Je me souviens les avoir vu.
J'étais... Comment le décrire? En vie. Oui, voilà. J'étais en vie. Ni plus ni moins. Juste en vie. Une absence d'émotion, une vie monotone et grise, une photo en noir et blanc sans intérêt, comme celle d'une rue vide. Et, au milieu, les couleurs. Celles de la Vérité. Je les trouvaient attrayantes. Si exceptionnelles. Elles étaient si belle, comparées à la morosité de mon entourage. Elles m'ont attirées, adolescent perdu que j'étais. Je me suis dit, pourquoi pas? Elles avaient l'air si belles, les couleurs de la Vérité.
Alors je les ai acceptées. Et tout à changé. Ma vision. Du monde, des piétons qui te bousculent sans te voir, du béton qui claque sur tes pas, des bâtiments qui nous cachent le soleil et nous enferment dans l'ombre sécurisante.
D'abord, ça a été magnifique. Je me sentais vivre. Vraiment. Ce que j'ai dit au début, c'était faux. Je ne vivais pas, je survivais. Mais avec ces couleurs, c'était autre chose. Je voyais les choses comme pour la première fois. L'odeur des premières pluies sur le béton, le bruit des murmures amoureux, le goût de l'air et du vent, la caresse du froid, les couchers de soleil à couper le souffle. Je voyais le monde tel que personne ne l'avait jamais vu. Je n'en n'ai pas parlé. Par ce qu'ils n'auraient pas compris mon émerveillement, eux qui voyaient encore le monde en noir et blanc. Et puis par ce que je voulais garder ces trésors pour moi.
C'était égoïste, mais ça semblait être mon monde à moi. Pas celui des autres. Mais version, ma façon de voir les choses. Mon univers, celui qui m'enlevait à la réalité et qui me redonnait goût à la vie. Dans les premiers temps, tout était parfait, si parfait. Je vivais, un pas après l'autre, sans jamais me préoccuper de ce qui se passait autour de moi. Je m'occupais d'un autre "autour de moi". Celui des couleurs de la Vérité. Et j'ai vu à quel point le monde était beau. A quel point la vie valait la peine, finalement.
Et, naïf et innocent que j'étais, je me suis laissée prendre dans le piège de ces tourbillons de couleurs, comme un papillon qui vole pour la première fois ne fait pas attention à la toile d'araignée sur son chemin. Mais cette araignée, mon araignée, la Vérité, ne m'a pas mangé. Non, pire que cela.
Et je suis tombé de très haut. J'ai vu les couleurs. Celles de la Vérité. Les vraies.J'avais découvert les couleurs de la Vérité.
VOUS LISEZ
J'ai vu les couleurs de la Vérité
ContoJe me souviens avoir vu les couleurs de la Vérité. Celles que les gens parcourent des yeux sans vraiment les voir. Je me rapelle chaque détail de cette expérience, de l'émerveillement à la désolation, jusqu'à ce que je le rencontre, lui qui vivait p...