16bis.Journal d'une mère qui retient son cœur

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Anne, Claireville, Jeudi 11 août

« Et si on faisait un break pour le 15 août et que nous partions tous les deux rejoindre Marie en Toscane ? »

Voilà ce que j'aurais dû dire à Jean-Pierre.

« Enterrons la hache de guerre. Ton chantier est presque terminé, tu y as travaillé d'arrache pied, tu mérites bien une petite pause. Et Marie te manque, je le vois bien. J'ai eu les Baretti au téléphone. Ils nous invitent à passer quelques jours avec eux. Ils connaissent une charmante auberge tout près de leur villa et se proposent de nous y réserver une chambre. Allez, Jean-Pierre ! Deux jours de route, un arrêt dans un hôtel à mi-chemin, comme deux jeunes amants. On va redevenir heureux, on va se retrouver, s'aimer de nouveau, réapprendre l'intimité. »

Mais je n'ai rien dit, je n'ai pas osé, j'ai eu peur. Peur qu'il refuse ou qu'il accepte ? Car ai-je vraiment envie, au fond de moi, de recommencer sur de nouvelles bases avec lui ? Ai-je le courage de redevenir Anne Delrue, la boulangère, femme fidèle et raisonnable, aimable et fiable, discrète et obéissante ? Non... quelque chose s'est cassé et je ne pense qu'à ce baiser, cette danse sous mon arbre, ce regard brûlant de promesses, cette offre folle de m'enfuir avec lui et de rouler vers l'Italie à la rencontre de ma fille. C'est avec Éric que je veux partir, pas avec Jean-Pierre. Même si je m'en défends, si je lutte corps et âme pour ne pas courir dans les bras d'Éric, je ne pense qu'à lui, je ne veux que lui, je deviens folle.


Vivre ailleurs (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant