Masque et dissonance

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Je peux vous dire que tout va bien. Mais ça sonnera faux à mes oreilles. Je peux faire des blagues, délirer et être contente que vous y riiez. Mais aussi vous avoir distrait, parce qu'il y a quelques minutes je pleurais. Je peux devenir Hime la folle. Mais je pense que le mot folie n'a jamais été aussi mal interprété. Je ne veux pas être ainsi. Je ne veux pas. Parce que quand le masque se craquelle, les gens sont surpris, ou inquiets. Or je ne veux pas qu'on me voie comme ça. Le problème, c'est que je suis comme ça. Et je ne veux pas non plus mentir. Mais c'est tellement plus facile. Même pour soi-même. C'est plus facile de se cacher derrière un sourire. De faire comme si. On y croit, nous-même, quelques secondes. Prolongées si la personne en face y croit aussi. Sauf que très vite, derrière la mélodie que vous lisez pour séduire votre interlocuteur, se fait entendre une autre mélodie, totalement dissonante de la première. Alors vous faites comme ces enfants. Vous vous bouchez les oreilles et vous fredonnez n'importe quoi. N'importe quoi d'autre mais pas ça. Sans vous rendre compte que la personne en face de vous vous regarde d'un air horrifié, entendant soudain votre cacophonie intérieure. Sauf que ça vous l'avez anticipé. Alors vous continuez à jouer votre partition de pipeau. Et vous entendez en même temps l'autre mélodie, inaudible pour l'autre. Mais formidablement assourdissante pour vous.
Il y a des gens qui vous diront que la personne que vous êtes en portant le masque fait aussi partie de vous, et que tout le monde en possède un. C'est vrai. Mais ces gens-là, dont je fais toujours partie, paradoxalement, ces gens-là ne savent pas. Ils ne savent pas que les masques les plus ornementés sont aussi les plus difficiles à enlever en présence de l'autre. Et les meilleurs comédiens ou musiciens souvent les plus malheureux.

30/12/2016.

Exorcisme de mes Maux par mes MotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant