Le vide. Ce n'est pas rien. C'est ce qui rassemble toutes mes émotions à ce moment-même. Un immense trou noir. Le vide n'est pas toujours quelque chose de négatif, il peut être absolument divin de s'amuser à le remplir de toutes sortes de bonnes choses. Mais maintenant, là, aujourd'hui, je ne vois aucune de ces bonnes choses. Je ne vois que ce vide, qui a prit toute la place qu'il me restait à l'intérieur de mon être. Je le sens. Il fait mal. Mais c'est une douleur presque invisible. Comme si, tout compte fait, je ne la ressentais pas. Je ne ressens plus rien. Je ne pense à rien, pire encore, je ne pense plus. Je ne vois rien, je n'entends rien, et je ne sens plus rien. Ni parfum, ni toucher. Je ne m'observe même pas sombrer dans ce vide que j'ai moi-même créé de toutes pièces.
C'est comme si... tout mon monde s'était effondré autour de moi. Il n'en reste plus rien. Je ne fais que savoir sans observer. Savoir que des millions de personnes sont tout autour de moi et savoir que je ne suis plus rattachée à elles. Je ne fais que savoir tout ce qui relève de la théorie. Les mathématiques, la physique... J'ai laissé tomber les pseudo-sciences et je ne connais plus la musique, la peinture, l'art en général, et tout ce qui relève des émotions. Elles sont restées prisonnières de ce vide sans fond. Elle ne peuvent plus en ressortir. Et je n'ai aucune envie de leur tendre une échelle. Je veux les laisser là où elles sont. Parce qu'à ce moment, précisément, je ne les ressens plus. Elles ne me font plus mal, elles ont presque totalement disparu.
Ce vide, je le sens me dévorer et les emporter avec lui. Mais je ne fais rien. Il m'empêche de bouger. Alors je reste là, paralysée, n'ayant plus force de rien faire. Je voudrais qu'il m'emporte avec lui. Je voudrais disparaître avec lui, et laisser mes sentiments se débrouiller sans moi.
Je ne pense à rien. À rien d'autre qu'à elle, inlassablement. Sans cesse. Et plus j'y pense, plus ce vide se creuse au plus profond de moi jusqu'à arracher un bout de mon âme. Il l'atteindra un jour, je le sais. Mais pour le moment il me déguste, petit à petit. Ce vide attend que je sombre totalement, et je me laisserai faire, quoi qu'il en soit.
Je me laisserai envahir par ce trou noir jusqu'à n'être moi-même qu'une tâche noire sur ce grand tableau. Je ne veux plus être de couleurs si elle ne l'est plus non plus. Je ne veux plus rien qui ne vienne pas d'elle. Je ne veux plus rien. Jamais. Je me laisse revenir à l'état de poussière, et peut-être comblerai-je alors le vide d'un lieu qui m'est encore inconnu.
Ce vide, c'est elle qui l'a causé. Je ne sais pas si je dois dire qu'il est là, ou si je dois dire que la partie qui le comblait a disparu. J'imagine qu'il doit être pris comme substance. C'est lui qui me fait mal. C'est lui qui m'écrase le cœur, qui me sers l'estomac, et qui a viré tout autre organe vital pouvant lui prendre de la place. Il m'a arraché cette vie, m'a ôté la flamme qui se terrait dedans jusqu'à présent. Il n'a rien gardé. Ce grand vide. Cet immense trou noir. Il s'est d'abord imposé, puis s'est créé sa place petit à petit, m'enlevant toute émotion, tout sentiment, toute pensée. Tout ce qui pourrait animer une vie. Et cet espace vide est pourtant la seule chose qu'il me reste.
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Par-delà les apparences
Short StoryJe me suis rendue compte que ce que j'écrivais de mieux était ce qui me venait à l'esprit sans même y penser. Et ces pensées sont devenues des petites nouvelles. Alors je vous propose de les découvrir dans ce recueil qui contient toutes sortes de se...