Toute mon enfance se passa en haut d'un arbre. C'était le plus beau, le plus majestueux, et le plus flamboyant de tous les arbres. Il surplombait de loin tous les autres feuillus de la prairie. Je passais mes journées dans cet arbre, perchée au point le plus haut pour pouvoir profiter comme je le pouvais du soleil qui nous éclairait et nous requinquait. En dehors de cela, j'avais une famille très nombreuse, de qui je profitais chaque jour, chaque semaine, de chaque année. Nous étions unies... un peu comme les feuilles de l'arbre justement. Je les adorais et leur parlais tous les jours d'aventures que je voulais absolument faire quand j'aurais eu enfin l'âge de partir.
Un jour, alors que je me sentais enfin prête à me prendre en main, on m'arracha à ma famille pour m'enfermer dans un grand sac noir, et pour ensuite me traîner sur le dos. Je ne su pas qui m'avait kidnappé et pourquoi il avait fait cela. Après tout, je n'avais jamais rien fait de mal. Aucun membre de ma famille ne pu me défendre, et même s'ils avaient su, ils n'auraient pas été assez forts pour cela. Je ne vis plus ce qui se passait à partir de là. Je ne vis que du noir, ne sentis que des secousses tout au long de mon voyage qui allait me mener je ne sais où. Quand enfin je vis la lumière de jour, je n'étais plus seule. Ils étaient tous d'à peu près mon âge, ma taille, et mon physique en général. Nous étions tous rangés dans la même case. D'autres qui étaient différents physiquement de nous, étaient rangés dans une autre case, et encore une autre catégorie plus loin. Chacun les uns sur les autres comme du vulgaire bétail. Nous étions dans un marché noir, je reconnaissais en regardant aux alentours. L'homme qui nous vendait était un assez vieil homme, la barbe mal rasée et les vêtements négligés. J'avais peur, très peur, et je ne savais quoi faire. Est-ce que je devais m'enfuir ? Me faufiler dans la foule pour ne pas être repérée et vendue en première, afin de gagner du temps ?
Je restai donc bien en place pour ne pas attirer l'attention quand un acheteur, plus jeune que mon tortionnaire, mis la main sur moi. Il m'empoigna et me regarda sous tous les angles pour être sûr de son achat. Malheureusement pour moi, celui-ci étant convaincu, il me sépara une nouvelle fois de ce qui se rapprochait le plus d'une famille : la pauvre foule encore entre les mains du vendeur. Je ne les connaissais pas le moins du monde et n'avais passé que quelques minutes avec eux, mais elles m'auront suffit pour avoir envers eux toute la compassion que je pouvais supporter.
Une nouvelle fois encore, je me retrouvai dans un sac à être trimballée de partout, recevant des dizaines de coups qui me rendaient de plus en plus faible. Arrivés dans son local, il m'enferma tout de suite dans une chambre froide, qui m'opposait totalement à la chaleur que j'avais lorsque j'étais sur l'arbre, ou celle que je ressentais avec ma famille. Il devait faire pas loin de zéro degré, peut-être un peu plus.
Je suis restée plusieurs jours dans cette chambre froide. L'homme l'ouvrait de temps en temps et regardait comment j'allais sans trop se préoccuper de moi. Et je crois qu'au fond, finalement, j'aurai préféré qu'il m'y laisse, et mourir à l'intérieur plutôt que de subir ce qu'il m'a fait. En effet, lorsqu'il ouvrit finalement la porte pour me mener à l'extérieur, je crus bien qu'il en avait terminé avec moi et qu'il voulait me laisser enfin partir pour rejoindre ma famille ou au moins, me laisser la vie sauve. Mais tout ça n'était qu'un rêve par rapport à ce qui m'attendait. L'homme me posa sur une table. J'étais bien trop apeurée et paralysée pour m'enfuir alors une nouvelle fois, je ne fis rien. Il se ramena devant moi muni d'un énorme couteau. On ne pouvait pas faire plus tranchant. Sans aucun scrupule, et comme s'il avait fait cela tous les horribles jours de sa vie, il commença par me couper les cheveux, sans aucun tact. Et puis il en vint à mon corps. Chaque coup de couteau qui tranchait mon corps était plus affreux les uns que les autres. Je pleurais et mes larmes commençaient à tapisser la table. Arrivée la fin je ne sentais plus rien. Mes larmes continuaient à couler d'elles-mêmes,et les morceaux coupés s'entassaient dans un saladier. Il jeta le reste de mon corps dans une simple poubelle à ordure.
Je m'appelais Omena, ça vient du finnois. Ça veut dire pomme. Il faut dire que cela m'allait plutôt bien.
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Hey ! Alors,comment avez-vous trouvé la chute de cette histoire ? Que ceux qui ne mangeront pas de pommes pendant plusieurs jours après ça lèvent la main !
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Par-delà les apparences
NouvellesJe me suis rendue compte que ce que j'écrivais de mieux était ce qui me venait à l'esprit sans même y penser. Et ces pensées sont devenues des petites nouvelles. Alors je vous propose de les découvrir dans ce recueil qui contient toutes sortes de se...