L'homme est irrémédiablement attiré par les ennuis. Par tout ce qui peut le sortir de sa petite vie morose. Et la violence semblait être toute désignée pour cela. Des coups, des insultes, on en voit partout, aujourd'hui, pourvu qu'on voit les couleurs de la Vérité.
Je n'aimais pas le jour. Trop de bruit. Trop de nuisance. Trop de désagrément. Trop de monde. Tout simplement. Le contact humain m'étais devenu désagréable, voir blessant. Trop de méchanceté. Trop de mépris. Trop d'indifférence. Trop de haine. Trop de colère. Je ne le supportais plus. Alors le soir, dès que mes parents dormaient, je me levais, enfilais mes plus beaux habits, ceux qui étaient destinés à la nuit, aux étoiles, à la beauté du silence, et, doucement, je sortais.
Je courais dans ces rues vides. C'est tellement mieux la nuit. Quand il y a personne. Rien que la solitude pour compagne. Le silence pour seul bruit.
Mais y'avais encore quelque chose qui clochait. Les réverbères cachaient les étoiles et la lune paraissait si pâle, comme si elle aussi elle était malade de voir le monde tel qu'il est. Par ce que j'en suis sûr, la lune, elle les voit, les couleurs de la Vérité. Sinon, elle serait pas là haut dans le ciel, si loin d'ici. Elle serait restée ici, enfermée dans cette vie sans s'en rendre compte. Elle en avait de la chance. Moi, je ne pouvais pas partir loin d'ici. J'étais perdu, condamné à rester prisonnier de ces blocs de béton, qui m'étouffais. Je mourrais à petit feu.
Et un jour, au détour d'un boulevard, je l'ai vu. Il était juste là, à regarder la ville endormie, comme moi. Mais il y avait quelque chose d'autre, aussi. Il avait l'air si heureux, comme s'il n'avait jamais vu les couleurs de la Vérité. Il s'est approché, les mains dans les poches et à demandé mon nom.
-Eden, j'ai dit.
J'aimais pas mon nom. J'avais le nom d'un jardin. Et je ne croyais même pas à toutes ces religions, ça m'écoeurait. Mais lui il avait l'air de trouver ça beau.
-Samy, a-t-il dit.
J'ai trouvé ça beau aussi, à la façon dont il le disait. J'ai voulu repartir, par ce que je n'aime pas discuter, mais, quand j'ai tourné les talons, il m'a dit :
-Tu ressembles à quelqu'un qui est prisonnier des couleurs de la Vérité.Je n'étais pas le seul avoir vu les couleurs de la Vérité.
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J'ai vu les couleurs de la Vérité
Short StoryJe me souviens avoir vu les couleurs de la Vérité. Celles que les gens parcourent des yeux sans vraiment les voir. Je me rapelle chaque détail de cette expérience, de l'émerveillement à la désolation, jusqu'à ce que je le rencontre, lui qui vivait p...