J'ai besoin d'air

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Je l'avais oublié. Justin efface mes souvenirs. Toutes les choses importantes qui se sont passées dans ma vie avant que je rencontre Justin ont disparu, ma façon de voir les choses a changée, j'ai même oublié mes amis, Sarah, Mina, Jason, Pete, Lili, Madison, et Charly. Cette révélation soudaine me donne la nausée. J'ai oublié mon ange gardien et ma meilleure amie, mes piliers, ma cousine ! Ce n'est plus possible. Justin happe ma vie trop brusquement. J'ai un besoin urgent de renouer avec tout ce petit monde. Je regarde les sms que j'échangeais avec eux sur mon portable et je craque. Je me rends compte, maintenant. Ils me manquent énormément, je les ai tous remplacés par une seule et même personne : Justin. J'ai ignoré tous leurs appels, je ne les ai pas appelés en retour, j'ai été conne. Charly doit vraiment être dégoûté. C'est pourtant bizarre, il a du parler avec mon frère durant tout ce temps ! Et puis le pire, ce n'est pas ça. Le pire, c'est que je n'ai pas osé dire à Charly que tout était fini quand c'était encore le moment, je ne pouvais pas, c'était au dessus de mes forces. Et comme je tiens à Justin, je lui ai dit que c'était fini avec Charly, et que celui-ci acceptait bien notre rupture. Foutaises. Si il savait ce mensonge, ça serait la fin de mon amour, la fin de ma vie.
Je m'enroule dans ma couette cinq minutes et regarde le mur de ma chambre pour encaisser tout ça. Ce mur, il est bleu. Il était blanc il n'y a pas longtemps. Ma mère l'a repeint, et je n'ai même pas remarqué ! Et pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ?
Je l'appelle en hurlant de toutes mes forces. J'entends ses pas dans les escaliers, puis sur le plancher du couloir, le bruit insupportable de ses chaussures à talons.
- Qu'y a-t-il ma chérie ?
Je vois son visage se décomposer quand elle voit mon regard vide et mes larmes.
- Oh, ma petite puce... dis-moi tout.
- Je voudrais rentrer à Paris pour le nouvel an.
- C'est prévu, nous serons là-bas pendant les vacances de noël. Pourquoi est-ce que tu pleures ?
- Parce que je suis à bout. Je ne sais pas pourquoi, j'ai coupé le contact avec tous mes anciens amis, je ne me rendais pas compte qu'ils me manquaient, je les ai ignorés, je suis terriblement désolée... Je viens de m'en rendre compte, ils étaient mes étoiles, et je les ai laissés filer...
Elle me regarde, avecune bienveillance immense, comme toujours, elle sourit et ses joues se tâchent de rose. Elle est tellement accueillante et belle, maman. Je sèche mes larmes.
- Ne t'inquiète pas, ce que tu vis est difficile et je suis sure que tes amis seront compréhensifs. Ne t'en fait surtout pas, et si tu veux tout savoir, nous avons une surprise pour toi.
- Laquelle ?
- Tu verras quand on sera à Paris.
- Allez, dis-moi, ça me remonterait le moral !
- Si tu insistes... J'ai réussi à faire en sorte que nous passions le nouvel an avec la famille de Charly et tous tes amis, nous avons loué une grande maison en banlieue.
J'ai l'impression que tous mes organes se réduisent en cendres à l'intérieur. J'ai les larmes aux yeux. Mais il ne faut pas que je me laisse aller. Ma mère doit s'attendre à ce que je sois heureuse, alors je dois combler ses attentes.
- OUAH ! Oh merci maman, je suis tellement contente !!!
Mais un mensonge si important me fait tout lâcher et j' éclate en sanglots.
- Ça fait longtemps que je n'ai pas été aussi heureuse, excuse moi.
Son sourire s'élargit, elle a les yeux qui brillent, elle aussi.
- Ma chérie... Je ne pensais pas que ça te ferait autant plaisir, lais ces larmes de joïe sont mon plus beau cadeau de noël.
