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Justin devient pâle, sa peau parfaite ressemble à de la porcelaine. Je me sens très mal à l'aise avec mes taches de rousseur. Ses pupilles deviennent noires, et il tousse en rejetant de la fumée par sa bouche.
- Je ne te connais pas, et à partir de maintenant, je ne veux plus te voir.
Ces mots me font mal, la pire douleur que j'ai ressentie dans toute ma vie, je pleure encore.
- Non, Justin, je t'en supplie, je sais que je suis amoureuse de toi et pas de Charly !
- Pourtant tu veux vivre ta première fois avec lui, et il est parfait, moi non.
- Personne n'est parfait, mais pour moi, tu es plus que parfait puisque je suis amoureuse de toi !
Je n'ai jamais dit mes sentiments aussi facilement et aussi fort.
- Moi aussi je suis amoureux de toi Abigaëlle, tu ne t'en rends pas compte ? Je suis terriblement attiré par toi et j'ai envie de t'embrasser et de te prendre dans mes bras chaque seconde. Je n'ai jamais éprouvé ça pour quelqu'un d'autre, mais toi, tu vas bientôt vivre ta première fois avec ton petit ami parfait qui t'offre des bagues.
- Je...
Ce qu'il vient de dire à retiré le mal qu'il m'avait fait juste avant. Il contrôle mes sentiments tel un magicien, il peut faire ce qu'il veut de moi.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu as à me dire maintenant ?
- Je vais appeler Charly ce soir, je vais tout lui dire. Je vais lui demander qu'on se sépare et je vais m'excuser.
- Parfait. Tu lui diras bonjour de ma part !
Il arbore un sourire mesquin. Je rit doucement, mais je ne devrais pas, ce n'est pas drôle.
- Justin, arrête un peu... Il ne faut pas en rire, ça va être un immense moment de culpabilité pour moi, il va être vraiment blessé.
- Oui excuse moi. Je comprends, ça doit être vraiment dur de te perdre, toi.
Il est vraiment mignon. Je lui attrape le menton, le tire vers moi et pose mes lèvres sur les siennes. Il rit, ce qui fait vibrer ses lèvres. Je me retire rapidement.
- Justin ! C'est désagréable !
Il rit et je ris avec lui. Il me soulève du sol et me porte, telle une princesse. Charly ne m'a jamais portée.
- Puisque je suis imparfait et désagréable, je prends une résolution majesté.
- Ah oui ? Et laquelle ?
- À partir de maintenant je suis votre chevalier. Si vous êtes dans le désarroi, vous n'avez qu'à hurler mon nom et j'accourrais pour vous secourir.
- Très bien. Mais, vous savez, pour que je sois reine il me faut un prince.
- Et bien, je... Roh tu es chiante, tu as tout cassé...
Nous rions, il me repose par terre.
- Je suis désolée, tu sais quoi, si tu remplis bien ton devoir de chevalier, je t'adouberai prince.
- Ça n'existe pas.
- Et alors ? On peut tout inventer !
- Tu as raison. Nous allons inventer plein de choses, maintenant que nous nous sommes trouvés.
J'entends la voiture de ma mère arriver au loin. Justin me regarde dans les yeux et me dit :
- J'ai adoré ce moment. Je t'aime, princesse Abigaëlle.
- Je t'aime, chevalier Justin.
Nous nous embrassons et il se dirige vers la route à pieds, tandis que je vais vers le parking.
En entrant dans la voiture, ma mère me porte un regard honteux.
- Bonsoir ma chérie ! Je suis vraiment désolée d'avoir 10 minutes de retard, déjà que tu finis tard...
- Oh non, c'est pas grave ne t'inquiètes pas.
Martin est assis à l'arrière. Il a un sourire en coin, j'ai l'impression qu'il va exploser.
- Qu'est-ce qui te donne tant envie de rire, bro ?
Il aime que je l'appelle comme ça. Il explose, comme prévu.
- HA HA HA ! Je voudrais te parler, une fois à la maison.
- Ok, après les devoirs.
Ma mère le regarde dans le rétroviseur. Elle a un air interrogatif et amusé à la fois.
- Je suis exclue de vos histoires, vous pensez que je ne suis pas en mesure de vous comprendre ?
Je rit. Tout devient si compliqué, je ne sais même pas ce que veut me dire Martin.
- Mais... Maman ! Je n'y suis pour rien !
Martin rit, en prenant un air offusqué :
Evidemment, toujours ma faute !
Nous rions tous les trois. Je suis heureuse qu'il y ait vraiment une bonne ambiance depuis le déménagement.
Il est 20h00. J'ai terminé mes devoirs, et je toque à la porte de la chambre de mon frère.
- Entre !
Je rentre. Tout est très bien rangé, la décoration est parfaite. Une odeur de parfum pour homme flotte. Mon frère est vraiment un garçon parfait, je suis si fière de lui.
- Alors, c'est quoi ce secret ?
- Oh, pas grand chose... j'ai juste discuté avec Charly sur facebook et...
- Oh non ne m'en dis pas plus ! Dis-toi que ce qu'il t'a dit est totalement faux, c'est une blague ! Il m'en a parlé : " Je vais faire une blague à Martin pour voir sa réaction ".
Je n'arrive pas à croire que Charly lui ai tout raconté. Il va m'entendre.
- Quoi ? De quelle blague est-ce que tu parles ? Je ne comprends pas ! Il m'a juste dit : "ta sœur est une dominatrice, elle me contrôle totalement, elle fait ce qu'elle veut de moi."
Ouf !
- Et alors ? C'est ça que tu trouves si drôle ?
- Oui, tu es tellement timide et réservée, dominatrice, pff ! Haha !
Je lui saute dessus et le balance sur son lit, je commence à l'étouffer avec ses oreillers. Il rit aux éclats. Ma mère nous appelle pour manger.
Le reste de la semaine passe vite, la sensation des lèvres de Justin sur les miennes me manque. Lorsque je le croise dans les couloirs et qu'il me regarde en m'épiant de haut en bas, j'ai envie d'être avec lui dans un lieu sombre et coupé du monde pour vivre une romance indescriptible. Il éveille mon âme de poète, j'ai envie de le serrer dans mes bras. Mais devant Diane et les autres, il m'est interdit. Comme si il était mien mais qu'une vitre imbrisable nous séparait. Il est pourtant là, sous le préau, au fond de la classe, seul lors des repas de midi, à sa table, ses beaux cheveux recouverts par cette capuche, ce trésor vivant emprisonné dans un sweat-shirt (quelle belle métaphore).
Les semaines passent même, et j'attends chaque mardi soir comme le messi, et chaque moment passé avec lui nous rapproche, maintenant je ne peux plus vivre sans lui, si il existe, c'est que je ne suis pas enfermée dans un rêve*.
Pourtant, vivant dans cette idylle familiale, scolaire et sentimentale, j'ai l'impression d'oublier de remplir un devoir. Ce sentiment s'approfondit de jour en jour, quand soudain, un samedi soir du mois de décembre, je me souviens.
Charly.

*Cette phrase n'est pas de moi, elle vient d'un film génial qui s'appelle "Trois souvenirs de ma jeunesse": "Si tu existes, c'est que je ne suis pas enfermée dans un rêve."

AbbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant