Huit

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Cette nuit là, j'ai laissé un mot sur mon lit.
Maman,
Je suis sorti un peu plus tôt, je voulais aller prendre un croissant à la boulangerie avant les cours. A ce soir, je t'aime.
Eden
Comme ça, elle ne me chercherait pas avant que le lycée n'appelle pour dire que je n'étais pas venu en cours. Samy, lui, disait que ses parents s'en fichaient.  Qu'ils diraient au lycée qu'il était malade, et que le soir, il lui demanderaient juste où il était allé. Ils ont l'air gentils, ses parents.
En traversant la ville, pour le rejoindre, je me suis rappelé la première fois. Quand je connaissais pas encore Samy. C'était bien plus beau maintenant. Maintenant que j'avais appris à voir les belles couleurs de la Vérité.
On a pas parlé.  Il m'a juste pris la main. Et, ses doigts entrelacés avec les miens, on est monté dans les derniers trams, en s'éloignant un peu plus à chaque seconde de la ville, de cette prison qui nous cachait les étoiles.  En traversant un pont, je me suis penché pour regarder l'eau, et, tout à coup, comme ça, j'ai jeté mon téléphone dans l'eau. Comme ça, il n'y avais vraiment plus que lui et moi. Il m'a regardé, à sourit, et à fait pareil. On est arrivé à la limite de la ville. On la franchit sans regret. On était tout les deux. On avait plus rien à craindre du monde extérieur. On marché, longtemps. Tellement longtemps. On ne savait même pas où on était. Et on s'en foutait. Au milieu d'un champs. On s'est allongé, sur le dos. Et j'ai vu les étoiles. Les vraies. Celles qui brillent.
Le tableau du ciel constellé. Le regard perdu dans l'immensité, dans les méandres de l'univers, dans l'infinité de nos rêves. Fascinés par les étoiles dites "filantes", ces cadavres gracieux, ces voeux ambulants. Et nos coeurs formulant silencieusement ce que nos lèvres se refusaient à articuler.
Je t'aime.
J'ai senti son regard sur moi. Je l'ai regardé à mon tour. Doucement, il a approché ses lèvres des miennes.
J'ai reculé.
-Je ne suis pas homo, j'ai dit.
Il a sourit. Encore son sourire d'ange.
-Moi non plus, il a répondu, mais j'ai quand même très envie de t'embrasser.
Et il a collé ses lèvres sur les miennes. Elles étaient douces. Et elles avaient un goût sucré. C'était la plus belle chose que m'aient offertes les couleurs de la Vérité.

J'avais embrassé ce garçon qui voyait les couleurs de la Vérité.

J'ai vu les couleurs de la VéritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant