Épilogue

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Et voici l'épilogue de cette fiction. J'espère qu'elle vous aura plu jusqu'au bout. En tout cas, merci à tous de l'avoir suivie, merci pour vos commentaires et vos encouragements. Encore un grand merci à Myriam et Nouchette pour leurs relectures.

Bonne lecture pour cet épilogue et une très bonne année 2017.

Épilogue

Assis sous la branche la plus basse de Versipelle, Derek étouffe un discret bâillement en regardant le vent faire naître de petits tourbillons dans la poussière. Au sol, les graviers dessinent des motifs aléatoires, plein d'une géométrie tout ésotérique. Son esprit s'envole un instant pour reconstituer l'improbable puzzle.

Voici déjà une heure qu'il écoute les doléances des uns et des autres, rendant justice à l'ombre du chêne légendaire. À l'orée du feuillage touffu, le soleil tape, implacable. Pourtant les gens réunis çà et là ne semblent pas se lasser de l'impact ardent des rayons lumineux. Il est rare que la population s'abrite du soleil, comme si elle avait peur de se le voir à nouveau arracher. Chaque seconde compte quand on est terrorisé à l'idée que disparaisse à nouveau la lumière.

Des jours durant après ce que l'on nomme désormais la Chute, le soleil ne s'est plus caché. Aucun nuage n'a plus traversé le ciel alors que les racines de Versipelle ne cessaient de croître. Elles s'étendaient au monde entier, comme un inextricable réseau veineux venu lui rendre la vie. Bien que de longues années se soient écoulées, Derek s'en souvient comme si c'était hier.

Il se souvient de l'incertitude, de la peur aussi. Parce que personne ne pouvait prédire si les racines de l'Arbre Monde n'allaient pas broyer la terre dans une étreinte à la fougue destructrice. Il se souvient aussi de la haine qui avait flambé. De la colère des humains après des années d'esclavage. Du refus de certains Surnat de voir l'ordre établi bouleversé. Bien que marquée par le renouveau, cette période s'était avérée sombre et dangereuse. L'équilibre dont il avait tous rêvé avait mis du temps à s'installer.

Derek en est pourtant là aujourd'hui. Lui que tous désignent comme l'Alpha Suprême, seigneur des lycans et des loups. Le dos bien calé contre une racine de la taille d'un baobab, il écoute les doléances d'un fermier humain. L'homme porte encore ses habits de travail et il sent la terre. Ce terreau humide, riche, gras et fertile que cultivent désormais les paysans. Au loin, les champs de blé dorent les versants des collines, tout juste mouchetés par le rouge délicat des coquelicots.

Derek laisse de nouveau son esprit vagabonder alors que l'homme lui décrit par le menu la querelle de voisinage qui l'oppose à un faë. Apparemment, l'homme n'apprécie pas que le Surnat utilise sa connexion avec les choses de la nature pour inciter les abeilles à produire plus de miel.

Alors que le type commence à lui expliquer en quoi le fait de voir les abeilles de son concurrent butiner ses acacias à lui devrait être sévèrement puni, Derek voit la silhouette dégingandée de Stiles se frayer un chemin parmi les racines. En équilibre instable, on pourrait croire qu'un lutin essaye de se faufiler jusqu'à eux. C'est toujours comme ça lorsque Stiles traverse les ruines de ce qu'il reste de l'arène.

Le Porteur de Lumière arrive finalement jusqu'à eux, auréolé d'un halo de couleurs chatoyantes. Cette aura était apparue autour de Stiles lorsque le monde avait achevé de retrouver son état antérieur. Ainsi personne ne pouvait plus ignorer qui était cet homme, quel était son pouvoir. Bien que Stiles ait perdu le don de manipuler les couleurs de manière aussi spectaculaire qu'à la naissance de l'Arbre Monde, il demeure néanmoins celui qui a accompli la prophétie en s'unissant au loup.

L'Alpha Suprême contemple la démarche un peu gauche de son compagnon. Même à quatre-vingts ans passés, Stiles trébuche toujours sur les racines et les cahots. Le rire de l'alpha interrompt les doléances de l'humain. Le paysan se retourne, les sourcils froncés, avant d'aviser Stiles. Il s'incline profondément devant le nouvel arrivant.

Ce dernier avait d'abord refusé toute marque de déférence de ce type. Rougissant, il s'égarait dans des babillages sans fin pour convaincre les gens de le traiter comme un humain ordinaire. Mais rien n'y faisait. De guerre lasse, il avait fini par accepter les courbettes et les témoignages de respect avec un sourire calme.

Sans plus se préoccuper de l'apiculteur, Derek se lève pour prendre son compagnon dans ses bras. Le temps a légèrement ridé sa peau et constellé ses cheveux de fils blancs. Stiles a vieilli. Pas aussi vite qu'un humain ordinaire cependant. Être l'âme liée d'un Surnat a bien quelques avantages...

C'est avec un enthousiasme non feint qu'il rend son baiser à Derek.

Les années n'ont jamais réussi à éroder la puissance de ce qui les liait. Prophétie ou non, Derek a fini par apprendre à connaître sur le bout des doigts les mimiques de Stiles. Ses rires incontrôlables, mais aussi ses rares silences.

Il a fait de son compagnon, son amant bien sûr, mais aussi son meilleur ami, son conseiller. C'est ensemble qu'ils portent le poids d'un monde à reconstruire, quoique secondés par leurs amis qui ont finalement décidé de rester dans les parages.

V et Castiel jouent les augures ainsi que les conseillers. Du moins la plupart du temps. Il leur arrive aussi d'épauler Butch et Dean qui se sont découvert une compétence toute particulière pour le maintien de l'ordre. Aussi butés que deux béliers, ces deux-là ont une méthode bien à eux pour faire régner la justice. Souvent directe, mais le Nouveau Monde ne se prête pas encore à la douceur.

Derek sourit en croisant le regard pétillant de Stiles. Il y lit les années passées, le chemin parcouru et celui qui s'étend encore sous leurs pieds. Il ignore le temps qui leur est encore imparti. Mais le lien vibre entre eux. Une confiance absolue et un attachement indéfectible. Aussi profonds et solides que les racines mêmes de Versipelle. Ce lien qui résonne avec celui de toutes les âmes liées que porte cette terre.

En fin de compte, tout ce que Derek sait, c'est que ce monde – le leur – n'est pas parfait. Il reste des choses à reconstruire, d'autres à découvrir. Des alliances à créer. Une magie à apprivoiser. Un passé avec lequel se réconcilier pour retrouver ce qui a été perdu et bâtir l'avenir.

Mais la vie est douce lorsque Stiles lui sourit avec cette pointe d'espièglerie qui creuse ses fossettes.

Voilà, j'espère que cet épilogue aura été à la hauteur de l'histoire. Il me reste à vous faire un gros bisous. Pour la prochaine fic, ce sera une Vutch exclusivement, disponible d'ici une semaine ou deux si le cœur vous en dit. J'ai aussi eu une idée pour un second cross-over avec les mêmes pairing que dans celui-ci, mais je n'ai pas encore commencé à l'écrire. So, maybe one day...

En attendant, gros bisous à vous tous et merci:)

You're the color of my bloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant