourrait-il me dire ?
- Oui, Justin, je t'écoutes.
- Te parler en privé... Tu peux venir avec moi sous le préau ?
Diane fronce les sourcils.
- J'étais en train de lui parler. Elle reste avec moi, tu nous dérange.
Les pupilles de Justin se dilatent, si bien que ses beaux yeux bleus deviennent noirs.
- Je ne t'ai rien demandé, Diane, tu restes à ta place et elle fait ce qu'elle veut.
Je dis doucement à Diane.
- Je suis désolée, c'est important, je reviens vite.
Nous allons tous deux sous le préau, j'évite de me retourner pour ne pas croiser le regard de Diane.
- Je voulais juste te dire qu'il ne faut pas fréquenter cette fille.
- Diane ? Elle est très gentille, elle ne ment pas. Je pensais que je faisais ce que je voulais.
Sa machoire se contracte, sa pomme d'Adam roule. Ses pupilles se dilatent encore plus.
- Ce n'est pas une fille sympa, c'est la pire des connasses.
- Je t'en prie, ne parle pas d'elle comme ça. Justifie toi.
- C'est à cause d'elle que je n'ai aucun ami dans ce lycée. Elle était amoureuse de moi, et elle m'a demandé de sortir avec elle. J'ai refusé, j'ai été con avec elle, je lui ai dit que je ne sortais pas avec des intellos. Elle a été terriblement blessée. Elle a commencé à raconter des mensonges sur moi, comme quoi j'aurais essayé de la violer. Je me comportes mal et je suis un mauvais mec, avec tout le monde, mais je ne menacerais pas une fille.
- Tu n'es pas un mauvais garçon avec tout le monde, tu es gentil avec moi.
Il rougit, sourit et laisse apparaître sa faussette.
- Tu me crois ?
- Oui je te crois, enfin je ne sais pas qui croire.
- Je t'en supplie ne l'écoutes pas, continue de m'adresser la parole, je me sens si seul.
- Écoutes, Diane est déterminée, et si elle me revoit traîner avec toi, elle refusera catégoriquement de rester mon amie. Alors s'il-te plaît ne viens plus me voir au lycée. Par contre, ce soir, nous finissons à 16h00. Je dis à ma mère que je finis à 18h00 et comme ça, on se voit à la sortie, ok ?
- Tu es une fille formidable. Je serai là ce soir. Je ne savais pas que tu mentais à tes parents. Je ne savais pas non plus que tu avais des tâches de rousseur.
- Oh non, s'il te plaît ne m'en parles, pas, ça me gêne.
Il rit et pose sa main sur ma joue. Mon cœur commence à palpiter. Il me regarde dans les yeux, les siens sont redevenus bleus.
- Moi, je trouve ça mignon.
Puis la sonnerie retentit, nous allons nous ranger. Je reste avec Diane et lui dit que je ne fréquenterai plus Justin.

AbbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant