Une larme. C'est tout ce qui lui aura suffit. Une seule goutte de ce sérum naturel pour savoir ce qu'elle ressentait. Un peu de cette eau salée qui est venue se déposer au coin de ses lèvres rosées. Une larme, et elle avait compris qu'elle n'aurait pas pu y résister, quoi qu'elle fasse. Elle avait senti en elle ce sentiment grandir petit à petit, et elle ne s'était pas rappelée avoir vécu pareille sensation une seule fois dans sa vie. C'était la première fois, et elle s'en souviendrait toute sa vie. Son sourire révélait des dents éclatantes de bonheur, et il lui arrivait parfois d'échapper un léger rire. Un rire de soulagement, celui qui nous fait comprendre que tout va bien.
Juste une larme chaude, provenant d'un corps chaud, inondé de sueur. Sa peau collait à sa chemise blanche, et ses cheveux bruns était devenus encore plus foncé, juste devant, au niveau des racines. Elle avait eu chaud, comme un brasier qui l'aurait d'abord consumé pour après sortir petit à petit lentement de son être. Elle avait crié cette douleur. Un cri de rage. Un cri d'épuisement. Un cri d'espoir. Elle n'en savait rien, c'était sorti d'elle, sans qu'elle y réfléchisse à deux fois. Elle n'avait pensé qu'à l'autre, à cet être qui lui faisait vivre tous ces sentiments à la fois. Elle n'avait pensé qu'à son bien-être à lui et à rien d'autre.
Puis, plus rien. Il y eu un vide dans sa tête, comme une délivrance. Son souffle était court et sa respiration saccadée. Son cœur battait tellement vite qu'il aurait pu battre pour deux personnes. Il avait battu pour deux personne, d'ailleurs. Pendant un temps. Mais maintenant qu'elle avait repris entièrement possession de son corps, elle se sentait plus libre. Il lui manquait quelque chose, mais elle était libre. Elle l'avait souhaité en elle comme jamais, et elle avait souhaité qu'il la libère tout autant. Et pourtant, c'était lui qui lui arracha cette larme. Juste une larme, pas plus. Mais c'était elle qui contenait toutes ces choses qui sont les plus importantes. Ces choses qui ne se voient pas à l'œil nu, ces choses que l'on ne peut que ressentir et qu'on ne peut pas expliquer. Ces choses qui s'imprègnent en vous comme un virus prend possession de tout votre système immunitaire. Il était l'origine de son virus, sa petite drogue douce, et elle ne voulait plus le lâcher.
Comme son regard sur lui était à l'origine de sa larme. Il ne pouvait plus le lâcher. Il lui était impossible de ne pas rester accrochée à cette image. Ses yeux brillaient, mais aucune autre larme ne coula. Seule la première, et pas une de plus. Ses pupilles tremblaient d'émotions, tandis que ses iris verts et ses paupières ne bougeaient plus. Elle ne voulait pas en rater une miette. Elle voulait garder en mémoire ce moment unique. Un moment unique durant lequel elle avait versé sa toute première larme de joie. Une larme. Ce n'est rien, une larme. Seulement une goutte, un liquide simple que tout le monde connaît, que tout le monde produit, et que tout le monde sent au moins une fois couler sur sa joue. Mais ce qui les rendent uniques, ce sont les sentiments qu'elles transportent. Ces sentiments qui sont toujours les plus forts. La tristesse, la fureur, le rire... Tous ses sentiments si simplement efficaces pour pleurer. Mais elle, elle n'avait pas pleuré. Elle avait lâché une larme... de joie. C'était sa première fois, et à ce moment précis, elle ne se demandait pas si ce serait la dernière. Elle savait que, du moment qu'il était là, ce ne pouvait pas l'être.
Elle regardait ce corps chaud et ne pouvait s'en détacher. Ce corps aux yeux fermés, qui avait l'air endormi et qui pourtant lui faisait passer par sa simple présence une infinité de sentiments. Elle l'observait, il était là, dans ses bras, ce petit objet qu'elle tenait d'elle, ce petit être qui était une partie d'elle. Il était si petit, si fragile, et pourtant il lui avait donné tant de force qu'elle ne soupçonnait pas. Il ne savait pas ce qu'il faisait là. Pas encore. Mais elle, elle savait ce que ce petit bout d'être allait lui procurer. Elle l'avait vu, elle l'avait ressenti. Elle avait échappé un cri, elle avait échappé un rire. Et surtout, elle avait laissé s'échapper une larme.
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Par-delà les apparences
Short StoryJe me suis rendue compte que ce que j'écrivais de mieux était ce qui me venait à l'esprit sans même y penser. Et ces pensées sont devenues des petites nouvelles. Alors je vous propose de les découvrir dans ce recueil qui contient toutes sortes de se...