La Dissociée

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C'est une histoire se déroulant sur mes quelques nuits
Autres que celles ou le traître sommeil qui tantôt m'a fuit
Devient bel et doux comme un Morphée complaisant
Avide de me faire une cruelle farce qui dissipera les bénéfices de son don rare et apaisant
Vous qui pouvez dormir, sachez qu'en lisant ses lignes, qu'à cette seconde je vous jalouse
Rien que pour une nuit entière et réparatrice je ne sais plus quoi tenter et en boucle une voix me dit, narquoise "You loose ..."
Et pour les quelques uns ou unes comme moi, je pense à vous compagnons de galère

Faisons fi de notre misère et relevons la tête, fiers.
Une nuit, vous en avez gagné une nuit ?
Mais qui devrait avoir à se battre pour dormir ne serait-ce qu'une nuit ?
Aujourd'hui je vais vous conter cet autre trouble qui empoisonne mon repos
Non Hypnos, je ne me tairais pas, je suis plus ta féale
Tu me prive depuis trop longtemps de ta voix qui parcourait mes yeux clos d'un ton égal.

C'est un poème privé de vers
C'est un animal qui se vide de son sang
C'est une peur qui se réverbère
C'est une vision qui devient d'une rouge sang

L'éveil est brutal, la prise de conscience encore plus
Il ne répond plus à mon signal, mon corps ne m'appartient plus
Ouvrir les yeux mais seul ce geste, risible
M'est possible
Ma respiration, pourtant régulière, m'est étrangère
Mes battements de cœur sont automatiques
Preuve que mon corps n'a pas besoin de moi pour faire tourner la boutique
Il semble me lancer, goguenard :"Sans toi, ça y est je gère !"

La température monte, j'étouffe sans étouffer
Des visions de moi agonisant accompagnent de leur chaleur mes bouffées
Un goût atroce envahit ma bouche, traîtresse
Et indifférente à traduire ma détresse
Colère mêlée de panique qui sont muselées, ligotées
Je ne peux que subir l'affront ultime des innocents prisonniers.

Une heure de dix minutes plus tard
Je suis enfin délivrée de mon éveil-cauchemar
Et, tremblante de rage et d'impuissance, je me saisis de mes mots
Pour vous transcrire mes maux.

À 6:00 a.m. un réveil retentit.
Faible mais agaçant, il n'éveille que mon esprit
Mon corps, lui, reste endormi
Et c'est parti pour d'un sommeil une paralysie !

Peut-être qu'en voyant le titre vous avez pensé à l'excellent film des Golden Moustaches ? Vous en avez été pour vos frais alors. C'est beaucoup moins drôle dans la réalité. Sentir son esprit dissocié de son corps n'est pas plaisant, je vous assure.

06/03/2017.

Exorcisme de mes Maux par mes MotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant