J'ai vu les couleurs de la Vérité

Sept

En cours, le jour d'après, je n'écoutais pas. Ça faisait longtemps que j'avais perdu le goût d'approfondir les études.  Ou même de suivre en classe. Mais au lieu de somnoler comme d'habitude, je pensais. A la nuit dernière. Samy, Samy, Samy...
Je n'arrivais pas à penser à autre chose. C'était... étrange. Je n'avais que lui en tête.  Ses cheveux soyeux qui me caressaient la joue, ses doigts fins pianotant contre mes bras, ses yeux sombres et tellement beaux que je voudrais m'y noyer parfois, dans les miens et ses lèvres si douces sur ma peau.
La nuit suivante, j'y suis allé encore plus allègrement que d'ordinaire. J'allais le voir. Voir Samy. Son nom était doux sur mes lèvres. J'aimais le prononcer. Parfois, je le murmurais quand j'étais près de lui. Dans ces moments là, il souriait, un sourire à tomber par terre. Un sourire d'ange.
Cette nuit là, il m'a parlé encore des étoiles, qu'on ne voyait pas. J'adorais quand il me parlais de ça. Ça me faisait rêver, bien au delà de ces murs de bétons. J'étais encore dans ses bras. Et chacun de ses mots me chatouillait le cou, et même sa respiration quand il parlait pas. Moi, je parlais presque jamais. Par ce que j'avais rien à dire.  C'était lui, qui avait vu le monde, pas moi. Et pourtant, quand je disais quelque chose, il m'écoutait, en souriant. Il ne se moquait pas. Il souriait juste.
Et puis, soudainement, il a m'a dit, tout doucement, en chuchotant :
-Et si, toi et moi, on allait voir les étoiles, loin d'ici, rien que tout les deux? On serait libres, et je pourrais te montrer toutes les merveilles de ce monde. Se serait bien, non?
-Sérieusement? J'ai demandé. Tu veux qu'on s'en aille?
-Oui. Les adultes nous retrouveraient peut être, peut être pas, on s'en ficherait. On serait tous les deux.
Ces mots ont résonnés dans tout mon corps. Tout les deux...
-D'accord, j'ai dit. Demain, tu m'emmènes voir les étoiles.  

J'avais appris à ne plus voir que la beauté de ce monde.