Slow Motion

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Je n'ai pas peur de sa réaction. C'est là que je vais voir si Justin m'aime vraiment, si il est capable de me comprendre ( comme Charly ), ou si il va entrer dans une colère immense. Mais sa réaction est inatendue. Il ne dit rien. Je l'entends sangloter. Mes larmes reviennent immédiatement.
- Non, je t'en supplie Justin, ne pleure pas, s'il te plaît. Tu me fais mal.
- C'est toi qui a commencé. Tu t'en fiches que j'aie encore plus mal, tu n'en a rien à faire. Tout ce qui t'importe, c'est ce que tu ressens, toi. Et je sais ce que tu veux. Tu veux m'avoir à ta merci, tout en continuant ta vie parfaite avec ce connard.
- Je t'en prie, il est très gentil, et je suis sûre que je vais rester amie avec lui.
- Mais biensûr. Tu crois que je vais continuer de te voir tous les mardi soir après ça ? Petite princesse est en train de devenir reine. Et elle n'épousera pas son chevalier mais un prince. Ce chevalier qui serait capable de tout pour elle, qui a envie d'elle plus que tout au monde, elle est son plus beau cadeau, son plus beau trésor. Mais la petite princesse lui a menti. Maintenant il n'aura plus jamais confiance en elle.
- Non, s'il-te-plaît ! Ne raccroche pas, je t'en supplie.
- ...
Il a raccroché. J'ai envie de mourir. Je décide de rappeler Charly.
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- S'il-te-plaît écoute-moi. Tu vas tout savoir, ok ?
- J'aimerais bien, oui.
Je lui explique tout. Tout dans les détails. Je vais jusqu'à lui dire tout ce que Justin m'apporte que lui ne m'apporte pas.
- D'accord, Abby. Je te comprends. Tu sais quoi ? Je vais te donner trois choix. Tu crois que je ne t'aime pas, mais je suis très amoureux de toi. Si tu ne me crois pas, je te le prouverai. Donc ces trois choix :
1) Nous nous remettons en couple, tu bannis totalement Justin de ta vie, et nous oublions ça, nous recommençons à zéro et je prends en compte tous les reproches que tu m'as fait et j'essaie de me corriger.
2) Tu restes avec Justin ou pas, tu fais ta vie sentimentale comme tu la veux, et nous restons amis, nous gardons une bonne relation amicale.
3) Tu m'oublies totalement et nous ne nous parlons plus jamais à partir de maintenant et pour tout le temps, y compris pour les fêtes de noël, je pense que tu es au courant.
Wow. Il est organisé, même pour ça ! J' hésite vraiment entre ces trois choix, et je finis par trouver.
- Je vais prendre le 2) mais je voudrais une faveur.
- Je suis ouvert.
- Et bien... Pour les fêtes de noël, il est vraiment important que nous nous comportions comme un couple.
- C'est hors de question.
- S'il te plaît ! Imagine la réaction de nos parents quand ils vont apprendre ça ! Il va falloir leur fournir une explication !
- Et bien, tu leur diras, toi !
- Non, Charly. Essaie de me comprendre. S'il te plaît.
- J'essaie de te comprendre mais je n'y arrive pas.
- D'accord... J'ai cru comprendre que tu m'aimais toujours ?
- Toute ma vie je n'aimerai que toi.
Il me touche, j'ai l'impression de l'aimer encore un peu.
- Et bien... Si tu acceptes de passer les fêtes avec nos familles comme un couple, je t'accordes une faveur. Tu pourras me demander n'importe quoi, y compris une somme d'argent ou autre. Tout ce que tu veux, et je le ferai, promis.
- Très bien. Alors marché conclu.
Super ! Mais je crains quand même ce qu'il a à me demander, ça doit être important, pour qu'il finisse par accepter...
- Dis-moi, Charly, que vas-tu me demander ?
- Je voudrais que nous vivions notre première fois ensemble.
Je mets ma main sur ma bouche pour empêcher un cri de stuppeur de s'échapper de ma bouche.
- NON ! Tu es fou ?! C'est impossible !
- C'est tout à fait possible. Mais si tu refuses et que tu veux briser notre marché, c'est ton choix.
Mais quel pervers tordu ! J'ai envie d'aller le voir immédiatement et de le tabasser ! Comment peut-il oser me demander ça ?
- Nous en parlerons plus tard, Charly. Aurevoir.
Je raccroche. Quel idiot, je ne savais pas qu'il était attiré sexuellement par moi. Il me dégoûte, mais il m'attire. Il faut que je m'enlève cette idée de la tête. Je ne suis pas ce genre de fille, qui sort avec plein de garçons différents. Ou peut être que si.