Elle est merveilleuse. Et moi, je lui ment.
- C'est moi qui suis heureuse. Tu sais, je t'aime tellement...
- Je t'aime aussi ma chérie. Je te laisse, tu devrais appeler Charly pour lui dire que tu es au courant.
- Oui, je vais le faire.
- Je t'appellerai pour le dîner.
Elle sort et ferme délicatement la porte. Quand je pleure, j'ai toujours l'impression qu'elle marche sur des œufs. J'appelle Charly.
- Allô ?
- Oui Charly, c'est moi.
- Oh, Abby... Comment vas-tu ?
- Je vais bien, et toi ?
- Ça va...
Moment silencieux me mettant mal à l'aise.
- Euh... Charly, je voulais te dire que je suis vraiment désolée de ne pas t'avoir appelé, tu sais que je t'aime et que j'ai peur de te perdre.
- Je sais, Abby, ne t'en fais pas... Je te comprends.
Non, tu ne peux pas me comprendre. Tu n'as pas déménagé et quitté tout ton entourage. Tu mens, tu n'es qu'un hyppocrite, Charly. Tu ne m'aimes pas, tu veux juste me posséder et t'assurer une belle vie, alors tu fais tout pour me garder, tu es toujours d'accord avec moi, tu ne me contredis jamais, tu m'excuses toujours, tu n'es jamais en colère contre moi. Mais ne t'en fais pas, je ne t'aime pas non plus.
- Je suis si contente que tu me comprennes. Je t'aimes plus que tout, j'avais peur que tu ne m'excuses pas.
- Abby, je t'excuserai toujours, tu le sais.
Je le sais, et je veux te le prouver.
- Ah bon ? Et si je te trompais ?
Je suis folle.
- J'irai frapper l' objet de cet acte, et je m'assurerai que plus rien ne se passe, mais oui, je t'excuserai.
Bien. Niveau au dessus.
- Et si je te laissais seul du jour au lendemain, et que je partais avec un autre ?
- Je le frapperai et...
- Non, tu ne pourrais pas, car je ne serais plus avec toi. Et tu n'aurais pas à t'en mêler.
Moment de silence encore plus gênant.
- Et bien, je serais triste, et j'attendrais que tu reviennes.
Il a vraiment cette idée, que je reviendrais toujours à ses côtés.
- Et si...
- Et si quoi Abby ? Je t'aime, c'est tout. Je comprends que tu ais besoin de vérifier tes doutes, ou de me tester. Surtout avant ce que nous allons vivre ensemble. J'ai réfléchi, et tu as raison. Je pense que nous serons encore plus connectés après ça.
Rien n'est naturel dans cette conversation. Et encore une fois, il va dans mon sens. Enfin, c'est moi qui lui ai demandé, et maintenant je regrette. Mais soudain mon téléphone vibre, c'est un double-appel de Justin. Sans faire exprès j'appuie sur répondre, et Justin et Charly peuvent maintenant s' écouter. Oups ! Tout se met à bugger et je n'arrive pas à raccrocher.
- Allô ?
- Allô ? Qui êtes-vous ?
- Le petit ami d'Abby.
Moment de silence. Charly vient de briser toute ma relation avec Justin.
- Il doit y avoir une erreur, ou c'est une blague, je suis le petit ami d' Abigaëlle.
Charly raccroche. Justin continue de parler.
- Abigaëlle ? Ne fais pas la sourde, je sais que tu es là et que tu nous entend.
- Oui, je suis là, effectivement...
Je n'ai jamais eu aussi honte. J'ai encore envie de pleurer, mais je n'ai plus de larmes.
- C'EST QUOI CE BORDEL ?! C'ÉTAIT QUI ?
Je lui dit la vérité :
- C'était Charly. Celui qui m'a offert la bague. Mon petit ami chiant et parfait, mais mon petit ami officiel aux yeux de toute ma famille et de mes anciens amis, aux yeux de Diane aussi. Et c'est aussi avec lui que je vais vivre ma première fois.

AbbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant