Abby

Terreur nocturne

Le soir nous allons dîner, je suis assise en face de Charly. Comment ais-je pu l'oublier ? Il est magnifique... Mais Justin l'est encore plus, non ? Je discute avec Sarah, ma cousine, qui est à côté de moi. Pour l'instant, c'est comme une réunion de famille. J'ai de la chance car ma famille s'est toujours très bien entendue avec celle de Charly, nos grands mères sont même devenues très proches, elles passent leur temps ensemble. Sarah se penche près de moi pour me parler doucement :
- Et alors, tu n'as pas rencontré d'autre garçons ?
Je regarde Charly en face de moi en même temps qu'elle me parle. Il fronce les sourcils et sourit, j'aime quand il fait cette jolie grimace.
- Non, biensûr que non...
- On se connait depuis qu'on est gamines, Abby. Je sais quand tu mens. Et là, en l'occurrence, c'est le cas.
Ma cousine a toujours utilisé des expressions soutenues. Je trouve ça vraiment énervant.
- Sarah... On ne pourrait pas en parler plus tard ? Mon petit ami est en face de moi, c'est vraiment gênant...
- N'essaie pas d'esquiver cette conversation. Je n'oublierai pas de t'en reparler quand on sera seule à seule.
J'ai envie de lui mettre une claque. De quoi elle se mêle ?
- Sarah, s'il te plaît arrête, ça ne te regarde pas.
- Je suis ta cousine, tu peux tout me dire !
- SARAH !
J'ai hurlé. La longue table fait un soubresaut, tout le monde nous regarde. Mon père fronce les sourcils.
- Pouvons-nous savoir ce qu'il se passe ?
- Il ne se passe rien papa, c'est bon.
Sarah me regarde avec un regard noir.
- Si, tonton. Abby est très fatiguée et s'énerve pour un rien.
- Je n'avais pas envie de parler de ça maintenant, c'est tout !
L'incompréhension se lit sur le visage de toute l'attablée. Mon père se racle la gorge.
- Les filles ! Ce n'est que le premier soir ! Vous n'allez pas vous disputer !
Je le fixe et décide de détendre l'atmosphère.
- Oui, désolée Sarah... Je suis très fatiguée, il est 22h00 mais je vais me coucher. C'est impoli, mais sinon je vais m'endormir ici. Bonne soirée à tous.
Je me lève et me dirige vers l'escalier. J'entends la voix de Charly.
- Excusez moi, je vais lui parler deux minutes.
Puis je l'entends me suivre, rentrer dans la chambre après moi.
- Abby, que s'est-il passé ?
- Elle a osé me demander si je n'avais pas rencontré d'autres garçons, puis elle a insisté !
- Ne t'en fais pas, Sarah n'est pas très délicate.
Je le regarde et lève les yeux au ciel. Il est déconcertant. Il juge ma cousine alors qu'il la connait à peine, je la connais depuis mon enfance.
- S'il te plaît Charly, soit tu redescends avec eux soit u viens te coucher avec moi mais je suis vraiment trop fatiguée.
- Je reste avec toi.
Il me sourit, il est debout en face de moi. Il prend mes mains froides dans les siennes, qui sont sèches et chaudes. Il me sourit. Je lui demande quelque chose que je n'aurai jamais pensé lui demander hier.
- Charly, s'il te plaît, est-ce que tu peux m'embrasser ?
Il ne dit rien, il met sa main sur ma joue et il approche son visage du mien. Quand ses lèvres touchent les miennes, les papillons de mon ventre prennent leur envol.
Je ferme les yeux et savoure cet instant. Mon ange gardien est avec moi.
Il se retire lentement et me serre dans ses grands bras.
Nous nous mettons en pyjama, moi avec un pantalon large et un t-shirt, lui en débardeur et boxer. Ce débardeur blanc, je l'aime énormément. Charly a un talent caché : sa voix. Des fois il me chantait des chansons à l'aide de son piano, et c'était magnifique. Mais c'était exclusivement pour moi, car il veut se concentrer sur sa carrière de physicien. Ce débardeur, il le portait quand il m'a chanté pour la première fois "Chandelier" de Sia. À travers je vois son torse. Il est moins mince et moins musclé que Justin, mais il est tout à fait convenable. Je me sens laide à côté de lui, et comme si il lisait dans mes pensées, il s'approche de moi.
- Tu es très belle comme ça aussi.
Je suis flattée.
Nous nous endormons, lumière éteinte. Je sens ses bras s'enlacer autour de moi, je m'y sens si bien que je ne le repousse pas. Mais l'étreinte se resserre petit à petit et il me fait passer à califourchon au dessus de lui. Non. Je ne peux pas, c'est impossible. Je ne vais pas me forcer.
- Charly...
J'allume la lumière.
- Désolé.
Il me fait redescendre doucement.
- Charly, je suis trop fatiguée.
Il me sourit. Il est beau !
J'éteins la lumière. J'entends une petite voix dans mon oreille.
- Je peux quand même te serrer dans mes bras ?
Il est tellement mignon, je ne veux pas refuser. J'ai envie d'être dans ses bras, vraiment.
Je met pose ma tête sur son torse, il met ses bras autour de moi. Je l'entends s'endormir, et j'essaie de caler ma respiration sur la sienne. Je m'endors vite après ça.
Quand soudain, je me réveille. Charly est en train de respirer vite et fort. J'allume la lumière, et j'ai soudainement très peur : Il est couché sur le dos, les yeux grands ouverts et j'ai l'impression qu'il s'étouffe. Il transpire, son front ruisselle.
- Charly ? CHARLY ! Putain qu'est-ce qu'il se passe ?!
Je me mets à pleurer, ses yeux sont ouverts mais il fixe le plafond, il ne me voit pas, il ne m'entends pas.
Je vais lui chercher un gobelet d'eau dans notre salle de bain, puis je le fait boire, doucement.
Tout à coup ses yeux roulent, puis sa respiration redevient normale et il me regarde.
- Merci, Abby. Merci d'être là.
Je le serre dans mes bras.
- Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Je regarde l'heure sur mon téléphone : 3h31.
- Je suis nul. Je fais des cauchemars comme un gamin.
- Non, Charly, ce n'était pas un cauchemar, on aurait dit que tu étais possédé, enfin... j'ai eu si peur !
- Depuis que tu es partie, je fais un cauchemar toutes les nuits. Et depuis que j'ai appris l'histoire avec Justin, je fais des terreurs nocturnes. Mes parents sont obligés de se lever toutes les nuits pour me calmer.
C'est si étrange, il a vraiment peur que je le quitte.
- Et... c'est quoi ce cauchemar ?
- Quand je n'étais pas au courant pour Justin, je rêvais que je te voyais dans la rue, que je t'appelais mais que tu ne m'entendais pas. Je criais, je me mettais devant toi, tu ne me voyais pas. Alors je m'énervais, je pleurais, et je me réveillais. Depuis que je suis au courant pour Justin, je te vois dans cette rue, puis Justin arrive et t'embrasse. Je cours vers vous, Justin me frappe, et j'essaie de me défendre mais j'en suis incapable, je suis comme paralysé. Et toi, tu es debout à côté, tu regardes Justin me frapper et tu ne dis rien, et je te parle mais tu ne me réponds pas. Puis je me réveille, je descends dans la rue et ça le refait, puis encore et encore... jusqu'à ce que je me réveille vraiment, et que je vois le visage de mes parents.
- Charly, écoutes moi bien. Maintenant, tu n'es pas en train de rêver, c'est la réalité. Je suis là, auprès de toi, Justin n'est pas là et il ne sera plus là. D'accord ?