J'essaie de rappeler Justin, il ne répond pas. Je le rappelle encore et encore, puis je finis pas balancer violemment mon téléphone contre le mur. Puis je me souviens d'une phrase que Justin m'a dite, quand nous avions parlé de la forêt autour de chez moi, il y a deux semaines.
"Quand je suis triste, quand je suis prêt à décoller vers le ciel, je vais dans la forêt. Ces arbres immobiles et immenses ressemblent à de grands garçons tristes, comme moi. Puis je m'enracine, et je ne veux plus décoller, je ne pense même pas à m'envoler. Je suis ancré sur cette terre humide parsemée de feuilles orangées et je pense."
Je m'en souviens mots pour mots. L'homme que j'aime est un poète. Je ne réfléchis pas, je dis à ma mère que je ne me sens pas bien et que je vais un peu prendre l'air dehors puis je sors, avec mon sac à dos, une bouteille d'eau et mon portable. Je marche dans la forêt. Il est vrai que ces arbres me font penser à Justin. Si calmes, avec une force intérieure immense. Charly est tout l'inverse. Il n'a aucune force, alors il passe son temps à se battre pour me montrer qu'il veut me protéger, mais je n'ai pas besoin d'une machine de guerre comme bouclier. J'ai besoin d'une bulle, une bulle dans laquelle je me sens bien et rien ne m'atteint.
La nuit est tombée, et j'aperçois une lumière au loin. Cette lumière se rapproche de plus en plus vite. C'est une personne avec une lampe. Je suis seule et sans défense. J'ai le réflexe de courir le plus vite possible, puis je me rend compte que cette personne me suit. J'accélère, je suis à bout de souffle, et quand je me retourne pour regarder si cette personne est toujours là, je me prends un arbre.
Oui, c'est bête.
Je tombe.
J'entends une voix, une voix si douce. La voix de Justin, sans doute. Je suis en train de rêver, je crois. Mais je ne suis pas sûre. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Je suis soulevée du sol par une paire de bras, de grands bras chauds et forts. Des bras rassurants, qui m'ont souvent enlacée le mardi soir après les cours. Je suis transportée, mais je dors. J'entends cette voix qui me parle, doucement, car je somnole.
- Abigaëlle, tu es évanouïe, mais je sais que tu m'entends. Hein, tu m'entends ? C'est Justin. Tu ne crains rien, je suis là, c'est Justin, Abigaëlle. Je te protège, je te tiens, je suis là. Je vais te ramener chez toi. Dans ta maison.
- Tu ne sais pas où c'est... Je ne te l'ai jamais dit.
- Je te rappelle que j'habitais là avant toi.
Ah oui, c'est vrai.
- Je sais ça, Justin, je le sais... Pouoi tuneré ponaipa ?
- Pardon ? Je n'ai pas compris...
Je suis si fatiguée, je n'arrive pas à parler.
- Pourquoi tu ne répondais pas ?
- Parce que j'étais triste.
- Pouoi ?
- Articule, s'il te plaît.
- Pour-quoi ?
- Parce que tu m'as menti, je pensais tout savoir de toi, mais tu m'as menti, et vu que tu l'as fait une fois je n'aurai plus jamais confiance en toi.
- Tu me pardonnes ?
- Non, Abigaëlle.
- Alors lâche-moi et laisse moi.
- Je ne peux pas, tu es dans un état second et tu as peut être un traumatisme crânien.
- Et merde...
- Nous sommes arrivés.
J'entends Justin appuyer sur la sonnette, puis la poignée s'enclencher, puis ma mère inspirer et retenir sa respiration.
- OH MON DIEU ! MA CHÉRIE ! MA PETITE ABBY ! MAIS QU'AS-TU FAIS, JEUNE HOMME !?
- Je vais bien, maman, cool, je me suis pris un arbre, Justin m'a vue évanouïe par terre et m'a ramené ici.
- Justin. Je suis la mère d'Abby, Stefani. Enchantée. Tu peux la laisser maintenant.
Son ton est sec.
- D'accord Stefani. Je crois qu'il serait préférable d'appeler les urgences, elle a peut-être un traumatisme crânien.
- Je te re-mer-cie, jeune homme. Tu peux rentrer chez toi.
- Non maman, laisse-le rentrer un peu, je veux lui parler quand je serai d'applomb.
J'ouvre les yeux, je suis toujours dans les bras de Justin, Martin est derrière ma mère qui fait signe à Justin de rentrer dans la maison.

AbbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant