Ligoté sur son siège par la magie noire, Michel défiait ses geoliers du regard. Après avoir tué ses parents, voilà que les démons l'emprisonnaient pour faire de lui leur serviteur, leur pantin. Mais jamais il ne les laisserait faire. Plutôt mourir.
— Vas-tu encore nous sous-estimer à présent ? lança Élisa avec une moue moqueuse.
Une nuée de papillons perchée sur ses épaules et ses bras paraissait l'observer avec la même attention que leur maîtresse. Cette dernière faisait battre ses ailes au même rythme que ceux de ses protégés. Fascinant tout de même. À ses côtés, Nathalia arpentait à pas mesurés la pièce sombre dans laquelle ils se trouvaient, tête baissée. Ses talons qui claquaient sur le carrelage étincelant émettaient le seul bruit brisant le silence pesant qui s'ensuivit. La hargne animait les prunelles du rouquin dont le cri de rage demeurait coincé dans sa gorge.
— Tu as perdu ta langue ?
Le jeune homme tenta de bouger davantage ses poignets, mais une force invisible le harponnait à la chaise.
— Ah non, tu ne peux pas partir. On ne t'a pas fait passé ce test pour rien.
— Ah oui, pour voir si j'en valais la peine...
— Bien sûr! Nous devions vérifier tes abilités pour voir si les éloges de Nathalia à ton égard étaient véridiques, répliqua Élisa.
— Je n'ai pas... se défendit la rousse avant de soupirer en marmonnant pour elle-même.
Le garçon haussa un sourcil, interloqué. Nathalia agissait avec lui d'une manière étrange et dont il n'arrivait à distinguer les réelles intentions.
— Elle a dit quoi au juste ? demanda-t-il, happé par la curiosité.
Pour toute réponse, la chef des démones lui fit un sourire éclatant avant de claquer des doigts et de se métamorphoser en une envolée de papillons virevoltant jusqu'à la porte et disparaissant dans l'obscurité. Il n'y avait plus qu'eux deux dans la salle. Celle-ci était entièrement vide si ce n'était de la chaise sur laquelle on avait installé Michel. Les parois en pierre étaient ternes et marqués par l'usure du temps. Rien à détailler en soi.
Pourtant, il ne se sentait pas très à l'aise à l'idée de rester seul dans cet endroit qui dégageait une atmosphère malsaine. Quoi que rien en enfer ne possédait quoi que ce soit de bien en fait... Nathalia ne pipait mot et le dévisageait de son regard de braise. Ils restèrent ainsi sans sourciller pendant de longues minutes sans qu'aucun ne baisse sa garde. Enfin, la rousse prit la parole :
— D'après toi, quelle est l'utilité de cette pièce ?
— À part de prison et à être d'une laideur épouvantable ? Pas grand chose.
— C'est une salle de torture.
La dame promena ses doigts sur les marques gravées dans la pierre. Michel songea alors aux traces d'ongles que l'on trouvait dans certaines chambres à gaz de camps de concentration de la deuxième guerre mondiale. Un frisson le parcourut à cette pensée. Il avait froid tout à coup. Certaines gravures lui apparaissaient désormais clairement comme des griffures. Il imagina des mains lacérant les murs pour sortir. Un étau se resserra sur sa gorge.
— Nous, les démons, nous spécialisons dans toutes les tortures possibles. Physiques. Psychologiques. Émotionnelles.
Elle s'avança vers lui en dardant un regard intense.
— Bientôt, toutes les techniques te seront familières. Tuer sera pour toi banal... tu verras, ajouta-t-elle d'un air mystérieux.
— Pourquoi moi ?
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Le Jugement du Diable - Tome 1 - La délivrance du mal
ParanormalLes humains ne réalisent pas l'étendue de leur ignorance. De nombreuses créatures surnaturelles se perdent dans la foule, attendant patiemment que leur heure sonne. Emma, une mortelle parmi tant d'autres, voit sa vie voler en éclats dans un acciden...