Monologue d'autocomplaisance

49 10 3
                                    

Trop pleine. Trop pleine de reproche et de culpabilité. Trop pleine de colère. Trop pleine de tristesse. Trop pleine de tes paroles mère.

Je suis coupable mais toi tout autant. Je ne t'écoute plus et toi non plus.

Tu me presse et me stresse à me dire que l'heure approche. Je m'empresse alors de t'ignorer.

Je fais quelque chose et tu me dis : "C'est bien. Pour une fois." Le problème c'est que je le sais déjà. Je le sais déjà que tu vas dire ça et je le sais déjà que je le pense maintenant aussi. Même si quelques fois tu m'assures que ce n'est pas ton cas.

Tu renonces à me croire et que tu renonces à voir quand j'ai pu faire des efforts.

J'ai eu mal et je suis tombée. La première fois tu me dis : "Ce n'est rien tu vas te relever."
Mais maintenant c'est un autre refrain, c'est plutôt : "Pourquoi si tu as échoué tant de fois tu réussirai maintenant ?"

Je ne fais rien, je m'immerge dans les images, les lettres et les mélodies. Pour fuir cette rengaine fatale. Pour m'éviter une tentative inutile. Pour ne surtout pas me forcer, ne surtout pas essayer.

Alors ça y est. Je l'appelais flemme mais maintenant elle a évolué. Faut dire qu'elle s'est bien installée. Flemme a pris une forme bien plus présente, bien plus collante : procrastination.
Qui est-elle ? Cette petite voix qui vous chuchote que tout ce que vous faites est voué à l'échec et qu'il vaut mieux "profiter du moment présent" en vous occupant la tête avec des choses qui ne vous apportent rien. Celle qui trouve toujours une bonne raison de tout repousser à demain. Mais demain c'est vague. Ça peut être une heure, un jour, un mois, une vie. Une vie. C'est aussi celle qui vous donne une brève illusion de répit dans lequel vous vous efforcez de vous faire plaisir en échange d'une éternité d'angoisse, de culpabilité refoulée et de perte de votre estime de soi.

Je n'ai jamais demandé d'aide même si je le crie dans ma tête. Je ne veux pas qu'on me regarde tout simplement parce que j'ai peur de me voir dans les yeux des autres telle que je me vois. Auteurs de mes jours, je ne vous ai jamais, jamais reproché de me laisser me débrouiller parce que c'est trop tard et parce que je ne sais plus comment vous laisser m'aider. Et, surtout car je ne sais plus comment m'aider moi-même. Pire encore je ne sais pas si j'en ai vraiment envie.

J'ai pas l'instinct de survie mais celui d'autodestruction. La porte de mon cœur, je l'ai fermée, cadenassée, j'ai détruit la clé et j'ai cloué des barricades derrière. Et le plus important c'est que j'ai pas l'intention de laisser quelqu'un l'ouvrir.

Je me claquemures en moi-même et je ne laisse rien entrer ni sortir. Je m'autoempoisonne car l'être humain n'a besoin de personne, une fois que la machine est lancée, pour s'autocomplaindre et s'enfoncer de lui-même dans ses propres abysses.

Quelques 500 mots pour cette merde ? Eh oui, car cet être humain produit de la merde sans aucun effort !

C'était mon monologue d'autocomplaisance. J'espère que ça ne vous a pas plu.


Note : Écrit avant aujourd'hui. Publié et édité aujourd'hui(le lundi 5 septembre donc). Pendant l'été 2016.

Exorcisme de mes Maux par mes MotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant